Entretien avec Thierno Bocoum: « Pourquoi je quitte Idy »

Il vient de mettre un terme à treize années de compagnonnage avec Idrissa Seck et le Rewmi. Thierno Bocoum, puisque c’est de lui qu’il s’agit, veut désormais « prendre ses responsabilités » et se tourner vers l’avenir. Dans cet entretien exclusif avec Seneweb, peu après avoir annoncé la rupture sur sa page Facebook, l’ancien député évoque les raisons de sa démission, ses relations avec Idrissa Seck et ses futurs projets.

Thierno Bocoum pourquoi avez-vous démissionné de Rewmi ?
J’ai décidé de quitter le parti Rewmi par convenance personnelle. J’ai discuté avec le Président Idrissa Seck pour qui j’ai beaucoup de respect et de considération et à qui je renouvelle mes remerciements. Parce qu’il a beaucoup contribué dans ma formation.

Quand je venais à Rewmi on ne m’avait pas accompagné, je suis venu librement. Donc j’en sors librement après, bien entendu, une discussion avec le leader.

L’autre aspect c’est par rapport à notre positionnement. Nous voulons être au service des populations, nous voulons que les choses changent. Nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont le gouvernement gère les préoccupations des populations, de la manière dont le régime de Macky Sall gère les attentes légitimes des populations.

N’était-il pas possible d’être au service des populations, de combattre le régime de Macky Sall au sein de Rewmi ?
Nous considérons qu’au-delà de tout, au-delà des partis politiques, des appartenances idéologiques, il faut une alternance générationnelle. Nous voulons que les choses se fassent autrement. Nous voulons faire des propositions pour permettre aux Sénégalais de jouir pleinement de leurs richesses. Faire en sorte que la justice soit juste, faire en sorte que nos enfants soient éduqués et qu’il y ait la santé pour tous. C’est pourquoi nous travaillons autour d’une plateforme pour mettre en place une dynamique qui permettra d’apporter les vraies ruptures au Sénégal. Et nous avons entamé le travail avec des Sénégalais qui sont au Sénégal et dans la Diaspora.

Quelle a été la réaction d’Idrissa Seck quand vous lui avez annoncé votre départ ? 
Je ne peux pas vous le dire, malheureusement. Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons discuté et au moment où je vous parle, je n’ai aucun problème avec monsieur Idrissa Seck.

« J’exclue de rejoindre le camp présidentiel. Car les convictions et les raisons qui nous ont poussés à dire non au pouvoir, sont toujours là. »

D’aucuns disent que votre non investiture durant les législatives est à l’origine de votre décision de quitter le parti. Est-ce le cas ?
La question des investitures est derrière nous. Il faut comprendre qu’on peut être investi sans, après, être député. Et si on est frustré parce qu’on n’a pas été député, on sort pour aller chercher un autre poste ailleurs. Non ce n’est pas le cas. Au contraire nous continuons notre combat dans un autre cadre.

Ensuite vous avez tous vu que quand il fallait faire campagne nous avons battu campagne. Nous avons été aux cotés de notre coalition que nous avons soutenu et défendu. Donc, ça n’a absolument rien à voir.

Une alliance avec le camp présidentielle est-elle envisageable ?
J’exclue complètement le camp présidentiel. Car les valeurs et les convictions qui nous ont poussés à dire non à ce camp présidentiel, ces valeurs sont toujours là et ces raisons sont toujours là. Donc nous ne pouvons pas, aujourd’hui, sur quelque motif que ce soit, aller nous allier à des personnes dont nous considérons les politiques en déphasage avec les intérêts des populations. Nous sommes du côté des populations. Nous allons travailler et assister les populations. Et nous le ferons avec beaucoup d’engagement et de patriotisme. Au contraire, notre ambition c’est de déboulonner le pouvoir actuel et d’imposer une alternance générationnelle.

La plateforme que vous souhaitez mettre en place prendra-t-elle part à la présidentielle de 2019 ?
Je ne peux pas vous en dire davantage. Ce que je peux vous dire, c’est que, quel que soit le cadre, quels que soient les objectifs, nous allons nous battre pour le Sénégal, pour les intérêts des populations et il n’y aura pas que Thierno Bocoum. Il y aura d’autres qui vont s’allier pour apporter des changements dans ce pays.

« Cela fait treize ans que je chemine avec Idrissa, c’est énorme. Aujourd’hui cette page est derrière nous.  Nous essayons de nous opposer autrement. »

Rewmi a subi une forte saignée ces dernières années. En quittant le parti à votre tour, ne donnez-vous pas raison à Oumar Sarr, Oumar Guèye, Pape Diouf, Awa Guèye Kébé, notamment, qui sont partis avant vous ?
Je ne fais pas de commentaires sur cela. Ce que je peux dire, c’est que moi je ne suis pas allé rejoindre le pouvoir. Et je continue mes combats d’hier. Mes combats d’hier sont mes combats d’aujourd’hui.

Donc la page Rewmi est définitivement tournée…
Cela fait treize ans que je chemine avec Idrissa. Je suis membre fondateur de Rewmi. Mais avant, j’ai soutenu le Président Idrissa Seck dès qu’il a été défenestré de son poste de Premier ministre, quand il a commencé à traverser le désert. Depuis lors j’ai été à ses côtés. Je ne peux pas vous dire que je quitte Rewmi avec plaisir. Mais la vie est ainsi faite. Nous sommes des personnes libres et qui doivent prendre leurs responsabilités. Treize ans, c’est énorme comme durée de compagnonnage. Mais aujourd’hui cette page est derrière nous.  Nous essayons de nous opposer autrement.

 

 

 

Seneweb

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