SONKO RATTRAPÉ PAR LA RÉALITÉ POLITIQUE

En rencontrant le “Pape du Sopi“, considéré par d’aucuns comme une «bête politique», deux fois en quelques mois, le «technocrate» «antisystème» semble avoir revu à la baisse ses principes de départ. La réalité politique semble lui avoir tordu la main

En quelques mois, le leader du parti Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, et l’ancien président Me Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), se sont entrevus à deux reprises. En rencontrant le “Pape du Sopi“, considéré par d’aucuns comme une «bête politique», les 9 février et 28 juillet dernier, le «technocrate» «antisystème» semble avoir revu à la baisse ses principes politiques de départ. La réalité politique semble lui avoir tordu la main.

“Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas : le hasard peut provoquer des rencontres inattendues“, dixit un proverbe. Peut-on assimiler ce proverbe aux différentes rencontres inédites entre acteurs politiques aux aspirations et ambitions vraisemblablement divergentes?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les rencontres entre le “Pape du Sopi“ et le leader de Pastef/Les patriotes semblent coller avec cette vérité, sauf que pour ce cas de figure, le hasard n’a pas de place. En effet, en se rencontrant deux fois de suite dans la même année, à savoir en pleine campagne présidentielle, le 9 février dernier, puis celle récente du 28 juillet, l’ancien président Abdoulaye Wade et le député Ousmane Sonko sont dans des calculs politiques.

D’ailleurs, au sortir de leur dernière entrevue, qui a duré 3 tours d’horloge, le leader de Pastef a fait savoir, dans un communiqué rendu public, que leur dialogue avait été orienté entre autres vers des perspectives politiques. Qu’est ce qui peut bien expliquer ce «revirement» dans la démarche politique de celui qui a été catalogué comme un «antisystème Jeune et charismatique, l’opposant a l’habitude des phrases chocs contre une classe politique qu’il juge «corrompue» et «vendue aux intérêts étrangers». Il avait même poussé son indignation à l’extrême contre les anciens dirigeants du pays au point de lâcher une phrase qui a fait le tour du monde, à savoir que «ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis le début mériteraient d’être fusillés». Estimant que le landerneau politique avait besoin d’une alternative générationnelle, pour avoir constaté que ce sont les mêmes qui étaient aux commandes depuis les indépendances, il se positionnera comme un résistant au système.

C’est avec cette étiquette que Ousmane Sonko ira aux législatives de 2017, sous la bannière de la coalition “Ndawi askan wi“, avec comme seul parti politique allié d’envergure relative, le Rassemblement national démocratique (Rnd).

Refusant ainsi de s’allier avec certains acteurs longtemps présents sur la scène politique, il ne récoltera que 33.000 voix, un chiffre suffisant cependant pour être député. Gonflé à bloc par un régime qui ne cessait de multiplier les maladresses à son encontre, ou encore revigoré par le score obtenu lors des législatives devant des ténors comme Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada entre autres, l’ancien Inspecteur des Impôts et domaines visera la magistrature suprême.

Très vite, il comprendra qu’un seul parti politique ne peut remporter la présidentielle au Sénégal. Alors commence la «mue politique» du «technocrate», édictée très certainement par la dure réalité politique. C’est ce qui expliquerait sa collaboration, lors de la présidentielle de 2019, avec l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, qui a roulé sa bosse avec beaucoup de classes dirigeantes africaines.

Mieux, le 9 février dernier, il va interrompre son programme de campagne pour accueillir d’urgence à Dakar l’ancien président Abdoulaye Wade, figure de proue de l’opposition des régimes de Senghor et de Diouf. Celui-là même qu’il avait taxé naguère «de piètre homme d’Etat». Cela, même si au final, l’objectif visé, notamment d’obtenir le soutien de Wade à la présidentielle, ne sera pas atteint. Pour ainsi dire, le leader antisystème se mélange dorénavant avec des gens de pouvoir. Pour quel moment, aucune alliance politique officielle entre les deux n’est établie.

SENEPLUS

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