LES GUY MARIUS SAGNA D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

L’élite africaine formatée aux idéologies occidentales et les bénéficiaires des retombées du système, sont les plus ardents pourfendeurs des « Guy Marius » – Il s’agit de sévir et de le museler avant qu’il ne fasse des émules

L’arrestation de Guy Marius Sagna est loin d’être un fait anodin. Les thèmes pour lesquels il se bat représentent un enjeu énorme dans cet écosystème qu’est la mondialisation et qui se manifeste ici par une recolonisation de l’Afrique par un occident toujours à la recherche de matières premières et de nouveaux marchés. Dans tous les pays africains, nous pouvons remarquer l’arrivée massive de multinationales sous la houlette d’une diplomatie devenue essentiellement économique. Beaucoup de présidents africains maintiennent des systèmes corrompus et sont sous la coupe des bourreaux des peuples africains. En endossant le rôle de contestataire très actif de ces phénomènes, Guy Marius Sagna devient une cible à abattre. Il s’agit de sévir et de le museler avant qu’il ne fasse des émules auprès de cette jeunesse en mal de vivre et prête à exploser à tout moment.

Nos chers « partenaires »

Ce n’est pas un hasard si les espaces coloniaux étaient de vastes territoires tels que  l’AOF ou l’AEF ; c’est parce qu’ils étaient économiquement viables. L’exploitation des peuples et des ressources matérielles et humaines de cette Afrique-là a largement contribué au développement industriel de l’Europe jusqu’à nos jours. Dans les années soixante, confrontés aux mouvements indépendantistes et voyant venir une tendance à rompre les filières d’exploitation des ressources et de l’asservissement, les colonisateurs ont balkanisé ces espaces en créant une multitude de pays faibles, gouvernés par des personnes chargées de garder l’ancien système économique. Les récalcitrants l’ont payé de leur vie ou ont vu leurs pays se disloquer. Ces désormais « partenaires », et la France plus particulièrement, ont tissé des accords économiques et monétaires qui rendent impossible tout développement de ces micro États. Le Sénégal en est un bon exemple. De nos jours, des accords tels que les APE ont fini de mettre nos économies par terre en cela qu’ils  privent nos États de rentrées fiscales conséquentes et inondent nos marchés de produits qui auraient pus être fabriqués sur place et, ainsi, résorber l’énorme taux de chômage et en même temps favoriser l’industrialisation de nos pays.

Alors, il y a des « Guy Marius Sagna» qui se lèvent pour dire non !!

Nouvelles technologies

Coltan, or, tungstène, béryl, étain,  pierres précieuses, cobalt, fer ou lithium sont nécessaires pour le développement des nouvelles technologies. L’Afrique regorge de ces minerais stratégiques. D’où une offensive tous azimuts du continent par les multinationales de tous bords. La gestion des contrats miniers est opaque, leur exploitation profite peu aux populations surtout locales et dégradent souvent l’environnement. Ces ressources sont aussi source d’instabilité politique voire de guerre. Face à tout cela, les peuples africains se lèvent pour remettre à plat les contrats et la gestion de ce secteur.

Alors il y a des « Guy Marius Sagna » qui se lèvent pour dire stop !!

L’intégration en panne

Les projets d’intégration africaine peinent à se concrétiser. Un exemple à suivre est la création de la monnaie commune au sein de l’espace CDEAO. Dans les travaux constitutifs, nous assistons à une contradiction qui pourrait aboutir à l’impasse. D’une part, il semble que les pays de la zone CFA n’ont rien entrepris pour rompre avec la zone Euro, notamment en mettant fin à la tutelle du trésor public français. D’autre part, il est clair que le puissant Nigéria ne saurait intégrer une zone monétaire avec un tel paramètre. Alors si cette question n’est pas réglée, qu’adviendra-t-il de ce projet ?
L’Afrique a lancé la ZLECA (zone de libre échange continentale africaine) le 7 juillet dernier. Dans le principe c’est une bonne nouvelle. Mais plusieurs défis sont sur le chemin de sa réussite. La ZLECA vient s’ajouter à plusieurs zones commerciales concurrentes qui se chevauchent – CEDEAO à l’ouest, EAC au centre, SADC au sud et COMESA à l’est et au sud ; des blocs régionaux caractérisés par de faibles échanges ainsi que de nombreuses et diverses monnaies. La faiblesse de l’industrialisation, le manque d’infrastructures et de diversification des produits commercialisés sur le continent seront aussi des freins à sa réussite et rendra inévitable une rude concurrence. Des liaisons maritimes, routières et ferroviaires médiocres, de vastes zones de troubles, une bureaucratie excessive aux frontières et la petite corruption sont des freins à la croissance et l’intégration et sont autant de problèmes à régler.

C’est dire que le chantier ne fait que commencer et des « Guy Marius Sagna» sont à la pointe de ce combat !!!

D’autres puissances veulent leur part du gâteau
Une autre donnée est l’offensive des pays émergents, les BRICS. Ceux-ci présentent une autre forme offre de coopération avec nos pays. Pour la plupart, ils proposent de résorber le déficit d’infrastructures dont souffre le continent. Si c’est un besoin effectif, cela ne doit pas empêcher d’être vigilant sur les termes des contrats et la transparence des marchés conclus. Nos « partenaires stratégiques » présentent ces nouvelles puissances comme des prédateurs peu soucieux des droits de l’homme. C’est vrai, mais les africains peuvent apprécier la composante des droits des citoyens dans le bilan de notre long compagnonnage avec les puissances européennes.

Là encore, il y a des « Guy Marius Sagna» qui disent attention !!!

Des ONG à la place des combats politiques

Une autre arme utilisée est une certaine « ONGénisation » qui vise à transposer la  revendication active en un simple débat intellectuel en fustigeant les « Guy Marius ». Nos « partenaires » se saisissent de ces questions légitimes en maitrisant leurs porteurs. Il est clair que le financement d’une cause doit toujours poser la question du qui et du pourquoi. Cette nouvelle génération de militants civilo-politiques qui se bat pour la reprise en main de nos nations est à encourager et à soutenir. Mais la véritable solution passe par un état fort présent sur tout le territoire pour fournir les services publics vitaux et la sécurité des populations. Ce déficit d’état est le terreau fertile pour l’instabilité d’un pays.

On voit des « Guy Marius Sagna » se mettre bénévolement aux côtés des laissés pour compte !!!

Encore plus de « Guy Marius » pour sauver l’Afrique

A la lecture de tout ce qui précède et avec bien d’autres arguments, on ne peut que saluer le fait que « Guy Marius Sagna », représentant la jeunesse, conteste ces déséquilibres et milite pour une indépendance réelle de nos pays. Il rejoint le combat mené depuis longtemps par de nombreux et illustres africains. Mais, aujourd’hui encore, une telle personne est un ennemi public à abattre. L’élite africaine formatée aux idéologies occidentales et les bénéficiaires des retombées du système sont les plus ardents pourfendeurs des « Guy Marius » d’hier et d’aujourd’hui. Et nos gouvernements sont toujours prompts à mettre en branle leur police et leur justice pour les dénigrer en diffusant des fake news sur leur compte, les embastiller au mépris de leurs droits élémentaires et même plus dans certaines contrées.

Alors nous disons : Encore plus de Guy Marius Sagna

#FREEGUY

Diop Blondin – Ndeye Fatou Ndiaye est membre de la Plateforme Avenir Senegaal Bii Ñu Bëgg

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