Refus de paternité à Kolda: 1 021 ENFANTS DANS LE VENT AU FOULADOU

Le mouvement «Touche pas à ma sœur», a rendu public un rapport sur le refus de paternité dans la région de Kolda. Il ressort de cette enquête rondement menée de 2012 à 2017 que 1012 enfants n’ont pas été reconnus par leurs géniteurs. Conséquence, le Fouladou est en passe de devenir la capitale du refus de paternité.

Plus de mille enfants dans le vent. Des mômes nés sans pater. Cela se passe au Fouladou dans la région de Kolda. C’est du moins les chiffres rendus publics par le Mouvement « Touche pas à ma sœur», dédié à la défense de la gent féminine, dans un rapport dont « L’As» détient copie. Cela est d’autant plus alarmant que les victimes inconnues à l’état civil, faute d’extraits de naissance, ne peuvent pas aller à l’école. «Si quelque part, des enfants victimes de refus de paternité béné- ficient d’extraits de naissance dans lesquels ils ont les mêmes noms de famille que leurs mères, d’autres n’en ont pas, par ignorance de la part de leurs génitrices, il n’en demeure pas moins que la majorité des cas résulte d’un refus catégorique de paternité, sans que rien ne soit tenté», s’indigne mouvement «Touche pas à ma sœur». D’après cette structure dirigée par Ismaïla Kamby, « force est de reconnaitre que le Fouladou constitue un bassin de rétention pour ces pauvres enfants, juste après la Casamance». Pire signale-t-il « pas mal d’enfants qui ont suivi le cursus normal n’ont pas pu se présenter à l’examen d’entrée en sixième parce que ne disposant pas d’acte de naissance».

LE CRI DE DETRESSE DES MOMES

Par ailleurs, le président de « Touche pas à sœur », dénonce le fait que des « prédateurs faussaires en quête d’argent, n’hésitent pas à en faire un fonds de commerce tout en délivrant, comme du petit pain à tout va, de faux bulletins et extraits pour des élèves qui se verront plus tard interdit de passer l’examen du baccalauréat par l’Office du bac après vérification sur les registres des extraits de naissance présentés par les candidats». Ces enfants dans le vent payent et en sont ainsi les victimes expiatoires condamnés à raser les murs, mais aussi à errer dans le vent faute d’identité. En attestent les témoignages poignants de certains enfants mentionnés dans le rapport de l’Ong.

F Diawara, 12 ans. Témoigne : « Ma mère se nomme Binetou Diawara. Je suis élève en classe de CM II et je dois être candidat à l’entrée en sixième. Je n’ai pas encore de papier car ma mère dit que mon père refuse de me déclarer. Cela me fait mal, je n’ai jamais redoublé de classe ».

Plus âgée F Diallo déclare : «J’ai un extrait de naissance avec un père inconnu. Je travaille très bien à l’école. Parfois quand mes amies parlent de leurs mamans, je participe à la discussion ; mais s’il s’agit du sujet des papas, je me tais car je n’en ai pas.On m’a parlé d’un test qui existe (test ADN), si toutefois je réussis à l’école, je vais d’abord aider ma mère et les enfants qui n’ont pas de pères, mais surtout payer pour faire ce test».

Pour sa part, ASow, 16 ans, livre un témoignage aussi bouleversant que les autres. « Je ressemble tellement à mon père. Un jour, il est venu dans mon école à l’heure de la récréation, mais lorsque je l’ai aperçu, il a vite fait de disparaître. J’en ai parlé à ma mère qui n’a pas voulu commenter. Si je réussis, je vais soutenir ma mère et mon père, même s’il refuse de me parler ou de me recevoir. C’est lui mon père et tout ce que je lui demande, c’est de me déclarer pour que je puisse avoir mon papier d’état civil». Last but not least, Salimata Diallo, âgée de 21 ans raconte : «Je n’ai pas pu pousser les études loin car, on m’a fait comprendre que j’avais pas d’extrait de naissance. Actuellement, je reste à la maison sans rien faire et j’en veux terriblement à mon père. Ou bien vous croyez que c’est normal ce qu’il m’a fait? Je m’en remets à Dieu, peut être que je suis destinée à autre chose mais j’ai la ferme conviction que je pouvais réussir à l’école. Je ne le lui pardonnerai jamais de la vie», conclut-elle.

L’As

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