E-Commerce : Descentes aux enfers de Qnet pour une affaire d’escroquerie pyramidale dont on l’accuse
La société Qnet continue sa descente vers l’abime. Sa crédibilité est en train d’être piétinée en Afrique à cause de quelques faits déplorables que des gens lui reprochent. Après avoir connu des déboires dans certains pays comme la Guinée et le Sénégal, c’est au tour du Tchad de se braquer contre ladite société. Les autorités Tchadiennes, en charge de la surveillance des finances, ont fini de lancer une alerte sur ‘’une vaste escroquerie pyramidale’’ dont serait coupable la société Qnet. Ce, pour avoir ‘’découvert un réseau d’arnaque actif depuis quatre ans dans leur pays après plusieurs années d’enquête menée par l’Agence nationale des investigations financières (Anif) assistée du procureur de la République’’. Découverte qui a poussé lesdites autorités à décider ‘’d’attirer l’attention de la population sur les pratiques de cette société de vente en ligne malaisienne qui, à leurs yeux, joueraient avec les limites du droit.
Dans un article publié par Rfi, ce vendredi 2 août 2019, Souleyman Abdelkérim Chérif, directeur de l’Anif y a expliqué le modus operandi. ‘’A la faveur de la crise économique que traversait alors le pays, une organisation criminelle internationale connue sous le nom de Qnet a réussi à toucher par ces pratiques beaucoup de nos concitoyens appâtés par le gain rapide et facile’’. Une stratégie huilée qui fait qu’en 4 ans, plus de 91 millions de francs Cfa ont été dérobés à des citoyens Tchadiens. Malheureusement, face au vide juridique, le gouvernement de Idriss Deby est réduit à exhorter la population à la vigilance en attendant que des lois protectrices soient élaborées.
Mais, à quelques 3 560 km de Tchad, le Sénégal n’est pas épargné par ce phénomène. En effet, des Sénégalais domiciliés principalement dans les régions orientales constituent l’écrasante majorité des victimes des agissements de Qnet à Thiès. Cela avait valu à B. Fall, le directeur régional Afrique subsaharienne de Qnet et M. Seck (un des cadres de ladite boite) d’être arrêtés et placés en garde à vue des suites d’une série de plaintes d’étudiants qui accusent Qnet de les avoir floué. Les victimes disent avoir été l’objet d’une escroquerie pour laquelle ils ont été grugés d’un montant qui varie entre 500 000 et 3 000 000 francs Cfa. Et c’est cela qui a conduit au recensement d’une dizaine de plaintes déposées sur la table du Commissaire de la police des Parcelles Assainies de Thiès. Ces plaintes ont conduit à l’interpellation, il y a quelques semaines, de 22 personnes dont 12 finalement placées sous mandat de dépôt.
À la suite du dépôt de plaintes de quatre recrues de Qnet qui dénonçaient une arnaque, des investigations ont été menées. Celles-ci ont fini de convaincre de l’existence d’une grosse entreprise d’arnaque avec pour principales victimes des jeunes originaires de Goudiry, Tambacounda, Malem Hodar (Sénégal oriental). Parmi eux, 12 personnes dont 6 grands responsables ont été déférées à la prison de Thiès, des suites de ces plaintes. Les plaignants auraient perdu dans cette affaire plusieurs millions de nos francs. Selon une source proche du dossier, sur un total de 22 étudiants, 16 auraient déjà donné chacun 2 millions francs Cfa pour bénéficier de ces cours d’initiation en marketing et de vente en ligne de produits qu’ils n’ont jamais vus. Pis, un des étudiants aurait vendu tous ses bœufs et ceux de sa mère, le tout estimé à plus de 2 millions de francs, pour se faire inscrire dans cette école.
Mais il faut signaler que les autorités policières avaient été informées. Pour preuve, le Commissaire Sow a été, plusieurs fois, saisi par des sources anonymes et mêmes des riverains qui nourrissaient des soupçons quant aux activités d’un groupe d’individus travaillant dans une villa située, dans leur zone d’habitation. Armée de ces signalements et alertes, la police a fini par effectuer une descente sur le site indiqué où il leur était soufflé que des tapages y sont notés de temps en temps. Ce qui a poussé la police à aller voir M. S. le maître des lieux. Lequel a présenté, aux dites forces de l’ordre, les documents leur permettant de mener légalement leur activité. Ce sont alors, plusieurs documents administratifs dont un registre de commerce et un Ninea (Numéro d’identification national des entreprises et des associations) qui attestaient de la normalité de leurs activités commerciales.
