MBAYE THIAM REFUTE TOUTE »VOLONTE DE FALSIFICATION »
Le groupe de rédaction de l’Histoire générale du Sénégal n’est pas surpris de la controverse née du volume qui intéresse l’histoire moderne et contemporaine du pays.
Le groupe de rédaction de l’Histoire générale du Sénégal n’est pas surpris de la controverse née du volume qui intéresse l’histoire moderne et contemporaine du pays. Toutefois, l’invité de l’émission Objection de Sud Fm dimanche 15 septembre, en l’occurrence le Professeur Mbaye Thiam, archiviste et Enseignant-chercheur à l’Ecole des bibliothécaires et archivistes Dakar (Ebad), balaie d’un revers de main les «interprétations tendancieuses» voulant faire croire qu’il y a une volonté de falsification de l’histoire. Il n’a pas manqué d’informer que la commission prend acte et effectuera des rectificatifs sur les informations sourcées et fiables.
L’émission Objection de la radio privée Sud Fm dimanche 15 septembre, a servi de cadre à l’un des membres de la commission de rédaction de l’Histoire général du Sénégal pour répondre aux nombreuses attaques et donner son avis sur la polémique née de la publication des 5 premiers volumes de l’histoire générale du pays.
L’invité du journaliste Baye Oumar Gueye, en l’occurrence l’Enseignant chercheur à l’Ecole des bibliothécaires et archivistes Dakar (Ebad), informe que la commission s’attendait à beaucoup de controverses pour un projet aussi gigantesque et aussi important où, pour la première fois, des scientifiques se sont accordés pour essayer de dresser l’histoire générale du Sénégal, depuis 350.000 ans. Il trouve ainsi normal que les populations réagissent à la mesure de leur compréhension de l’histoire et des faits historiques. Donc, concernant les premières controverses, il estime qu’elles «ne sont pas contradictoires», dans la mesure où ce sont des gens qui ont relevé qu’il y a des informations sur des personnages qui ne sont pas exactes.
Jugeant qu’il n’y a aucun problème à ce niveau, l’Enseignant chercheur a informé que la commission prendra acte de ces informations, s’approchera de ces personnes pour recueillir les bonnes informations, puis fera recours aux vérifications habituelles, pour enfin rectifier. Pour autant, il prévient que «tout ce qui ne sera pas sourcé de manière fiable, authentique et valide ne sera pas écrit, parce qu’on ne peut pas écrire à l’intention de notre peuple des pages de l’- histoire sans référence».
A son avis, l’histoire s’écrit avec des faits réels, avec des acteurs et des enjeux identifiés, sans oublier des références extrêmement pointées. Ce qui a frustré, par contre, les historiens qui ont participé à la rédaction du projet, c’est la remise en cause de la fiabilité du projet. Le Professeur Mbaye Thiam pense que ces derniers ont tort dans la mesure où «écrire l’histoire générales du Sénégal est l’une des volontés les plus importantes, depuis qu’on a l’indépendance du Sénégal».
S’expliquant, il reste catégorique qu’aucun peuple ne peut se passer de son histoire pour construire son présent. Par conséquent, il dit avoir ressenti «beaucoup de gêne». Il est d’avis que c’est tout à fait compréhensible que des familles qui connaissent à la lettre leur généalogie rectifient l’exactitude des informations en termes d’âges et de succession dans leur famille. «Ce qui a été plutôt gênant, c’est les interprétations tendancieuses qui ont cherché à faire croire qu’il y a une espèce de service commandé pour essayer d’élever des groupes sur d’autres ou de falsifier l’histoire», s’offusque-til.
Il balaie ainsi d’un revers de main ces accusations, parce que pour lui «c’est exactement faux». Il se défend que ce dont il s’agit, c’est de produire quelque chose à soumettre à la critique, sur la base de ce qui est identifié comme sources accessibles et exploitables.
A noter qu’il est prévu, de l’avis du Professeur Mbaye Thiam, «un ensemble de travail pour qu’au-delà de la dimension scientifique, le peuple sénégalais dans sa diversité s’approprie son histoire et que chacun s’y retrouve non pas en termes de conflits, d’adversité, mais en termes de différences complémentaires».
