LE FESTIN DES CHAROGNARDS

Radios, journaux et autres réseaux sociaux bruissent des gargouillis des ventres affamés qui piaffent d’impatience – Ils veulent équilibrer leurs comptes bancaires saignés par une orgie distributive pour acheter des votes

 

Après la rapine électorale, c’est l’heure du festin autour de la « dépouille-Sénégal ». C’est le propre des brigands après leur forfait : le partage du butin. Et en règle générale, ça dégénère à coups de chevrotines. Sous le regard du « chef brigand ». Qui, après un regard satisfait sur les blessés et les morts, procède au partage inégal du butin. C’est le sens du lourd silence que fait peser sur son armée mexicaine, le « vainqueur au premier tour », avec un deuxième mandat qui s’annonce encombrant.

Radios, journaux et autres réseaux sociaux bruissent des gargouillis des ventres affamés qui piaffent d’impatience. Ils envoient au front leurs « armées-militants-marrons du feu » pour faire pression et peur au chef : « renvoie l’ascenseur ou on va déballer ». Le plus misérable dans cette ronde macabre des rapaces, c’est qu’en ces heures fratricides, les particularismes électoraux qu’on dénonce sont utilisés outrancièrement : « ma » commune, « mon » département, « ma » région, ont fait les meilleurs scores, alors nous attendons une grande récompense…

À l’activisme-chantage des « vainqueurs » de leurs communes, départements, régions, s’oppose le silence meurtri des battus territoriaux et autres transhumants « fétus de paille » : ils ont vendu leur âme avec un chèque en bois. Parce que voyez-vous, leur bétail électoral n’est finalement pas si bête que ça ; il peut avoir sa dignité, son orgueil ou, tout simplement le sens des affaires en préférant l’original à la copie. Pourquoi diantre ne pas tout simplement aller négocier directement ma potence, avec le chef au lieu de servir de serpillère à un leader défroqué ?

Mais comme l’activisme et le chantage peuvent ne pas suffire pour faire partie de l’armée des carnivores de la « dépouille-Sénégal » pendant les cinq prochaines années, alors on usera et abusera aussi et surtout du mystique : c’est la traite des vrais et faux marabouts, et autres charlatans. Nos armées de « régulateurs sociaux » (ces héros religieux, grands dignitaires, les « civilistes sociétaux » autoproclamés, tout ce beau monde se met en mode « attente-part du gâteau »). Tout s’achète, et surtout en démocratie. C’est l’ADN du libéralisme politique : la marchandisation des valeurs…

Mais on le sait, le « chef-distributeur » est un malin. Sinon, il ne serait pas le chef. Il se mure dans un silence bruissant de mille futurs laissés en rade de sa table festive. Il entre « en résidence » comme les écrivains en « résidence-retraite d’écriture ». Seulement lui, il a la plume meurtrière pour les rêves et les espoirs des ministrables et autres DG d’Agences et directeurs de Sociétés nationales. D’un trait de plume, d’une rature dans son brouillon, d’une ponctuation mal placée, c’est le deuil assuré dans les communes, départements, régions et autres confréries !

C’est l’heure où le chef navigue entre générosité et justice, entre combinaisons politiques et équilibrismes sociétaux. Pendant la campagne, on se bombait le torse en se vantant d’avoir la « plus grosse coalition » du Sénégal et même d’Afrique. Maintenant, on a la plus grande m… pour distribuer les strapontins, satisfaire et/ou mécontenter alliés et autres souteneurs. Quand on vous disait que tout s’achète et se paie…cash en démocratie. Ils font la queue à la « caisse-distribution » de sucettes ; ils réclament leur éco, ils veulent équilibrer leurs comptes bancaires saignés par une orgie distributive pour acheter des votes. Maintenant, ils réclament au bénéficiaire de leurs largesses intéressées, de garnir leurs comptes bancaires pour les cinq prochaines années…

C’est ce qui très vulgairement, s’appelle le renvoi d’ascenseur…Mais pour cela, il faudra s’armer de patience, parce que le rusé chef, sait qu’il ne faut pas mécontenter les troupes à la veille d’une campagne. Sinon c’est la désertion, la démobilisation. Rien ne se passera (en toute logique militaire) avant la prestation de serment et le cérémonial du 4 Avril. Faire durer la douleur, le calvaire, pour mieux tenir en mains les hordes d’affamés, fait partie de l’art et de la science de la guerre…politique.

Ps: Détestent-ils donc tant le chef, qu’a peine élu, ils lui demandent de casser sa principale béquille pour traverser un quinquennat semé d’embûches. Dissoudre l’Assemblée ? Des élections anticipées ? Allons donc ! Le chef, n’est pas chef pour rien : c’est  parce qu’il est le plus malin en calcul mental, en calculs tout court : on ne va pas en guerre en ordre dispersé. Surtout s’il s’agit d’une armée de légionnaires sans éthique. Sous contrat et payés après les campagnes pour lesquelles ils ont été embauchés, engagés. Et dont la devise est : survivre. Allez, laissez le lion aller dormir du sommeil du juste, après une si épuisante campagne. Ça peut être long, épuisant et usant un quinquennat…

seneplus

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