TRISTE SORT DES FEMMES VICTIMES DE MINES EN CASAMANCE

L es mines ont fait basculer leur vie. Il s’agit des femmes victimes de mines en Casamance et qui vivent les avatars de la vie. Partagées entre le manque d’assistance, de soutien et l’oubli, elles essaient d’attirer l’attention sur leur condition de vie

L es mines ont fait basculer leur vie. Il s’agit des femmes victimes de mines en Casamance et qui vivent les avatars de la vie. Partagées entre le manque d’assistance, de soutien et l’oubli, elles essaient d’attirer l’attention sur leur difficile condition de vie. Mutilées ou abandonnées pour la plupart, ces «survivantes» ont du mal à tourner les tristes pages qui ont émaillé leur vie. Elles sont aujourd’hui plus de 94 femmes victimes de mines recensées dans la région de Ziguinchor par l’Association sénégalaise de victimes de mines (ASVM). Et lorsqu’elles se confient, c’est pour non seulement pour évoquer le triste sort mais aussi attirer l’attention sur leurs conditions difficiles qui frisent l’indigence.

 «JE VIS UN CAUCHEMAR»

Martine Niafouna qui a perdu ses jambes retrace, les larmes aux yeux, cette journée du 9 juin 2009 lorsqu’elle a marché sur une mine à Kouregue, un village non loin de Kaguitte dans l’arrondissement de Niassya. «Ce jour là, j’étais partie avec ma grand-mère chercher du bois pour la toiture de notre nouvelle maison construite afin qu’on puisse retourner au village. Et c’est avant même d’arriver sur les lieux où ma grand-mère avait rassemblé le bois que j’ai marché sur une mine qui a emporté ma jambe droite. Et depuis ce jour, ma vie a changé, car après mon hospitalisation à Ziguinchor je ne pouvais plus repartir au village. Toutes mes activités ont été réduites à zéro. Et depuis ce jour-là je vis un cauchemar», a confié Martine Niafouna.

«LE JOUR OU J’AI CROISE CET ENGIN DE LA MORT»

Son triste destin rejoint celui d’une autre dame trouvée dans sa maison au quartier Kandialang à Ziguinchor qui, préférant garder l’anonymat explique également comment elle est plongée dans l’indigence. «J’allais au champ dans le village de Boffa et j’ai croisée cet engin de la mort qui m’a fait perdre mes deux jambes. C’était un mois de mai 2002», rappelle-t-on. Touchées dans leur chair et leur mental, ces femmes attendent toujours cette assistance sous forme d’aide qui leur fuit depuis maintenant plusieurs années. Dépourvues de tout moyen, leur mobilité complètement réduite, ces femmes victimes de mines réclament plus d’assistance et de soutien pour améliorer leurs difficiles conditions de vie. A la fois mère de famille, père de famille, elles se débattent difficilement pour ne pas tomber dans l’oubli. Et c’est dans ce contexte de journée internationale de la femme que ces femmes victimes de mine qui veulent lever toutes formes de stigmatisation et de marginalisation ont décidé de marquer cette date sur fond de plaidoyer et d’alerte sur leur triste sort dans une région où le conflit a trainé pendant plus de trente-six ans son lot de frayeurs et de désolation. Reste à savoir si le cri de cœur de ces femmes complétement plongées dans le désarroi, sera entendu en ce 8 mars commémorant le long combat des femmes ?

SENEPLUS

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