Tension préélectorale : La société civile alerte

« La société civile sénégalaise, dans sa majorité, s’est réunie relativement à la situation électorale empreinte de tension qui prévaut actuellement au Sénégal et qui l’interpelle tenant compte de ses missions de veille, d’alerte, mais aussi du rôle qui a toujours été le sien dans la mise en œuvre des processus politiques et électoraux au Sénégal.

« La démocratie sénégalaise est confrontée à énormément d’écueils du fait d’un jeu des acteurs très controversé. Depuis l’amorce du projet démocratique, des avancées majeures ont été notées et ont permis de réaliser des sauts qualitatifs du point de vue de l’approfondissement de la démocratie. Ceci a fini de convaincre certains observateurs, de la vitrine que constituait le système politique sénégalais, dans un contexte africain caractérisé par les difficultés dans la réalisation du projet démocratique, des crises post électorales durables et des instabilités structurelles. Il convient toutefois de reconnaitre que le capital politique, acquis grâce à certains sursauts et luttes démocratiques, ne cesse de s’effriter du fait d’un mauvais jeu des acteurs et de manifestations flagrantes d’une gestion des affaires publiques jurant d’avec certains principes de gouvernance démocratique, gages de stabilité et de cohésion sociale.

« Le constat fait actuellement par la plupart des acteurs, notamment de la société civile, permet d’affirmer que tous les germes d’une crise pré-électorale et postélectorale ont fini de se mettre en place.  En effet, une revue de l’arsenal juridico institutionnel récent, relatif au processus électoral permet de constater sans ambages l’absence de consensus sur la plupart des dispositions dont la finalité est en principe la réalisation d’un processus électoral apaisé et crédible. Il a été relevé plusieurs faits qui constituent des causes potentielles d’une instabilité durable au Sénégal :

·         La loi sur le parrainage, votée dans un contexte de tension, et qui ne fut point le fruit d’un consensus a montré dans la mise en œuvre toutes ses difficultés d’application et de vérification qui ont entrainé l’exclusion dans des conditions opaques de plusieurs candidats à la candidature à l’élection présidentielle

·         Le fichier électoral, qui est un bien public et doit être en principe à la disposition de toutes les parties prenantes, est resté inaccessible, malgré les demandes répétées de certaines des parties prenantes. Il en est de même de la carte électorale modifiée sans concertation avec les acteurs et qui va entrainer la réédition d’un nombre important de cartes d’électeurs et peut-être l’impossibilité de voter pour beaucoup de citoyens.

·         Les limites flagrantes observées dans la loi sur le parrainage, ses incohérences et les conséquences désastreuses de son application

·         Le Ministre en charge des Elections qui a affiché de manière ostentatoire son affiliation à un parti politique au mépris de tous les principes de la gestion d’un processus électoral selon les normes et standards internationaux

·         L’élimination, par le Conseil Constitutionnel des candidatures de Khalifa Sall, de Karim Wade et de El hadj Malick Gakou dans des conditions pour le moins très contestables.

« La charge de l’action publique et ses conséquences incombant aux tenants du pouvoir, la société civile interpelle fortement l’État afin qu’il mette en œuvre toutes les actions permettant d’apaiser le contexte pré-électoral actuel ceci dans le but de réunir les conditions d’une élection présidentielle transparente. La société civile attend également de l’État qu’il donne tous les gages nécessaires permettant de rassurer les acteurs impliqués dans la compétition politique.

« Face à tous ces défis, la société civile interpelle fermement tous les acteurs qu’elle met face à leurs responsabilités. Ayant été toujours disponible tout au long du processus afin que les droits de tous les acteurs soient sauvegardés et pour la réalisation d’un processus électoral apaisé elle exprime de nouveau sa disponibilité à accompagner le processus et à ne ménager aucun effort pour contribuer à la préservation de la paix et de la stabilité au Sénégal. Nous ne cesserons jamais d’inviter les acteurs à se respecter pour créer les conditions d’un dialogue mais nous dénoncerons clairement les atteintes à la morale et à l’éthique citoyenne. »

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