PROFESSEUR MBAYE THIAM, SUR L’IMPORTANCE DE L’HISTOIRE : «Connaitre notre histoire est plus important qu’avoir du pétrole»
«Je pense que connaitre notre histoire est pour nous aussi importante, sinon même plus importante qu’avoir du pétrole, du gaz, de l’or, etc. Parce que, si nous ne connaissons pas qui nous sommes, pourquoi nous sommes ensemble, qu’est-ce que nous avons fait ensemble qui nous a soudé, comment nous avons inventé des parentés à plaisanterie, (…) nous ne pourrons pas sauvegarder cela. Nous qui avons été élevés dans ces réalités, en termes de générations, mais nos enfants, nos petits-enfants, ils ne connaitront pas cela.
C’est dans des ouvrages qu’ils connaitront qu’un Sow n’a pas le droit de faire du mal à un Thiam, qu’un Diop et un Ndiaye sont des frères qu’ils le veulent ou non et quelles que soient leurs contradictions, il leur faudra régler le consensus avant de prendre en charge autre chose. Quel Sénégalais se rappelle que dès les premiers mois de la rébellion en Casamance, quand les rebelles arrêtaient les véhicules, ils réclamaient les pièces d’identité à l’époque pour tirer parmi ceux qu’ils avaient arrêtés, ceux à qui eux, Diolas, n’avaient pas le droit de faire mal ? Cela veut dire que c’est notre sociologie qui est issue d’une trame historique évidente qui forge notre convergence centrifuge. Il y en a ceux qui l’ont vécu directement.
Ceux qui ne l’ont pas vécu, il faudra écrire dans du marbre, dans des documents scientifiquement éprouvés pour que quelle que soit l’évolution du monde, ils le gardent en bandoulière. Si on ne le fait pas, n’importe quelle personne venue de l’extérieur peut nous diviser pour continuer à régner comme dans la période coloniale».
POLEMIQUE AUTOUR DE L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : Le professeur Ousmane Sène relativise
C’est la polémique depuis la publication des premiers tomes de l’histoire générale du Sénégal. Une polémique qui, selon le professeur Ousmane Sène, directeur du Centre de recherche west africain (Warc), est inhérente au monde de la recherche.
Invité de l’émission “grand jury” de la Rfm du dimanche, le Pr Sène pense que les meilleurs ont été choisis pour travailler sur la question de l’histoire générale du Sénégal. “De tous ce qui font leurs humanités dans ce pays et j’allais dire en Afrique et peut être même dans le monde, il n’y a pas meilleurs que certains de cela. Je ne les connais pas tous, mais le professeur Iba Der Thiam, à tout point de vue, en tant qu’historien a fait ses preuves. Et je connais certains qui sont là-bas et qui font partie de l’équipe. Ces gens-là ne transigeraient jamais avec les règles de l’écriture d’une page historique”, at-il soutenu.
Il poursuit : “Il n’y a aucune version de l’histoire d’aucun pays qui soit unanimement accueillie et acceptée de tout le monde. Même en matière de recherche, les chercheurs ne sont jamais d’accord. Si les chercheurs étaient toujours d’accord, à partir du moment où vous écrivez un livre sur un thème, on n’en parle plus, personne d’autre n’écrira sur le même thème”.
Pour le professeur Sène, le débat entre le journaliste Boubacar Boris Diop et le philosophe Souleymane Bachir Diagne sur la portée de l’œuvre du défunt historien Cheikh Anta Diop est une preuve de contradiction.
Car, dit-il, “un débat ne peut exister que parce qu’il y a des contradictions ou des positions contraires. Sinon il y a l’unanimisme et l’unanimisme tue tout”. Ousmane Sène dit avoir “beaucoup de respect pour les historiens traditionnels, qui ont une partie de nos traditions, de nos valeurs, de nos cultures. Mais, précise-t-il, quand il s’agit d’écrire une histoire, il faut le donner à ceux qui sont spécialistes de l’histoire”
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