DANS L’UNIVERS TUMULTUEUX DE LA POLYGAMIE

Après « La persévérante » et « Florilège de souvenir », l’écrivain et avocat de profession, Me Serigne Amadou Mbengue, revient avec « La rivale »

Venant de paraître aux Editions L’Harmattan Sénégal, ce roman offre un voyage mouvementé fait de surprises et de cabrioles dans l’univers tumultueux de la polygamie

Dans une société où tradition, religion et modernité se télescopent, le choix peut paraître souvent tel un dilemme cornélien. Mais, dans la vie, l’on finit toujours par choisir du moment où, comme le soulignait le philosophe français Jean-Paul Sartre, « ne pas choisir, c’est encore choisir ». Si le mauvais choix, c’est plutôt l’absence de choix, Modou Mbaye, l’un des personnages clés du roman « La rivale » de Me Serigne Amadou Mbengue, n’a certainement pas tort d’avoir choisi d’être polygame et sa seconde épouse, Mamy Diop, de convoler avec un homme déjà marié. Dans ce roman qui vient de paraître aux Editions L’Harmattan Sénégal, tout est une question de choix. Fanta, la première épouse, n’a-t-elle pas accepté la polygamie ? Mamy, en décidant de dire oui à Modou, n’avait-elle pas choisi de plonger dans les eaux tumultueuses de la polygamie ?

Enfin, en décidant d’épouser la talentueuse journaliste Mamy Diop, le mari de Fanta n’a-t-il pas choisi de violer la promesse faite à sa femme de ne jamais lui trouver une rivale ? Avec « La rivale », Me Serigne Amadou Mbengue explore un sujet qui a toujours secoué les couples aussi homogènes qu’ils soient. L’auteur plonge ses lecteurs dans le quotidien d’un ménage polygame où jalousie, disputes, menaces ont fini de piéger l’amour et de faire sauter la sérénité. Fanta, la première épouse de Modou, livre une guerre sans merci à Mamy en lui menant la vie dure. Si elle a changé l’option qu’elle avait prise au début en proférant de sulfureuses menaces de quitter le domicile conjugal pour retourner chez ses parents, Fanta va revenir sur sa décision à la suite d’incessantes médiations. En restant, elle est déterminée, avec l’aide de ses enfants, à rendre l’atmosphère familiale invivable « au point de faire regretter à Modou » d’avoir épousé Mamy. Un objectif qu’elle finira par atteindre sans beaucoup de peine. Ses plans vont fonctionner et sa rivale finira par quitter le toit familial devant l’impossibilité de chaque protagoniste d’arriver à faire des efforts de dépassement. L’impossible harmonie de ce ménage est due en grande partie à l’incapacité du mari à assurer l’équilibre entre ses deux femmes. Modou « avait une frousse irraisonnée de sa femme » à l’autel de son autorité de père de famille.

Dose de fiction et réalité

« La rivale » est, certes, un roman de fiction, mais dans lequel l’on retrouve une partie de la réalité sociale. Dans certains passages, l’auteur évoque des villes et des histoires réelles. Il y a une omniprésence de l’histoire dans l’œuvre de Me Serigne Amadou Mbengue. Celle-ci parle également de sujets pressants et qui suscitent parfois la controverse dans une société qui a du mal à se départir de la tradition. L’auteur aide à décrypter le regard que cette même société, par l’entremise des hommes, pose sur les femmes intellectuelles combinant vies professionnelle et ménagère. Cela, dans un contexte où nombreux sont ceux qui veulent enfermer la femme dans « un éternel féminin ». Me Serigne Amadou Mbengue montre aussi à quel point les valeurs sociales peuvent toujours constituer une fulgurance quand tout s’obscurcit. « La rivale », c’est aussi le portait d’une femme vaillante (Mamy Diop) qui a bien réussi sa vie professionnelle. Entre ténacité et opiniâtreté, elle est parfois intransigeante quand il s’agit de vouloir réaliser ses projets et ses rêves. Né à Dakar, Me Serigne Amadou Mbengue est un avocat inscrit au bureau de Dakar depuis 1992. Il est aussi un ancien membre du Conseil de l’ordre des avocats du Sénégal.

Soleil

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