Youssou Ndour: « Il n’y a pas de vainqueur ni de vaincu entre la RTS et le GFM »
Le président Directeur général du groupe Futurs Médias, Youssou Ndour, a accordé un entretien exclusif accordé au journal sportif du Groupe Futurs Médias «Record». Il est revenu sur les droits de retransmission du Mondial 2018 acquis par son groupe de presse et évoque d’autres question. Entretien !
Youssou Ndour, vous avez souvent accompagné l’équipe nationale de football par des tubes à succès. Qu’est-ce que vous leur réservez sur la route de la Russie ?
Il faut dire que le chanteur français d’origine guinéenne, Black M, m’a offert l’occasion de participer à sa chanson afin d’accompagner notre équipe nationale. C’est sa chanson. Il a eu l’idée et j’en suis fier. Ça montre une solidarité de l’Afrique autour de l’équipe nationale du Sénégal. Vous vous souvenez qu’après la qualification au mondial 2018, le président de la République avait publiquement demandé que je fasse une chanson dédiée aux Lions. Cette chanson est prête (…). Elle s’appelle Rajax Rajax. Elle (…) donnera du piment au niveau local parce que l’autre chanson que nous avions faite avec Black M est internationale. Nous sommes en train de réaliser le clip qui sortira également le vendredi. J’adore le football, j’adore mon pays et je suis fier de leur participation.
En 1998, vous avez réalisé l’hymne du Mondial avec l’artiste belge Axel Red. Vous avez une relation personnelle avec le Mondial du football. A quand remonte cette relation ?
J’ai toujours aimé le football, depuis très jeune. J’ai toujours suivi le football à la télévision. Avant même que nous n’ayons un poste de téléviseur chez nous, j’allais souvent regarder des matches de football. Au vrai sens du terme, c’est en 1978 que j’ai commencé à suivre la Coupe du monde organisée en Argentine. Depuis lors, les Coupes du monde sont des moments de bonheur pour moi, mais aussi de partage. À la veille de chaque Coupe du monde, je reste attentif. J’avais fait une chanson en 1998. Michel Platini m’a personnellement demandé que je fasse la mélodie et j’ai choisi Axel Red.
Nous avons chanté ensemble. À ce moment, je pensais beaucoup au Sénégal qui n’était pas encore allé à la Coupe du monde. Si vous regardez bien le micro, j’y avais mis le drapeau du Sénégal. Je ne savais pas que la Coupe du monde qui allait suivre, le Sénégal allait y participer. Il faut rêver et nos rêves sont devenus réalités.
Vous avez récemment reçu l’ancien international français, Eric Cantona. On vous sait aussi ami de plusieurs célébrités du football dont l’Allemand Klinsmann (Jürgen : Ndlr) et Gianni Infantino, président de la FIFA. D’où viennent ces relations avec les grandes stars ?
Entre le monde de l’art et celui du football, il n’y a qu’un pas. Les sportifs adorent la musique, les artistes adorent le sport. Chacun dans son domaine complète l’autre parce que quand on est sur la scène, l’artiste qui est en forme fait pratiquement du sport. Dans le football, quand les gens marquent des buts ils célèbrent par la danse. Maintenant, c’est vrai que je suis connu un peu partout grâce à la musique.
Avec les gens, on se rencontre dans les manifestations et on tisse des relations. On se parle, on se connaît. Ils savent que les relations que j’ai avec le monde du sport sont sincères et vice-versa. Depuis longtemps, on parcourt le monde et on connaît le réseau qu’on peut toujours utiliser pour présenter notre pays au plan international. Avoir une télévision étrangère comme Canal+ ou Cnn ou être à la une d’un journal n’est pas donné à tout le monde. Quand on l’a, on expose son pays, on parle et on invite les gens pour qu’ils se déplacent jusque chez nous pour visiter. Je rends grâce à Dieu parce que ce sont des relations, des amitiés qui sont liées un tout petit peu à l’art.
Dans un précédent entretien, alors même que le Sénégal n’avait que 3 points dans son groupe de qualification pour le Mondial 2018, vous étiez optimiste pour la qualification des Lions. Sur quoi reposait cette confiance ?
D’abord moi j’aime bien les chiffres pairs. Comme ça, je me suis dit que 2018 est un chiffre pair et peut nous propulser. C’était le cas en 2002. Et les grands événements au Sénégal tournent autour de ces années paires, 2000, 2012… J’ai juste eu le pressentiment et je l’ai même dit au Président Macky Sall. J’ai aussi jeté un coup d’œil sur le potentiel de l’équipe du Sénégal. Je ne suis pas resté sur le virtuel. Il y a l’engagement de l’entraîneur, les moyens mobilisés par l’Etat et j’ai suivi toutes ces préparations. Je ne suis pas surpris et je pense que nous méritons largement cette qualification. Nous avons une bonne équipe avec un entraîneur engagé.