Le destin a fait que c’est en ce moment-là que la série de dépôts de plainte a commencé. Un jeune homme a ouvert le bal, il disait être victime d’une escroquerie portant sur près de 500 000 f Cfa. Celui-ci est revenu, quelques temps après, retirer sa plainte pour dit-il avoir été entièrement remboursé. Cela a, en partie refroidi les ardeurs des autorités qui avaient la structure dans leur viseur. C’est alors que les Renseignements généraux (Rg) se sont joints à la danse. Il a été alors découvert que ladite structure agissait au nom de Qnet et s’activait dans la vente en ligne.
‘’L’achat à 475 000 Fcfa d’un pendentif aux vertus thérapeutiques exigé aux recrues’’
Les enquêteurs qui entendaient se faire une idée exacte sur cette société, ont pu découvrir via internet que Qnet est une société internationale basée en Malaisie avec des ramifications un peu partout. Des photos de personnes connues du grand public sont sorties des recherches entreprises. On peut citer entre autres, celles d’El Hadj Diouf et du ministre Gorgui Ndong qui ont participé à la cérémonie de lancement des activités de Qnet au Sénégal. Mais, ces recherches sur l’internet ont permis de relever des appréciations pas du tout élogieuses pour ladite entreprise. L’on peut citer, entre autres, celle d’une jeune femme qui se dit victime et qui a relaté tout le processus, en détails. Et du récit fait par celle-ci, il est ressorti que les responsables de Qnet leur ont fait croire, ses semblables et elle, que les produits sont en ligne et que chaque personne qui intègre le groupe doit parrainer, après son initiation, 4 autres personnes. Et qu’il faut payer chère l’initiation. Des montants qui peuvent atteindre 2 millions. Pour mieux les ferrer, ils ont fait miroiter, aux recrues, des revenus hebdomadaires qui varient entre 100 000 et 127 000 F Cfa. Mais, ce qui est inexplicable dans cette affaire est que la présence d’aucun Thiessois ni de Dakarois n’est relevée dans ce nombre de personnes qui se disent victimes de Qnet. Ces dernières, selon les plaintes recueillies à la police sont essentiellement des personnes qui viennent de Goudiri, de Malem Hodar, bref, des zones périphériques de Diboli (frontière Sénégalo-malienne).
Une des dernières personnes qui ont été initiées n’y a pas trouvé son compte. Ce qu’a pu relever la rédaction, au cours de ses recoupements. Croyant que c’est un bon emploi qu’il avait obtenu, il s’était en fait payé, sans le savoir vraiment, un produit qu’ils se devaient à leur tour de revendre à leur prochain. Avec l’espoir qu’il était tombé sur une occasion en or, celui-ci a dû mettre sur le marché quelques bœufs pour réunir les 2 millions nécessaires à lui réclamés. Une fois engagé, il n’a pas pu comprendre qu’on puisse lui demander de trouver d’autres clients à qui vendre le produit. Cela est ressorti dans cette enquête qui, aujourd’hui encore, est loin d’être bouclée. Le plus inquiétant est qu’il est évoqué une sorte de lavage de cerveau faite sur les victimes. Cela, passerait par un médaillon dont l’acquisition à 475 000 F Cfa par chacune des recrues est jugée obligatoire. Un objet qui contiendrait de l’énergie magnétique qui soigne, leur a-t-on fait gober.
Cerise sur le gâteau, parmi les victimes beaucoup d’entre elles ont été déférées au parquet. Ils ont eu le tort d’avoir, à leur tour, entraîné d’autres personnes dans le coup. Ce, après avoir été convaincus qu’ils allaient jouir d’une formation de deux mois suivie d’un voyage vers l’extérieur. Au premier jour de l’interpellation, il y avait eu donc 22 personnes dont 16 qui avaient, non seulement, contribué à hauteur de 2 millions, mais qui en avaient aussi parrainé d’autres. En ce début de mois d’août, la situation est qu’au moins 12 personnes ont été déférées dont 6 qui sont des responsables principaux, en contact direct avec leur hiérarchie.
Il est bon de préciser que tout semble partir de l’alerte faite par le chef de quartier des Parcelles Assainies de Thiès qui avait contacté le sous-préfet. Ce dernier a saisi la police. Les forces de l’ordre ont, alors ouvert une enquête. L’enquête avait buté sur l’absence de plaignants et la présentation de documents légaux par les responsables de Qnet jusqu’à ce que les plaintes de 4 personnes viennent décanter la situation. Après avoir procédé à quelques arrestations, la procédure suit toujours son cours. Les enquêteurs eux, cherchent aujourd’hui, à savoir où va l’argent versé par ces jeunes qui se disent victimes de Qnet ? Une question qui tarde encore à trouver une réponse…
dakara
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