Franc-maçonnerie: Guerre de succession, les Frères de lumière font la résistance !
Instrument privilégié de cooptation des élites par les pouvoirs en place, la franc-maçonnerie est traversée dans toute l’Afrique de l’Ouest et centrale, par une véritable défiance envers le politique.
Enquête au cœur des loges à la recherche de leur indépendance.
Emprise présidentielle. Dès juin, la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), apparentée au Grand Orient de France et à la Grande Loge de France, désignera son nouveau Grand Maître. Une élection sous tension pour cette obédience, la plus ancienne du Gabon. Grand Maître depuis 2004, Jean-Baptiste Bika- lou, influent patron de la société Petro Gabon, est accusé depuis plusieurs années d’avoir placé la GLSG sous la coupe directe d’Ali Bongo. Ce dernier préside pourtant la Grande Loge du Gabon (GLG) rivale.
N’étant plus autorisé à briguer un troisième mandat, Bikalou entend, selon nos sources imposer l’homme d’affaires Patrick Balou Loembé, proche du Palais du bord de mer. Un choix contesté par les hauts dignitaires de la GLSG dont Brice Ponga, cadre à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Ce dernier, soutenu par plusieurs anciens Grands Maîtres (Brice Adandé, Claude Ayo-Iguendha…), appuie François Ndong Obiang, ancien secrétaire général de la Banque gabonaise de développement (BGD) alors dirigée par Christian Bongo, demi-frère du président gabonais.
Guerres de succession.
Si Denis Sassou Nguesso contrôle toujours toutes les obédiences de son pays à la tête de la Grande Loge du Congo-B (GLC), la Grande Loge nationale togolaise (GLNT), l’une des plus anciennes obédiences d’Afrique fran- cophone, ne parvient toujours pas à se doter d’un « Grand Maître définitif « . La guerre opposant le Grand Maître Kossi Kpelly Hukporti à son prédécesseur Roggy Kossi Paass, qui conteste son évincement en 2016, est toujours palpable. Kossi Kpelly Hukporti est cependant fer- mement soutenu par le « Souverain grand comité », le Parlement de la GLNT.
Pour sa part, la Grande Loge du Bénin (GLB) a installé son nouveau Grand Maître Benoît Kouassi, le 19 mai. Non sans difficulté. Cet homme d’affaires proche de l’opposant Sébastien Ajavon a dû batailler durant des mois pour s’imposer face à d’autres membres visant cette même fonc- tion. Celui qui a fait fortune dans l’import-
export a été installé par Jean-Pierre Servel, Grand Maître de la Grande Loge de France (GLDF), mais sans la présence de chefs d’Etat soucieux de ne pas froisser le président Patrice Talon.
Contestations. A Abidjan, Hamed Bakayoko tente par tous les moyens de ramener le calme à la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI) qu’il dirige depuis 2016 ( LC n°776). Plusieurs frères de lumière contestent les promotions que l’actuel ministre de la défense a accordées ces deux dernières années. En mars, l’homme d’affaires Charbel Sabbague a été relevé de ses fonctions de Grand Maître des francs-maçons de marque, un poste prestigieux au sein de la GLCI, pour être remplacé par Alain-Richard Donwahi. Cet ancien ministre de la défense et col- lègue d’Hamed Bakayoko au gouverne- ment de Côte d’Ivoire cumule cette fonction avec celle de Grand Maître provincial du centre. Pour calmer Charbel Sabbague, Hamed Bakayoko a nommé fin avril Bruno Sabbague, son fils, comme premier sur- veillant national.
Afin d’éviter une nouvelle hémorragie de la GLCI au profit de loges concurrentes (Prince Hall de Louis Metan, Grand Orient…) face à la gouvernance très personnelle de « Hamback », l’ex-Grand Maître d’Abidjan Honoré Djadja a par ailleurs été nommé médiateur de la GLCI. Il est notamment chargé de calmer les hauts dignitaires attendant d’être promus, à l’instar du pharmacien Albert Pittey.
afriquemidi (Lu dans La Lettre du Continent numéro 777)
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