Bénin: Cotonou renoue avec le calme après les violences

Après deux jours de violences post-électorales, le calme est revenu au à Cotonou, plus précisément dans le quartier de Cadjéhoun où se situe la résidence de l’ancien président Boni Yayi. Mais militaires et policiers sont toujours déployés aux carrefours stratégiques. Il n’y a pour le moment pas de bilan officiel suite à ces incidents mais l’opposition, elle, dénombre sept morts. Les appels au calme et au dialogue se multiplient.

Le carrefour Bon-Pasteur et la mosquée de Cadjéhoun sont bloqués par des véhicules militaires. Il s’agit de l’avenue perpendiculaire à la résidence de Boni Yayi, totalement déserte. Seuls les riverains peuvent passer, à pied uniquement. Le calme est impressionnnant, a constaté RFI.

Des traces de pneus brûlés, des débris de vitrine traînent encore sur la chaussée. Il y a une petite barrière en bois à l’entrée de la rue qui mène chez l’ancien président. Quelques jeunes sont là et interdisent les photos. Boni Yayi est chez lui, et ne serait pas sorti depuis mercredi.

Rares sont les magasins et les bureaux qui ont été ouverts ce vendredi. On a vu une dame faire demi-tour avec son ordonnance. Elle a trouvé les portes de la pharmacie closes. Les gens sont très réservés quand il s’agit de témoigner.

Quant au bilan, il n’y a pas encore de chiffre officiel. Mais l’opposition estime qu’il s’élève à 7 morts. Ce vendredi, la justice a placé une trentaine de présumés meneurs en détention provisoire. Ils seront jugés le 28 mai, pour attroupement non armé.

Dans ce contexte, les appels au calme se multiplient, à commencer par celui de l’Eglise catholique. La conférence des évêques du Bénin condamne les violences, déplore les victimes et propose sa médiation. Les diplomaties française et européenne invitent les acteurs politiques béninois à la retenue et leur demande la mise en œuvre d’un dialogue apaisée.

Classe politique divisée

L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou a écrit pour sa part « notre pays peut et doit retrouver son génie de paix et du droit ». L’opposition, elle aussi, s’est exprimée et dénonce un durcissement du pouvoir. Le député sortant de l’opposition Nouréni Atchadé, porte-parole des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti de Thomas Boni Yayiappelle le président Talon à ouvrir le dialogue avec l’ensemble de la classe politique.

« Nous sommes en train de quitter la démocratie et nous sommes entrés de plain-pied dans un État de dictature, estime-t-il.Le pouvoir a tiré à balles réelles. Nous demandons que la lumière soit faite sur ces assassinats. Le président Patrice Talon, au lieu de faire la fuite en avant, devrait comprendre et saisir le message populaire, faire annuler le scrutin et discuter avec la classe politique pour trouver les voies et les moyens de sortir de cette crise qui n’honore pas notre pays. »

Si l’on déplore aussi ces morts côté majorité présidentielle, le discours est plus tempéré. Pour le député sortant Orden Alladatin, membre de l’Union progressiste, il faut laisser aux enquêteurs le temps de faire leur travail. Et surtout, explique le parlementaire, s’intéresser de plus près au profil des manifestants.

« C’est des bandes qui ont été recrutées. C’est du vandalisme. Ils étaient déjà à 300 mètres de la présidence de la République donc l’accent sur les morts n’est pas la bonne référence. C’est le vandalisme qui s’est fait : pillage des biens privés et la direction de la présidence de la République ».

Une version mise à mal par cet habitant de Cotonou, Salifou Ikililou. Il se trouvait à proximité de la résidence de Boni Yayi jeudi lorsque son ami Mama Assoumanou a été tué, victime d’une balle perdue. « On était de l’autre côté pour traverser la rue ensuite les militaires ont commencé à tirer et il a reçu une balle perdue. Il n’y a plus de démocratie au Bénin ». Salifou Ikililou assure que ni lui ni son ami ne sont des vandales ou des partisans de l’opposition. « Nous avons voté Patrice Talon en 2016 », conclut-il, amer.

Les résultats annoncés

Tard dans la soirée hier, la Cour constitutionnelle a annoncé les résultats. Le taux de participation est très faible : 27,1% selon Joseph Djogbenou, l’un des hommes forts de la présidence de Patrice Talon, contre 23% annoncés mercredi par la Commission électorale dans ses résultats préliminaires. Même revu à la hausse, c’est le chiffre le plus bas de l’histoire de ce pays d’Afrique de l’ouest, souvent présenté comme un modèle de démocratie. À titre de comparaison en 2015, le scrutin législatif avait mobilisé 66% des électeurs.

45% des députés ont été réélus. L’Union progressiste récolte 47 sièges au Parlement, 36 pour le Bloc républicain, six ministres de l’actuel gouvernement sont parvenus à se faire élire. Des recours peuvent être formulés au cours de ces dix prochains jours.

RFI

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