Fillon et Hamon éliminés : le bipartisme à la française vole en éclats
L’élimination de François Fillon et de Benoît Hamon au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche, marque un tournant dans la vie politique française. Pour la première fois en 35 ans, ni la droite républicaine ni le PS ne sera à l’Élysée.
Balayés ! En portant Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril, les Français ont infligé une lourde défaite aux deux grands partis traditionnels qui se partagent le pouvoir depuis 35 ans. Ni Les Républicains ni le Parti socialiste n’ont en effet été en mesure de se qualifier : englué dans les affaires, François Fillon a terminé troisième du scrutin avec 19,7 % des voix, tandis que Benoît Hamon a frôlé la correctionnelle avec seulement 6,2 % des suffrages, selon les estimations de notre partenaire Ipsos.
Arrivé en tête du premier tour, Emmanuel Macron, qui est en partie à l’origine de ce chamboule-tout politique avec son « alliance des progressistes » allant du centre-gauche au centre-droit, a affirmé, dimanche, vouloir « rompre » avec « le système incapable de répondre aux problèmes ». « En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française », s’est-il également félicité.
Même son de cloche chez Marine Le Pen. Dans son discours prononcé dimanche soir après les résultats, la candidate du Front national a affirmé que le second tour serait le choix entre « la grande alternance » qu’elle considère incarner et « la dérégulation » que représenterait à ses yeux Emmanuel Macron. « Il est temps de libérer le peuple français d’élites arrogantes qui veulent lui dicter sa conduite », a ajouté la candidate du Front national.
Ces discours ne sont pas une surprise. Les deux finalistes, tout comme Jean-Luc Mélenchon et plusieurs autres candidats, n’ont cessé, tout au long de la campagne, de jouer la carte du renouvellement. Après les défaites de Cécile Duflot à la primaire d’Europe Écologie-Les Verts, de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé à la primaire de la droite, de Manuel Valls à la primaire de la gauche et le renoncement de François Hollande, tous avaient bien mesuré le ras-le-bol des Français vis-à-vis des hommes et des partis politiques traditionnels. Le leader de La France insoumise avait d’ailleurs fait du « dégagisme » et du « coup de balai », selon ses formules, l’un de ses leïtmotiv.
La droite est « en train de vivre son 21-Avril »
Le coup de balai du 23 avril ne sera toutefois pas vécu de façon identique à gauche et à droite. D’abord parce que le PS a déjà connu l’élimination au premier tour, le 21 avril 2002. Mais aussi et surtout parce que la défaite, après un quinquennat Hollande marqué par les divisions socialistes, lui était promise depuis bien longtemps.
La pilule sera plus difficile à avaler chez Les Républicains qui considéraient cette élection comme imperdable. La droite est « en train de vivre son 21-Avril », a déclaré Jean-François Copé dimanche soir. « C’était un combat réputé imperdable pour la droite et qui se termine en fiasco lamentable. La droite a été balayée, comme le parti socialiste, et il va falloir en tirer toutes les leçons », a poursuivi le député-maire LR de Meaux sur France 2.
La député européenne Rachida Dati a, elle, estimé que l’élimination de François Fillon au premier tour était « une défaite morale, historique de la droite ». « C’est une défaite claire pour notre parti, notre famille politique », a-t-elle ajouté sur France 2, mettant clairement en cause le comportement du candidat LR et ses « méthodes pour faire campagne ».
Ces deux partis vont-ils pouvoir se relever ? Le temps presse puisque, déjà, les élections législatives du mois de juin sont dans toutes les têtes. Si le Parti socialiste tentera de sauver les meubles, Les Républicains auront pour objectif de recueillir une majorité afin de contraindre le futur président de la République à une cohabitation. Le deuxième tour de la présidentielle n’a pas encore eu lieu que le troisième est déjà lancé.
France 24
Les commentaires sont fermés.