Le Sénégal a atteint les quarts de finale en 2002, espérez-vous voir les Lions répéter une telle performance en Russie ?
Je pense qu’il faut regarder nos matches de préparation. Nous avons comme premier adversaire la Pologne. Et je me dis que le match Croatie-Sénégal ne doit pas être loin de celui que nous devons jouer contre la Pologne. J’ai suivi cette rencontre et je me dis que sur cette rencontre-là, il nous a manqué de la chance. On a aussi joué et gagné face à la Corée du Sud et c’est un bon signe pour le match contre le Japon. On n’a malheureusement pas joué d’équipe d’Amérique du sud pour préparer la Colombie. Je ne peux pas me faire une opinion. Nous sommes arrivés au bon moment en Russie et nous avons nos chances même si les équipes se valent. Attendons de voir aussi le premier match et je sais qu’il ne sera pas loin de celui que nous avons livré contre la Croatie.
Le Mondial 2018 coïncide avec l’élargissement du Groupe Futurs Médias avec la naissance de deux nouveaux produits notamment L’Obs TV et le quotidien Record qui sont tous dédiés au sport. Pourquoi avez-vous cette foi au sport ?
La maison a d’abord été une maison de sport. Notre premier produit s’appelait Sport Fm avant l’arrivée de Rfm. L’option number one c’est que nous sommes généralistes, mais nous devons nous intéresser à tous les secteurs qui rythment le quotidien des sénégalais. Après, on a inversé les tendances. On a constaté que le sport est une réalité économique. Nous sommes une société privée et dans le domaine du sport, il y a des choses à valoriser. À partir de là, on s’est dit autant faire ce qui marche d’où la naissance de L’Obs Tv par rapport aux accords que nous avons et Record parce qu’il y a beaucoup d’actualités sportives. Les gens doivent continuer à lire et avoir des références.
J’en profite d’ailleurs pour encourager Record parce que vous venez d’arriver et je crois que vous êtes sur la bonne voie.
Pour la première fois, une chaine privée, L’Obs TV et par extension le Groupe Futurs médias, va retransmettre en direct une compétition internationale de football, en l’occurrence le Mondial. Pourquoi cette nouvelle offre aux téléspectateurs et aux lecteurs ?
Je dois avant même de répondre à votre question, remercier monsieur le Premier ministre ainsi que le ministre de la Communication et le président de la Cnra, la direction de la Rts et celle de Gfm et toutes les personnes présentes à la rencontre avec monsieur le Premier ministre. Je salue vraiment toute l’attention que le gouvernement porte à l’union sacrée autour de l’équipe nationale. Pour cela, des décisions ont été prises.
Il y a eu un problème d’interprétation des droits parce que le monde du sport a beaucoup évolué. Il y a eu beaucoup de choses qui ont changé. Mais bon, tout est bien qui finit bien. Sauf que dans ce cadre-là nous déplorons certaines choses parce qu’il y a eu beaucoup de désinformation qui nous a porté préjudice au niveau commercial.
C’est un investissement énorme. Et, à partir d’aujourd’hui, nous estimons que nos annonceurs et toutes les personnes qui étaient en contact avec nous vont prendre contact avec le service commercial pour nous permettre de couvrir nos engagements. Nous avons neuf envoyés spéciaux en Russie et nous avons dépensé des centaines de millions francs Cfa et nous avons jusqu’hier (mercredi 13 juin, Ndlr) eu une sorte de sabotage dans nos relations avec nos clients et autres annonceurs. Cela nous qui a porté préjudice. Mais, tout compte fait, nous remercions Dieu.
Pour ce qui concerne la Rts, en commençant par son directeur général, Racine Talla qui est un frère, parce que tous les deux nous sommes collaborateurs du président de la République, nous avons la même vision ainsi que tout le personnel de la Rts. Je n’ai aucun problème avec qui que ce soit. Ce sont des professionnels. On parle du système, mais il n’y a rien de personnel. Au contraire. Nous respectons leur professionnalisme. Nous n’avons aucun commentaire négatif à faire.
Notre groupe va diffuser la Coupe du monde. Ce qui est une très bonne chose parce que les choses ont changé. Nous allons mutualiser nos forces pour donner le maximum pour nos partenaires mais aussi nos lecteurs, nos téléspectateurs et nos auditeurs. Je suis convaincu que le directeur commercial peut vous en parler beaucoup plus.
Les directeurs des programmes de nos différents supports en coordination avec leurs éléments vont monter crescendo afin que tout se passe bien dans nos différents supports. Nous avons tout prévu malgré toutes les difficultés que nous avons connues dernièrement. Nous allons aussi prendre des mesures pour mieux sécuriser nos lieux de diffusion. En tout cas, il n’y a pas de vainqueur ni de vaincu entre la RTS et le groupe Futurs médias. C’est le Sénégal qui gagne.
Hubert Mbengue et Sadibou Cissé (Record)
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