MACKY, EN CROISADE CONTRE LE CUMUL !
Fin de cumul de mandats ! C’est le nouveau chantier auquel le président de la République, Macky Sall, devrait s’attaquer.
Députés, ministres, directeurs généraux, présidents de conseils départementaux…
Selon des sources dignes de foi, le Chef de l’Etat qui cherche à «caser» une clientèle politique de plus en plus grandissante avec le passage de la coalition Benno Bokk Yaakaar en une sorte de grande Majorité Présidentielle n’a autre solution que d’user de ce…stratagème.
Faites vos choix ! Voulez vous être député, ministre, maire, président de Conseil départemental, directeur général ou PCA ? Les responsables politiques de la majorité présidentielle devraient être appelés prochainement à y répondre. Ou du moins, si le Président de la République venait à concrétiser cette idée consistant à mettre un terme définitivement au cumul des mandats ou/et postes. Selon des sources dignes de foi et généralement bien informées, contactées par Sud Quotidien, Macky Sall qui entend marquer son quinquennat tout en conservant sa coalition devenue Majorité présidentielle, se pencherait sur un postulat : «un responsable, un poste» pour pouvoir servir tout son monde. «Les gens font preuve de gourmandise. Mais en un certain moment donné, il faut faire un choix. Soit, on est ministre ou maire. Mais occuper les deux postes alors que d’autres responsables frappent à la porte, ce ne fait qu’amplifier les frustrations», confie notre source.
UN MOYEN DE FREINER LES APPETITS SUR DAKAR
Le président de la République ne cacherait pas son souhait de faire basculer la capitale sénégalaise dans l’escarcelle de l’APR. Après les défaites de 2014 et 2017, il voudrait prendre sa revanche, parce que Macky Sall est le seul président de la République dont un membre de son parti n’a pas encore eu la chance de siéger à l’hôtel de ville de Dakar. Pour y arriver, ce ne sont pas des candidats qui lui manquent. Certains ont déjà déclaré leur amour à la capitale. C’est le cas du bouillant et imprévisible, Moustapha Cissé Lô, qui a déjà signifié d’ailleurs, qu’avec ou sans l’APR, il sera candidat pour la mairie. Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et maire de Yoff, qui est le seul à avoir tenu tête à l’ouragan Taxawu Ndakaru, sous l’impulsion de Khalifa Ababacar Sall, ne cracherait pas non plus sur cette mairie au budget alléchant. Mais aussi et surtout qui est vue comme un tremplin pour la future bataille de la succession de Macky Sall en 2024. Quid d’Amadou Bâ ? L’argentier de l’Etat ne fait aucune déclaration, mais, il lui est attribué toutes sortes d’ambitions, les unes plus loufoques que les autres. Mais, sa conquête des Parcelles Assainies, son rôle dans la «remontada» pour la reprise de Dakar, lors des Législatives où il a été désigné tête de liste, feraient de lui, un candidat sérieux pour devenir le premier maire APR de Dakar. Toutefois, de ses ambitions occultes ou manifestement déclarées, il faudra choisir entre un juteux et prestigieux poste de ministre et un fauteuil de l’exécutif local. Fût-il celui de Dakar?
EXEMPLE DE LA FRANCE
En France, l’actuel Premier ministre, Edouard Philippe qui était maire de Havre (Seine-Maritime) et Président de la communauté d’agglomération du Havre a été appelé à démissionner. François Bayrou, alors ministre de la Justice, avait fait de même avec la mairie de Pau. Le dernier exemple en date et le plus retentissant a été la démission de Gérard Collomb du département ministériel de l’Intérieur pour se mettre au service de la ville de Lyon. Avec cette volonté supposée ou réelle du président de la République, Macky Sall, on verra ce qu’il adviendra de tous les cumuls.
Enfin, des élus qui vont s’occuper des populations
Alors qu’une telle décision n’est pas encore rendue officielle, certains responsables s’extasient déjà. «Vivement que le président le fasse. Franchement, il est en train de montrer qu’il compte inscrire son quinquennat dans une gouvernance sobre et vertueuse», s’exclame un membre du Secrétariat exécutif de l’APR qui a préféré garder l’anonymat. La fin du cumul des mandats aurait d’ailleurs l’heur de booster la gestion de proximité des collectivités locales. Rappelons que des membres du M23 avaient posé le débat sur la disponibilité des élus. Alla Dieng, par exemple avait soutenu que l’Acte III de la Décentralisation, tel qu’il est articulé, nécessitait que les collectivités locales soient dirigées par des élus qui sont «disponibles». Mieux, certains avaient même relevé une incohérence car, soutenaient ils, «dans une localité, le préfet a plus de pouvoir que le maire, alors que le ministre coiffe le préfet du point de vue de la hiérarchie». Malheureusement, ce vœu plus que consolidant pour le parachèvement de la décentralisation entreprise depuis les années 70, n’a pas été réglé par cette loi. «Les ministres et les députés peuvent être maires, mais les directeurs généraux de sociétés publiques ne peuvent pas l’être», avait répondu Ismaïla Madior Fall alors ministre-conseiller juridique du Chef de l’Etat, lors d’une conférence sur l’Acte 3. A la question suivante : le ministre-maire enlève-t-il sa casquette de ministre une fois dans sa municipalité ? Ismaïla Madior Fall répondait ceci : «Les points de vue sont différents, voire divergents, sur cette question qui est éminemment complexe parce qu’il s’agit de voir quelles sont les fonctions qui sont incompatibles avec la fonction de maire ou de président de Conseil départemental. Elle n’est pas définitivement tranchée. La question n’est pas réglée par le Code général des collectivités locales, mais par une loi organique qui n’est pas encore adoptée». Et d’ajouter : «Les discussions sont encore ouvertes mais pour l’instant, ce qui était retenu, c’est que les ministres peuvent encore continuer à être des maires, pas à être des présidents de Conseil départemental». Le Président de la République, Macky Sall va-t-il y mettre un terme ? Affaire à suivre…
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