Mort de Fallou Sène : Ces propos qui desservent le Président Macky Sall
Comme c’est de coutume chaque fois que le gouvernement est poussé dans ses derniers retranchements face à une situation donnée, les responsables de l’Alliance pour la République notamment, ceux qui occupent des postes ministériels ou directions générales nationales ne peuvent s’empêcher de communiquer en ignorant que la meilleure communication dans certains cas précis, est le recul pour avoir des éléments d’appréciation. Malgré toute la bonne volonté du Président Macky Sall, ses souteneurs ne lui rendent pas service en voulant tous communiquer à la fois et tirant dans les sens. La mort de l’étudiant Fallou Sène abattu à la suite d’une manifestation à l’université Gaston Berger, a été encore l’occasion de confirmer que l’APR ressemble davantage à une armée mexicaine.
La liste des sorties de certains responsables du parti présidentiel ayant des responsabilités étatiques sur telle ou telle autre situation spontanée ne se compte plus. Les plus en vue sont sans conteste celle du ministre Conseiller, Mor Ngom qui, à l’occasion d’une présentation de condoléances avait prononcé des propos qui continuent encore de faire des effets au niveau de Palais. Mor Ngom, à cette occasion avait dit, en témoignant la reconnaissance du Président de la République vis à vis de l’hôte du jour, « Votre interpellation et celle de votre collaborateur au moment où les gendarmes venaient cueillir Barthélémy Dias n’étaient pas à l’ordre du jour, d’ailleurs, quand le Président l’a su, il a de suite donné des instructions pour qu’on vous relaxe ». Cette déclaration qui est plus qu’un aveu, prouve que ceux qui entourent le Président, devraient au préalable, obtenir l’autorisation de ce dernier avant de dire de telles inepties.
Ces derniers jours, la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène au niveau de l’université Gaston Berger à la suite d’une opération de maintien de l’ordre de la gendarmerie, a été encore l’occasion pour certains ministres de s’illustrer dans le mauvais sens. Les différentes sorties de ces ministres dans la situation d’hier, n’est pas du genre à rassurer les sénégalais quant à l’estime que ces « responsables », ont en eux. Et ces récurrentes sorties desservent le Président et son pouvoir qui pourraient facilement être considérés ne mettant pas la vie des sénégalais dans leurs priorités.
Ces discours qui dérangent et qui desservent
Alors que les étudiants pleuraient leur mort et leurs blessés, c’est le ministre des Forces Armées alors qu’aucune enquête sérieuse n’avait pu établir les responsabilités, qui allume la première mèche en déclarant, « Le commandant des opérations, étant encerclé, a senti que ses hommes étaient en danger et il y a eu une réaction qui a causé la mort de l’étudiant Fallou Sène », et de se rattraper en précisant, « Naturellement le recteur, en responsable, a demandé à signer une réquisition pour la gendarmerie pour qu’elle vienne assurer la sécurité au niveau des restaurants ». Résultats des courses, le ministre conclura en ces termes « Malheureusement, les étudiants ont campé sur leurs positions et décidé de s’attaquer aux forces de l’ordre.»
Cette sortie du Ministre des Forces Armées, dans une cacophonie pareille n’est pas la bienvenue surtout qu’il est loisible à tout un chacun de lire entre les lignes et de comprendre que le ou les coupables sont déjà connus.
Sur la même longueur d’onde, c’est l’autre ministre en charge de la sécurité intérieure qui pour justifier la violence de la répression au niveau de l’université de Saint Louis à l’annonce du décès de Fallou Sène, précisait que les forces de l’ordre comptaient plus de blessés dans leur camp que les étudiants. Selon lui, «Plusieurs blessés se comptent dans les rangs des forces de l’ordre et de rassurer qu’une enquête sera ouverte pour déterminer les auteurs de cet acte.»
En prononçant de pareils mots, Aly Ngouille Ndiaye complique la tache des policiers car il justifie cette violence inouïe qui s’est abattue sur les étudiants du faits de personnes dépositaires de l’autorité publique donc, de la violence légitime. Dans tout autre pays, de telles justifications auraient été sanctionnées par une démission pure et simple quand on sait que la mission des forces de l’ordre, est au delà de protéger le terrain mais, de tout faire pour éviter des sinistres comme ce fut le cas à St Louis avec la mort de Fallou et tant d’autres cas qui illustrent les sauvages répressions policières en cours dans ce pays.
Et pour boucler la boucle de ces «Va-t’en guerre» aux discours dérangeants, le Ministre Mor Ngom sort du lot cette fois-ci en reconnaissant qu’il existe des fautes. Revenant sur les incidents de Saint-Louis, il dira, « Il y a des fautes. Le chef de l’Etat, Macky Sall, devra prendre ses responsabilités du pouvoir. Cela veut dire que c’est avec beaucoup d’humilité que nous devons avancer dans nos décisions. Mais je suis sûr et certain, connaissant le président de la République, que des mesures seront prises ».
Avant de marteler très amer face à ce qui passe dans l’espace universitaire, « Ce n’est pas simplement qu’on doit attendre qu’il y ait mouvement, qu’il y ait mort d’homme, pour régler le problème des étudiants. Gouverner, c’est prévoir. Le problème qui s’est posé, je ne peux pas peut-être aller dans les détails parce que je ne suis ni le ministre des Finances ni le ministre de l’Enseignement supérieur, mais c’est la raison pour laquelle une enquête sera ouverte pour situer toutes les responsabilités, où qu’elles soient ».
Maîtrise de leur mission ou surenchère politique?
Cette surenchère médiatique de certains « Hommes d’Etat » comme pour se donner bonne conscience tout en montrant au Président de la République, leur fidélité de toujours, n’est pas gage d’une bonne santé démocratique. Il existe assez de spécialistes au sein des forces de défense et de sécurité qui pourraient tenir une communication à hauteur d’homme tout en assumant leurs propres responsabilités dans les dérives constatées de jour en jour.
Il ne s’agit de faire plaisir au Président Macky Sall mais, de sanctionner les auteurs de tels faits qui à force de se produire, mettront bientôt le Sénégal sur la même ligne que des pays où tuer est légitimé pour les policiers et gendarmes.
afriquemidi
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