ME WADE ET MACKY SALL «PECHENT»
Si l’idée du couplage des locales avec les législatives venait à prospérer, le président Macky Sall serait le champion en matière de perturbation du calendrier républicain.
De l’indépendance à nos jours, au total 11 élections présidentielles et 11 législatives ont été organisées à intervalles régulières, dans le pays. Toutefois, il faut noter qu’après la première alternance de 2000, il y eu des élections qui ne se sont pas tenues à terme constitutionnel échu, notamment les législatives de 2001 et de 2007, ou encore celles de 2017 et les locales de 2019. Si l’idée du couplage des locales avec les législatives venait à prospérer, le président Macky Sall serait le champion en matière de perturbation du calendrier républicain.
L ’idée d’un couplage des élections locales de décembre prochain avec les législatives semble faire son petit bonhomme de chemin, depuis la sortie du député maire de Podor, Aïssata Tall Sall. L’argument avancé par la nouvelle alliée du président Macky Sall serait d’ajuster le calendrier électoral sénégalais car ayant constaté un rythme infernal d’élection au Sénégal. Une idée que ne partagent pas ses ex-camarades du Parti socialiste (Ps) qui trouvent que «c’est prématuré d’enclencher ce débat inutile et inopportun, car nous sortons de la Présidentielle et le chef de l’État n’a même pas encore prêté serment». Si toutefois cette option du maire de Podor enchante le président de la République au point de procéder au couplage des élections, Macky Sall serait le champion en matière de perturbation du calendrier républicain.
En effet, initialement prévues pour le 2 juillet 2017, le président Macky Sall avait décidé de reporter les élections législatives jusqu’au 30 juillet. La raison avancée était pour éviter une coïncidence entre la campagne électorale et la période de ramadan. Il en est de même pour les élections locales de 2019, qui devaient normalement se tenir le 23 juin 2019. Elles ont été repoussées au 1er décembre de la même année, soit un report de six mois. Les causes avancées pour ce report sont notamment la coïncidence entre les investitures pour les locales avec la campagne électorale de la présidentielle 2019, et celle du dépôt des listes, fixé au 2 avril 2019, avec la prestation de serment du futur Président élu. Il y a aussi les raisons liées à l’hivernage et les cérémonies religieuses. Des raisons battues en brèche par certains observateurs qui estiment que le président voulait éviter une bataille de positionnement de ses poulains, avant l’heure au point d’entacher sa réélection. En tout état de cause, le nombre de perturbations du calendrier républicain par l’actuel président passera à 3 fois, si toutefois Macky Sall décide d’organiser les élections législatives initialement prévues en juin 2022, dès 2019.
LE PAPE DU SOPI, EN PREMIERE LIGNE
Cependant, force est de constater que le président Macky Sall n’est pas le seul à apporter quelques retouches au calendrier républicain sénégalais. Son prédécesseur, Me Wade a fait recours, à deux reprises, à ses prérogatives pour perturber ledit calendrier. Pour rappel, élu président en 2000, première alternance du pays, Me Wade avait organisé les élections législatives le 29 avril 2001, faisaient suite à la dissolution anticipée, le 15 février 2001, de l’Assemblée nationale élue en 1998 et dominée par le Parti socialiste (Ps) de l’ex-Président Abdou Diouf. Récidivant, Me Wade repoussera les élections législatives de 2006, jusqu’en 2007. Il avait pris comme prétexte les inondations de 2005, pour proroger le mandat des députés jusqu’en 2007 et organiser les législatives à cette période. En réalité, l’argument des inondations n’était qu’un subterfuge, selon certains observateurs. Pour eux, c’était parce que l’opposition de l’époque, regroupée dans la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) était extrêmement forte et puissante que le président Abdoulaye Wade et son régime étaient conscients du fait que si les législatives étaient organisées en 2006, avant la présidentielle du 25 février 2007, celle-ci serait majoritaire à l’Assemblée. S’en suivirent alors des rebondissements interminables, avec des couplages, découplages qui ont émaillé et rythmé la marche du processus électoral pendant plus d’un an à tel point qu’aucun acteur du jeu électoral n’était à mesure de dire, avec exactitude, à quelle date les élections devaient se tenir. Ce n’est que le 3 juin 2007, que se sont tenues lesdites élections, boycottées par l’une opposition dite significative menée par l’Alliance des forces de progrès (Afp), le Parti socialiste (Ps), Rewmi, la Ligue démocratique (Ld), le Parti de l’indépendance et du travail (Pit), etc. Tout compte fait, la nécessité de stabiliser à jamais le calendrier républicain semble de plus en plus nécessaire. Un axe qui peut, bien évidemment, faire partie du dialogue prôné par le chef de l’Etat, dès sa prestation de serment, le 2 avril prochain.
seneplus
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