Bruxelles reste inflexible sur le Brexit avant une semaine cruciale au Royaume-Uni
Le négociateur de l’Union européenne Michel Barnier a exclu dimanche de renégocier le filet de sécurité irlandais dans l’accord de divorce avec le Royaume-Uni. Il ouvre ainsi la voie à un Brexit dur le 31 octobre.
Il est hors de question de renégocier le filet de sécurité irlandais (ou « backstop »), dont Boris Johnson souhaite délester l’accord de divorce, a expliqué Michel Barnier dans une tribune publiée par le Sunday Telegraph. Cette disposition prévoit que faute de meilleure solution à l’issue d’une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un « territoire douanier unique » avec l’UE. Inacceptable pour Boris Johnson : cela empêcherait le Royaume-Uni de suivre une politique commerciale indépendante, puisqu’il serait toujours soumis à des règles européennes.
« Le backstop représente la flexibilité maximale que l’UE puisse offrir à un État non membre », écrit le négociateur de l’UE. Ce dispositif est nécessaire, souligne-t-il, pour préserver l’intégrité du marché unique européen et maintenir ouverte la frontière entre l’Irlande du Nord britannique et la république d’Irlande (membre de l’UE) après le Brexit. « Je ne suis pas optimiste sur la possibilité d’éviter le scénario d’un ‘no deal’ », ajoute-t-il.
Disant vouloir préparer un nouveau programme de politique nationale, Boris Johnson, arrivé au pouvoir fin juillet, a annoncé mercredi une suspension du Parlement pendant environ cinq semaines dès la deuxième semaine de septembre et jusqu’au 14 octobre. Mais les opposants à un Brexit dur y voient une manœuvre pour les empêcher de bloquer une sortie sans parachute. Ils se préparent à un bras de fer avec le chef du gouvernement dès la rentrée du Parlement mardi pour une session s’annonçant houleuse.
Les députés essaieront notamment de légiférer pour contrer un « no deal ». Une motion de censure est aussi envisagée contre le gouvernement, dont la majorité à la Chambre des Communes ne tient qu’à une voix. « Nous devons tout simplement nous empêcher de sortir sans accord », a déclaré Keir Starmer, le responsable du Brexit au sein du Parti travailliste, principale formation d’opposition. Une telle loi nécessiterait de reporter la date du divorce, selon lui.
« Nous travaillons avec d’autres partis pour faire tout ce qui est nécessaire pour éloigner notre pays du précipice », doit déclarer lundi le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn, à Salford (nord-ouest) où le Labour réunit son cabinet fantôme, selon un extrait de son discours transmis par ses services.
Boris Johnson hausse le ton
À son tour, Boris Johnson a haussé le ton. Il a prévenu que les députés conservateurs qui voteraient contre l’exécutif seraient expulsés du parti, rapportaient plusieurs journaux dimanche soir. Une mesure qui mettrait à mal sa propre majorité, alimentant les spéculations sur l’imminence d’élections générales anticipées. Une rencontre prévue lundi avec des rebelles tories a en outre été annulée.
Le ministre chargé des préparatifs d’une sortie sans accord, Michael Gove, a par ailleurs choqué à gauche comme à droite dimanche, en refusant de dire sur la BBC si l’exécutif se conformerait à une loi bloquant une sortie sans accord.
Mardi, la plus haute instance civile d’Ecosse étudiera une demande de députés pro-européens de contrer la suspension du Parlement. Une action en justice intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller, à laquelle s’est joint l’ex-Premier ministre conservateur John Major, sera elle examinée jeudi à Londres.
D’autres manifestations sont aussi prévues après que des milliers de Britanniques ont protesté samedi contre le « coup d’État » de Boris Johnson.
Avec AFP
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