SOUPÇONS DE CORRUPTION : Le « Chef » des Présidents africains tombe

C’est un tsunami qui a secoué tous les palais de la Françafrique avec la garde à vue du puissant homme d’affaires Vincent Bolloré qui a été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre ce mardi matin, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour corruption et portant sur les conditions d’acquisition de deux terminaux portuaires en Afrique. Ce mesure qui était attendue depuis des années est tombée au moment où le magnat, fait face à des échecs cuisants au Bénin et un peu partout en Afrique.

Après l’annonce de cette garde à vue, le groupe Bolloré a indiqué qu’il « dément formellement » des irrégularités dans des activités en Afrique. « Le groupe Bolloré dément formellement que sa filiale de l’époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence », a écrit le groupe dans un communiqué.

Mais, d’ores et déjà, ils sont nombreux ces chefs d’Etat africains qui ne dormiront plus du sommeil du juste. Il ressort de la délégation judiciaire qui est à l’origine de la garde à vue de Vincent Bolloré que le Juge Serge Tournaire du Tribunal de Paris vise également X. Malgré les pressions opérées sur le Quai d’Orsay et l’Elysée pour étouffer cette enquête, qui si l’on n’y prend pas garde, éclaboussera beaucoup de hautes personnalités qui depuis des années, ont aidé le puissant homme d’affaires à obtenir des concessions portuaires et certains marchés juteux moyennant un retour d’ascenseur.

L’arrivée au pouvoir de dirigeants africains facilitée ?

Cette enquête judiciaire porte sur les conditions d’obtention en 2010 de deux terminaux à conteneurs par le groupe Bolloré à Lomé (Togo) et à Conakry (Guinée). Le directeur général du groupe, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, le responsable du pôle international de Havas sont également en garde à vue.

Selon Le Monde, les enquêteurs soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir « utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains » via des missions de conseil et de communication « sous-facturées ». En contrepartie, ces dirigeants auraient obtenu les concessions portuaires des terminaux à conteneurs.

 Longtemps considéré comme un faiseur de roi, Vincent Bolloré est l’un de ces Golden’s Boy à qui le continent africain a tout offert. Inconnu dans son propre pays, il a fallu au bonhomme aidé et soutenu par les anciens tenants de la Françafrique, quelques années pour compter parmi les fortunes mondiales. C’est en 1975 que le tout nouveau directeur-adjoint de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild commence sa marche qui le mettra aux contacts des principaux grands d’Afrique. En 1981, avec l’arrivée de François Mitterand à la tête de la France, l’opportuniste homme d’affaires sentira que les tenants du pouvoir seraient intéressés par ses services notamment, ses connaissances en Afrique. Après plusieurs essais familiaux, Vincent Bolloré investit dans la compagnie de transport maritime Delmas Vieljeux, mais cet investissement ne sera pas porteur. Son compagnonnage avec le groupe Bouygues lui procurera une manne de 240 millions d’euros de plus-value à sa sortie.

Obnubilé par le pouvoir, il se lance dans le monde des Médias

En 2000, constatant l’énorme pouvoir de la presse pour changer les cours de l’histoire, l’homme d’affaires misa ses billes dans les médias et dirige pendant un temps à partir de 2001 la banque d’investissement italienne Mediobanca dont il restera actionnaire. Puis, il est présent dans la publicité et la communication avec le groupe français Havas et le britannique Aegis ainsi que la presse gratuite Direct Matin.

Avec un tel pouvoir à sa disposition, Vincent Bolloré pouvait commencer à jouer dans la cour des grands tout en influant à l’aide des groupes de presse qu’il a créé sur la vie politique africaine. D’ailleurs, c’est à cette occasion que le titre « Faiseur de Roi » lui a été collé car, de nombreux chefs d’Etat africains ont été soutenus par ses groupes pour arriver au pouvoir. C’est ainsi que des présidents comme Alpha Condé, Faure Gnassingbé, etc sont cités comme des exemples de la toute-puissance de cet homme d’affaires.

Au Sénégal, son nom continue d’être agité dans le financement de la campagne du président Macky Sall à travers l’un de ces principaux souteneurs, un chanteur homme d’affaires connu pour sa proximité avec Vincent Bolloré.

En trente ans, Vincent Bolloré parvient à faire de l’entreprise Groupe Bolloré un conglomérat international présent dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, du transport, de la logistique, du fret maritime notamment la gestion de nombreux Terminaux maritimes de conteneurs. Ses activités en Afrique représentent 80 % des bénéfices de son groupe.

Soupçons de corruption d’agents publics étrangers

Selon toujours le Monde, qui a révélé l’information, les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains. Ils auraient assuré des missions de conseil et de communication sous-facturées. Leur objectif était apparemment d’obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs.

Une perquisition avait déjà eu lieu en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux (Hauts-de-Seine), siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, en particulier dans les bureaux de Vincent Bolloré, alors PDG du groupe.

Plusieurs autres cadres du groupe en garde à vue 

Plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue ce mardi, d’après Le Monde : le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international  de l’agence de communication Havas.

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