Macky Sall crache ses vérités au privé national

Face aux attaques du secteur privé national, lors de l’ouverture du Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi), ce lundi, le Président Macky Sall n’a pas battu en retraite ou esquivé. Il s’est montré offensif face aux patrons.

Les patrons sénégalais redoutent l’ouverture de l’espace Cedeao au Maroc. Le chef de l’État leur demande de souffrir cette nouvelle donne et de se préparer à la concurrence. Et pas que des Marocains. Il prévient : « La question du Maroc est une question africaine, une question de la Cedeao. Les leaders africains travaillent pour arriver à une zone de libre échange sur l’ensemble du continent. Donc, bientôt, ce n’est pas que le Maroc que vous aurez face à vous. Vous aurez aussi l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Égypte et tous les pays africains puisque nous travaillons pour que 2018 soit l’année où le marché unique africain sera réalisé. »

Très en verve, Macky Sall ajoute : « Le vrai débat ce n’est pas de savoir si les Marocains seront là ou pas. Le vrai débat, c’est d’être comme les Marocains, d’être aussi compétitifs. De travailler entre gouvernement et secteur privé pour que notre secteur privé national puisse préserver les intérêts nationaux par rapports aux enjeux qui se posent. Nous allons vers la Zlec (Zone de libre-échange continental), cela voudra dire que sur l’ensemble du continent africain il n’y aura plus de droits de douane. Et donc il y aura la liberté de circulation des biens et des personnes. »

L’impact marocain passé à la loupe
Comme pour leur dire « nous ne vous lâcherons pas », le président de la République a informé ses interlocuteurs, que ses pairs ne font pas la sourde oreille face aux craintes liées à l’entrée du Maroc dans l’espace régional.  « La Cedeao a commis une commission d’experts qui s’est rendue au Maroc, contrairement à ce vous pensez. Elle va nous présenter un rapport prochainement au mois de décembre pour montrer les avantages et inconvénients, confie-t-il. Les chefs d’État, il faut quand même les respecter et considérer que ce sont au moins des personnes douées d’intelligence minimale pour pouvoir défendre les intérêts de leurs pays. »

Les patrons sénégalais estiment qu’ils sont écartés des grands projets de l’État. Macky Sall leur répond que la réalité est autre. « Contrairement à ce qui est souvent véhiculé, le secteur privé n’est pas du tout en reste, rectifie le chef de l’État. Du moins, si j’en crois les rapports qui me sont remis par le ministère de l’Économie et des Finances. Parlant du Train express régional (Ter), nous avions exigé, dès le départ, que des entreprises travaillent sur des lots pour lesquels elles devaient absolument co-contracter avec une entreprise sénégalaise. Ce n’est pas un choix d’accompagner l’entreprise nationale, ça ? Les entreprises sénégalaises sont tout à fait impliquées. »

Les limites de la « préférence nationale »
Les patrons sénégalais plaident pour la préférence dans l’octroi des marchés publics. Macky Sall leur répond que c’est impossible. « Il y a un débat qu’il nous faut éviter. Nous sommes dans un monde globalisé, le Sénégal ne peut pas évoluer tout seul dans son coin, prévient le chef de l’État. Nous avons des partenariats, des financements extérieurs. Donc on ne peut pas dire que nous ne faisons que la promotion de l’entreprise nationale. »

Le Président est d’autant moins emballé par le principe de la préférence nationale que dans certains secteurs, l’offre est déficiente. Il prend un exemple : « L’industrie du ciment, contrairement à ce qu’on véhiculait, a même du mal à fournir tous les chantiers, si j’en juge par la réaction des entreprises sur le terrain qui nous disent : ‘on consomme 300 tonnes de ciment par jour, mais on a des difficultés d’approvisionnement’. Le basalte est aujourd’hui en pénurie dans les chantiers, et c’est le ciment. J’étais surpris parce qu’on me dit qu’il y avait surproduction de ciment au Sénégal. Comment se fait-il que vous ayez des difficultés pour approvisionner les chantiers. »

En conclusion, Macky Sall invite le privé national à des échanges « appropriés », « sans fard ». Précisant que sa porte et celle de son gouvernement resteront toujours ouvertes aux patrons sénégalais.

seneweb

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