PROFESSION ENSEIGNANTE: RADIOSCOPIE ET PANACEE D’UN METIER EN PERTE DE VITESSE

«Le droit à l’éducation, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié » : tel a été le panel organisé, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’enseignant -chaque 05 octobre- par l’Union syndicale pour une Education de qualité composée du Saes, le Sneel/Cnts, le Sudes, le Sypros et l’Uden. L’enseignant, acteur incontournable pour une éducation de qualité, a été au centre des interventions, en rapport avec un métier en perte de vitesse. Sud quotidien revient sur les débats de haute facture au cours de ce panel où les acteurs ont invité l’Etat à résorber le déficit structurel d’enseignants, avant de prôner une formation continue de qualité des enseignants, condition sine qua non pour une éducation de qualité. Morceaux choisis.
MAMADOU NDOYE, ANCIEN MINISTRE DE L’ALPHABETISATION : «La formation continue est capitale pour la compétence des enseignants»

La dévalorisation de la fonction enseignante repose sur la dévalorisation du professionnalisme. C’est un des problèmes sur lequel les syndicats doivent réfléchir et commencer à se battre. C’est pourquoi, je parlerai plus à l’occasion de cette journée, d’enseignants compétents et engagés que d’enseignants qualifiés. Pour une raison très simple, c’est que la qualification est une certification formelle, mais c’est la compétence qui montre la performance. Ce n’est pas la qualification. Il faut se battre pour rendre les enseignants plus compétents. Or, on sait que ce qui rend les enseignants plus compétents, c’est la formation continue. Ce n’est pas la formation initiale. C’est la formation continue qui rend les enseignants plus compétents. Ce sont les pratiques réflexives propres des enseignants qu’ils ont acquises au cours de la formation qui leur permettent d’être compétents ; c’est-à-dire, l’habitude d’apprendre de leur propre pratique de tous les jours, d’apprendre avec les pairs, d’apprendre avec le matériel qui existe. Ce qui permet à l’enseignant de se perfectionner au quotidien et de devenir compétent. Les syndicats d’enseignants se battent rarement sur la question de la formation continue. Or, la formation continue est capitale pour la compétence des enseignants. La deuxième chose importante, c’est l’engagement des enseignants. Si les enseignants sont compétents et engagés pour montrer qu’ils sont les plus grands serviteurs du développement et de l’épanouissement de l’être humain, la considération envers les enseignants peut revenir. La considération passée était basée sur une élite. Il y avait une élite que la société considérait comme extrêmement importante. La profession s’est maintenant massifiée.

Aujourd’hui, le professionnalisme et l’engagement constituent des facteurs importants. Les syndicats doivent veiller sur la déontologie professionnelle. C’est une question récurrente. Il n’y a pas d’image positive au niveau de la population sans cette déontologie professionnelle. Le temps d’enseignement est lié à la qualité. Un exemple : quand on est arrivé dans une école, 70% des enseignants n’étaient pas là à l’heure. Les 30% présents qui étaient là, n’avaient pas commencé. Si évidemment cette image est donnée à la société, il est clair qu’il est difficile de valoriser la profession.

MARIEME SAKHO DANSOKHO, SG SYPROS : «On opte malheureusement pour l’enseignement par défaut»

«Si nous revalorisons la fonction enseignante, nous aurons des enseignants avec une vocation certaine. On opte malheureusement pour l’enseignement par défaut. C’est vrai que l’absentéisme décrié des enseignants est une préoccupation. Je considère que l’Etat doit prendre ses dispositions pour permettre aux enseignants de recevoir leur argent dans leurs localités respectives. Ce qui permettra d’éviter le déplacement des enseignants et rayer les absences. Sur la démocratisation de l’éducation, nos gouvernants n’ont pas cherché la solution facile parce que contraints par les institutions financières. Le résultat recherché est la qualité des produits qui vont sortir de l’école. Est ce qu’on va faire une éducation pour tous mais que les écoles et les universités soient des garderies et que les produits qui en sortent ne soient pas utilisables et ne servent pas au développement ? C’est une discussion.

CHEIKH MBOW, COORDINATEUR COSYDEP : «Nous devons travailler à résorber le déficit en enseignants»

«Nous sommes une organisation de la société civile préoccupée de la problématique liée au droit à l’éducation pour tous. Sans exception. Comment faire pour que nous, en tant qu’enseignants, acteurs, puissions veiller à ce que tous les Sénégalais puissent jouir du droit à l’éducation. Il faudrait que la réussite pour tous soit aussi une préoccupation. On ne doit plus être dans des dispositions de constater cette inefficacité du système éducatif.

Si nous voulons faire évidemment de la qualité, il faut aller mettre à profit trois aspects : l’éducation considérée comme un droit, la taille de la classe aux normes et standards, aller dans le sens de supprimer les classes spéciales qui reviennent en force dans le système éducatif. La question du déficit en personnel enseignant doit être réglée. Nous devons travailler à résorber le déficit en enseignants. Le ministère de l’Education l’évalue à 16000 voire 17000 en terme de déficit. Nous, nous parlons d’un déficit de 45 000 enseignants pour résorber ce gap, selon la dernière étude que nous avons menée.

MAMADOU DIOUF, ANCIEN SG CSA : «Je milite pour les canaux traditionnels de formation»

La question de l’emploi et la situation du personnel font qu’aujourd’hui que les gens viennent à l’enseignement parce qu’ils n’ont pas le choix. Toujours est-il que nous continuons de trouver des gens qui croient au métier. Il est important qu’on communique davantage sur la réalité que nous vivons et qui est souvent mal perçue. Des enseignants croient à leur vocation.  Si on doit révéler en termes de formation et de mécanisme de recrutement, il va de soi que la situation des enseignants a connu quand même des sorts différents. On est passé à des époques où les enseignants étaient recrutés, balancés dans des classes sans formation pour des raisons beaucoup plus politiciennes que techniques. Le résultat : les enseignants n’avaient pas beaucoup de respect pour l’autorité pédagogique qui n’était pas responsable de leur arrivée. On a eu également le recrutement à la pelle d’enseignants formés au rabais ; même si beaucoup d’entre eux ont trouvé goût au métier, se sont formés et ont eu des promotions. Je milite pour les canaux traditionnels qui étaient les écoles régionales de formation où véritablement pendant quatre ans, on formate l’individu et on crée une vocation. C’est ce qui manque aujourd’hui dans le système éducatif.

sudonline

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