À LA MECQUE ET À DUBAI ON ABAT BIEN LES MOUTONS, EN EUROPE AUSSI

Au Sénégal, les ménages procèdent encore à l’abattage sacrificiel dans les maisons, si ce n’est dans la rue – S’ensuivent la pollution de l’environnement et les menaces à la sécurité publique

Depuis quelques années en Arabie Saoudite et dans les Etats du Golfe, on  a mis en place des structures modernes de vente et d’abattage d’animaux sacrificiels. Des boucheries dotées d’équipement modernes ont été construites dans toutes les villes.

A la Mecque ou « la plus grande boucherie du monde » qui emploie 10.000 personnes et qui permet d’abattre et de traiter 200.000 bêtes chaque jour, selon les prescriptions du halal et de répondre à la demande des millions de  pèlerins du hadj. L’abattage des animaux hors des abattoirs officiels est désormais interdit aussi bien pour les pèlerins que pour les résidents saoudiens.

A Dubaï et à dans les différents Etats des Emirats Arabes Unis, les préoccupations sont les même. Il s’agit de veiller à la salubrité et à la santé publiques tout en respectant les règles du halal et traitant des animaux selon les prescriptions de l’Islam. C’est la municipalité qui organise la vente et l’abattage exclusivement dans ses abattoirs.

« …il s’agit d’en finir avec la pratique des abattages informels et des bouchers ambulants… … Les abattoirs publics garantissent hygiène et sécurité sanitaire, des contrôles vétérinaires se font avant et  après les abattages et les meilleures pratiques sont mises en œuvre pour empêcher la contamination des carcasses», indiquent les responsables dubaiotes d’Abattoirs de Dubaï, l’agence municipale en charge.

Le modèle de Dubaï en matière d’abattage d’animaux surtout pour la sacrifice de l’Eid al-Kébir a semble-t-il impressionné les autorités publiques et religieuses en Egypte.

«  C’est un péché, contraire  à l’islam » d’abattre les animaux de sacrifices dans les maisons et les rues, décrétait ainsi l’institut religieux Dar Al Ifta, proche d’Al – Azhar dés 2017 selon Egypt Independent. Le gouvernement égyptien a interdit la pratique aux motifs qu’elle facilite la transmission de maladies et ne respecte pas les prescriptions islamiques en matière de traitement des animaux. En fait désormais la tendance à travers le monde est à l’adoption d’abattoirs publics modernes. La Cour Européenne de Justice a adopté dès 2014 une réglementation selon laquelle l’abattage rituel halal ne peut se faire que dans des abattoirs agréés.

En France la loi n’autorise plus  l’abattage d’animaux  que dans les « seuls abattoirs agrées et l’interdit  donc dans les abattoirs clandestins, à la ferme, chez l’habitant et ou que ce soit notamment sur les sites d’approvisionnement comme c’est trop souvent le cas », a décrété le gouvernement. Le Ministère de l’intérieur a même publié un « Guide sur les modalités d’organisation et d’encadrement de l’abattage » à l’attention des maires et des préfets. Il y est rappelé que l’abattage d’un animal en dehors des abattoirs agrées est passible de 6 mois de prison et de 15 000 Euros d’amende.

A travers le monde, de l’Arabie Saoudite aux Emirats Arabes Unis à l’Egypte et à l’union Européenne, une « bonne pratique en matière d’abattage rituels d’animaux, notamment pendant la Tabaski s’est donc établie. Bonne pratique conforme aux recommandations de l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour la mise en place partout «d’un programme de nettoyage et d’assainissement bien planifié et contrôlé» et le respect de mesures strictes d’hygiène.

Mais au Sénégal on continue à faire comme toujours. Les animaux sont parqués dans des enclos de fortune, à ciel ouvert, ici et là, à travers les villes et vendus sur pattes. Les ménages procèdent encore à l’abattage sacrificiel dans les maisons si ce n’est dans la rue ou sur les places publiques. S’ensuivent ainsi que nous en faisons chaque année l’expérience, la pollution de l’environnement, la pression sur le réseau l’assainissement et des menaces à la sécurité publique.

En outre les prescriptions coraniques notamment en ce qui concerne le traitement « humain » à l’égard des animaux, particulièrement lors du sacrifice de l’Eid el-kébir (tabaski) sont rarement respectées.

Le Sénégal devrait donc mettre en œuvre cette bonne pratique éprouvée depuis plusieurs années déjà en Arabie Saoudite, dans les Emirats Arabes Unis et en Europe. Le coût ne devrait pas poser problème.

Il me semble que les Emirats Arabes Uns et l’Arabie Saoudite notamment seraient ravis de financer un programme de construction et d’équipements de boucheries modernes pour l’abattage et le traitement d’animaux, selon les prescriptions du Coran.

Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily

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