Sendou : Les femmes demandent à la BAD de tenir ses promesses et d’arrêter la centrale à charbon en pleine crise climatique

La Banque Africaine de Développement (BAD) tiendra-t-elle ses promesses d’ouvrir la voie à un avenir en énergie renouvelable et va-t-elle retirer son financement et son soutien politique à l’échec de la centrale à charbon de Sendou au Sénégal, se demandent des observateurs de la société civile?

En tout cas la réaction des femmes de Sendou ne milite pas à une réponse favorable à cette question. Car dans un communiqué rendu publique, elles demandent à la BAD, de tenir ses promesses et d’arrêter la centrale à charbon en pleine crise climatique.

Dans le nouveau rapport intitulé , Les femmes s’opposent au charbon: la centrale de Sendou de la BAD a des répercussions sur les femmes en cette période de crise climatique, les effets néfastes de la centrale à charbon de Sendou sur les populations, en particulier les femmes, et les écosystèmes dans un contexte d’urgence climatique en Afrique, sont mis en évidence.

Depuis 2009, les femmes transformatrices de Bargny, au sud de Dakar, au Sénégal, luttent contre la centrale à charbon de Sendou, cofinancée par la Banque Africaine de Développement(BAD), la Banque Ouest-africaine de Développement(BOAD), la Banque néerlandaise de développement(FMO) et la Compagnie Bancaire de l’Afrique de l’Ouest(CBAO). Selon le communiqué, le projet a déjà détruit les moyens de subsistance de plus de 1 000 femmes transformatrices, affaiblit la santé de la communauté, détruit le patrimoine culturel et exclut les populations locales de la prise de décision concernant leur avenir.

Il y a un peu plus d’un mois, le président de la Banque Africaine de Développement, Akinwumi Adesina, a révélé les plans de la BAD visant à mettre fin aux centrales à charbon sur tout le continent et à passer aux énergies renouvelables. Pourtant, la centrale à charbon de Sendou, financée par la BAD, qui a commencé à fonctionner en 2018, générera de l’électricité au charbon et des polluants nocifs pour la santé de la population locale et mondiale pendant de nombreuses années à venir.

LSD, WoMin et Gender Action appellent la BAD à entamer une consultation avec la communautaire

Ce nouveau rapport des femmes qui s’opposent au charbon, utilise un cadre d’évaluation d’impact écoféministe développé par trois organisations partenaires, Lumière Synergie pour le Développement(LSD), WoMin African Alliance  et Gender Action. Ce faisant, il met à nu les impacts écologiques et climatiques d’un système énergétique utilisant des combustibles fossiles, qui continue de recevoir le soutien d’entreprises et de banques de développement puissantes, en dépit de preuves scientifiques convaincantes montrant qu’il constitue un facteur clé au changement climatique.

Faisant écho aux appels des femmes de Bargny, LSD, WoMin et Gender Action appellent la BAD: à entamer une consultation avec la communautaire à part entière, particulièrement avec les femmes, à écouter directement leurs points de vue non médiatisés sur les impacts de la centrale à charbon de Sendou, et à réagir à leurs demandes justifiées de réparation et d’indemnisation. Au minimum, les femmes privées de leurs terres et leurs moyens de subsistance, leur santé endommagée, leur charge de travail non rémunérée et toute une série de stress sociaux, devraient être intégralement indemnisés, recommandent les ONG. Qui rappellent que la BAD est également mise au défi de prendre en compte et de partager publiquement les implications de sa décision de septembre 2019 de ne plus soutenir les projets de charbon sur des projets en cours, tels que Sendou, qui émettent ou émettront du charbon et qui entraînent les changements climatiques.

Toutes les institutions – banques de développement, investisseurs privés, gouvernements et institutions multilatérales – devraient déjà être en mode d’urgence climatique. Ils doivent se soustraire à tous les investissements en énergie sale, en méga infrastructures et investissements agro-industriels et remettre en cause l’hypothèse de développement selon laquelle la croissance économique, extractivisme et grands projets sont synonymes de développement.

Par J. N. SARR

 

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