Perpétuité pour Habré: « Message aux dictateurs et tournant pour l’Afrique »

La condamnation définitive à la perpétuité de l’ex-président tchadien Hissène Habré est « un tournant pour l’Afrique » et « un message fort aux dictateurs », a affirmé l’avocate tchadienne Jacqueline Moudeina, présente depuis près de deux décennies aux côtés des victimes.

M. Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a comparu devant un tribunal spécial africain siégeant à Dakar – créé en vertu d’un accord entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal, qu’il a toujours récusé.

Il a été condamné en première instance, en mai 2016, à la prison à vie pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viol. A l’issue d’un procès en appel, sa condamnation a été confirmée jeudi pour toutes les accusations sauf pour celle de viol, dont il a été acquitté. Ce verdict est définitif.

Q: Quelle est la portée du verdict définitif condamnant M. Habré à perpétuité ?

R: Ce verdict a une grande portée. Vous ne pouvez pas imaginer la joie que ça fait aujourd’hui. Ca fait dix-sept bonnes années que nous sommes en quête de justice. Nous étions dans un tunnel. Aujourd’hui, nous sommes sortis du tunnel, nous sommes au grand jour. C’est une très grande joie.

C’est un message très fort que nous envoyons aux dictateurs, à tous les violateurs des droits de l’homme. Je crois tout le monde fera attention. La lutte contre l’impunité a démarré réellement. C’est un tournant pour l’Afrique. Aujourd’hui, tout Africain peut se permettre d’attaquer les gros poissons en justice.

Q: Le modèle du tribunal spécial ayant jugé Habré peut-il être reproduit ailleurs en Afrique ?

R: Tout à fait. Il suffit que l’Union africaine qui s’est attelée à mettre sur pied cette juridiction le fasse encore pour d’autres cas mais en l’améliorant. C’est une grande première.

Il y a eu, certes, des erreurs au niveau de l’organisation matérielle, mais on va rectifier pour maintenant établir une très bonne juridiction. Par exemple, le transport des témoins et des victimes a été très mal organisé. Le Tchad est loin (du Sénégal) et beaucoup n’ont pas pu venir (aux audiences).

Q: Ce genre de juridiction est-il une alternative à la CPI, la Cour pénale internationale ?

R: Tout à fait. La Cour pénale internationale a un rôle qui complète les juridictions nationales. Si aujourd’hui nous démontrons que l’Afrique est capable de juger les Africains, nous n’aurons plus besoin de faire recours à cette Cour, parce que nous aurons démontré notre capacité de juger les nôtres.

Je ne sais pas si l’Occident s’appelle (Clément) Abeifouta (un Tchadien responsable d’une association de victimes de Habré, NDLR). Je ne sais pas si l’Occident s’appelle Souleymane Guengueng (responsable d’une autre association de victimes, NDLR) mais il s’agit bien des victimes qui ont porté plainte (contre Hissène Habré).

Au départ, elles n’étaient que sept. Aujourd’hui, nous sommes à 4.385 victimes dans notre camp. Deux autres associations ont un peu plus de 3.000 victimes et ce sont ces victimes qui ont fait ce travail. Il ne s’agit pas de l’Occident, elles ne s’appellent pas Occident et ne sont pas supportées (soutenues) par l’Occident.

Slateafrique

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