ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: L’ETAT QUITTE LE PRIVE
Fin de l’idylle entre l’Etat du Sénégal et les établissements privés d’enseignement supérieur (EPES). Le gouvernement a décidé hier, jeudi 5 septembre, de ne plus orienter les nouveaux bacheliers dans les établissements privés d’enseignement supérieur. Ainsi, les 52 mille inscrits au titre de l’année académique 2019/2020 seront tous accueillis dans les universités publiques.
La politique d’austérité via la rationalisation des dépenses publiques jusqu’ici engagées par l’Etat du Sénégal seraient-elles élargies jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur ? Tout porte à le croire. Et pour cause, après avoir supprimé la primature et réduit drastiquement la facture de téléphone, le gouvernement poursuit sa politique de restriction dans l’éducation, précisément dans l’enseignement supérieur. Pour la prochaine rentrée académique 2019/ 2020, l’Etat a décidé, de ne plus orienter les nouveaux bacheliers dans les établissements privés d’enseignement supérieur.
A ce jour, ils sont près de 52 mille nouveaux bacheliers à formuler deux demandes d’admission dans les établissements publics et privés via la plateforme campusen, informe le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Cette décision a été prise, confie Dr Cheikh Oumar Anne, lors d’une conférence de presse, hier, jeudi 5 septembre, à la suite d’une réunion de coordination des Recteurs, élargie à l’ensemble des responsables d’établissements publics d’enseignement supérieur, pour échanger sur les dispositions et mesures à entreprendre, pour une bonne rentrée académique 2019-2020.
Quel quota pour chaque université ?
Quel quota pour chaque université ? La réponse du ministre de l’Enseignement supérieur reste dubitative. Si les responsables d’établissements publics d’enseignement supérieur ont donné leur accord de principe pour accueillir 52 mille nouveaux bacheliers, il y va de soi que Dr Cheikh Oumar Anne connaît déjà les quotas des universités pour la prochaine rentrée, sachant qu’elles les avaient déjà fait parvenir à la direction générale de l’Enseignement supérieur (Dges).
Reste tout de même à savoir sur quelle base les responsables des universités ont validé cette décision de l’Etat ? Les capacités d’accueil des universités ont-elles augmenté pour accompagner cette massification des effectifs d’étudiants jugés déjà pléthoriques ? Ont-elles de nouveaux amphithéâtres, de nouveaux pavillons, restaurants ? Ont-elles suffisamment de personnel administratif, technique et de service ? Et enfin, ont-elles le personnel enseignant requis pour assurer les enseignements apprentissages ? Les difficiles conditions de l’université Gaston Berger de Saint-Louis depuis l’orientation des 3000 nouveaux bacheliers en 2013, ont fini de plonger l’université de Sanar dans une décadence. Résultat de courses : la mort de l’étudiant Fallou Sène tué par balle, le 15 mai 2018.
En attendant d’avoir le quota pour chaque université, la seule chose constante et invariable pour le moment, souligne Dr Cheikh Oumar Anne, est que «les 52 mille bacheliers seront orientés intégralement dans le public, selon le quota que nous allons sortir au moment des orientations».
«Les universités publiques devront prendre la décision des effectifs à orienter par rapport aux objectifs du gouvernement. Nous avons fait des projections avec les responsables des universités et les chefs d’établissement. Il y a un large consensus », poursuit le ministre.
Les mesures d’accompagnement
Pour permettre aux universités et établissements publics de recevoir l’ensemble de ces bacheliers, le gouvernement s’est engagé, confie-t-il, à mettre en œuvre des actions, dans les meilleurs délais. Il s’agit, cite le ministre, de «terminer l’ensemble des infrastructures relatives aux programmes d’extension des Université, de terminer la construction et l’équipement des cent (100) laboratoires scientifiques et de terminer la construction et l’équipement de sept (7) Espaces numériques ouverts (Eno). Le ministère entend réceptionner et équiper les résidences universitaires, en cours de construction à l’UCAD et à l’UGB, finaliser et équiper les amphithéâtres en cours de construction à l’UGB et à l’UASZ et de finaliser et équiper le restaurant universitaire en cours de construction à l’UADB.
In fine, le ministre informe l’ouverture de deux cent nouveaux (200) postes d’enseignants et la construction et l’équipement de deux cent (200) nouveaux bureaux d’enseignant. Cette sortie du ministre de l’Enseignement supérieur semble être un début de réponse à la demande du Chef de l’Etat qui rappelait, avant-hier, en conseil des ministres, au Gouvernement, l’urgence de finaliser la construction des nouvelles universités afin d’assurer l’orientation optimale des nouveaux bacheliers.
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