Réunion à Halifax: Plaidoyer pour un rôle accru des organisations de professionnels de la pêche artisanale
Ce 20 septembre a eu lieu à Halifax une réunion des ministres du G7 responsables des océans afin de discuter de la mise en œuvre du Plan d’action de Charlevoix sur la santé des océans ainsi que de la Charte sur les plastiques.
Il faut espérer que les décideurs du G7 voient les organisations regroupant les pêcheurs artisans et les femmes distributrices et transformatrices des produits de la pêche comme des organisations qui sont en première ligne des changements qu’impose une gestion durable des déchets marins de plastique.
Rappelons qu’à la veille de cette réunion du G7 sur la santé des océans Gaoussou Gueye, président, Confédération Africaine des Organisations de Pêche Artisanale (CAOPA) et ,Marc Millette, secrétaire général, Regroupement des Écoles de Pêche Francophones (REPF) ont fait un Plaidoyer pour un rôle accru des organisations de professionnels de la pêche artisanale. Ils rappellent:
Le 9 juin 2018, le G7 réservait une séance de travail de son Sommet à la santé des océans. À cette réunion participaient les membres du G7, mais aussi les représentants de pays invités comme le Vietnam et la Norvège, le Sénégal et le Rwanda (qui préside cette année l’Union Africaine).
Le Plan d’action de Charlevoix pour la santé des océans, des mers et des communautés côtières résilientes a été adopté à cette occasion de même qu’une Charte sur les plastiques dans les océans, Charte que les États-Unis et le Japon n’ont cependant pas officiellement endossée.
Le Plan d’action de Charlevoix évoque avec force l’interdépendance qui existe entre la santé des océans et le bien-être des communautés côtières, incluant les pêcheurs artisans et les aquaculteurs ainsi que les femmes distributrices et transformatrices des produits de la pêche. Loin de s’atténuer, cette interdépendance s’est renforcée au cours des dernières décennies sous l’effet de la dégradation des écosystèmes aquatiques (marins et d’eau douce) et de la pollution marine, qui comprend les déchets marins et le plastique perdu dans le flux des déchets.
Pour le cas du plastique
Ils soulignent: « Les déchets de plastique dans les océans ont revêtu avec raison une importance particulière lors des discussions de Charlevoix parce qu’ils constituent une menace pour les écosystèmes marins et la santé humaine, tout en constituant une perte importante de valeur sur le plan économique, de ressources et d’énergie.
Faut-il rappeler que près de 13 millions de tonnes de plastique aboutissent chaque année dans nos océans et qu’on estime que plus de 150 millions de tonnes y sont déjà présentes ? Faut-il aussi mentionner que, année après année, des dizaines de milliers de mammifères marins et de tortues par exemple meurent du fait que leur système digestif est progressivement étranglé par du plastique?
Objets flottants ou microparticules immergées, ces déchets de plastique sont dispersés dans les eaux; ils sont présents sur les fonds marins; ils souillent des plages autrefois considérées par plusieurs comme paradisiaques. L’omniprésence des matières plastiques dans les océans et dans nos mers est telle que plusieurs parlent maintenant de l’apparition de nouveaux « continents » de plastique.
Ici comme ailleurs, les solutions à la présence des déchets de plastique dans les océans sont cependant bien connues : elles se trouvent dans la mer et sur la terre, dans l’action individuelle et collective des 7,5 milliards d’individus qui peuplent la terre. Elles interpellent chacun d’entre nous afin qu’il applique des mesures efficaces, durables et pourquoi pas novatrices ».
Pour un rôle accru des organisations de pêcheurs artisans
Dans ce contexte soulignent-ils, « les organisations qui regroupent les pêcheurs artisans ainsi que les femmes distributrices et transformatrices des produits de la pêche peuvent jouer un rôle important, car les communautés côtières sont les premières victimes des déchets plastiques rejetés dans les océans. En effet, le plastique dans les océans est un enjeu social et économique qui menace la sécurité alimentaire et leur gagne-pain, un enjeu dont l’opportunité et surtout l’urgence d’agir ne font pas de doute et sur lequel il est possible d’exercer une influence concrète et réelle avec des effets immédiats comme à long terme. Cependant, il ne faut pas sous-estimer la difficulté pour ces organisations d’agir, vu leur morcellement et leur difficulté de faire front commun, vu aussi la faiblesse de leur capacité d’intervention et leurs moyens limités d’action comparativement aux grandes associations et aux grands lobbys industriels.
Le plastique dans les océans constitue aussi un enjeu politique pour les organisations de pêcheurs artisans, car il fait appel à leur mobilisation pour contribuer à l’enlèvement des déchets plastiques produits par la population dans les zones côtières, notamment dans les villes, et à leur leadership dans la promotion de pratiques exemplaires de production et la diffusion de procédés de transformation plus durables dans le secteur de la pêche. D’où la nécessité d’éduquer tant les citoyens que les organisations de pêche artisanale, leurs dirigeants et leurs membres à la prévention et à la réduction de la production de déchets plastiques, à la pollution par les plastiques et à l’élimination des déchets marins : dans le cas des professionnels de la pêche, ce sont ces trois compétences que les écoles de pêches devraient s’efforcer d’enseigner et d’inscrire ces compétences dans leur programme de formation.
Les gouvernements devraient également reconnaître le rôle des communautés de pêche pour récupérer les déchets plastiques en mer et au niveau des plages et soutenir de façon appropriée les efforts des communautés en la matière ».
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