PERSPECTIVES : « VERS DE GRANDS PROBLÈMES SOCIAUX EN 2020 »

Le dernier numéro de l’année de LR DU TEMPS, émission d’Alassane Samba Diop sur iRadio et Itv, ce dimanche 29 décembre, tire le bilan de 2019. Avant de dresser les perspectives pour 2020.

L’un des invités, Amath Soumaré, le président du Centre africain de la nouvelle économie (CANE) -Exécutive, et président de la commission intelligence artificielle du MEDS, prédit de « grands mouvements sociaux en 2020. »

« Vers de grands problèmes sociaux »

Il dit : « Les tendances 2020 de l’économie du monde, c’est qu’on n’est plus dans le libéralisme pur et dur. Le libéralisme tend vers le social aujourd’hui. C’est pourquoi, les perspectives 2020, il y aura de grands problèmes sociaux qui vont se poser, pas seulement au Sénégal, mais dans le monde entier. Parce qu’on voit, comme si on reculait, on a, après la perestroïka, le communisme et le socialisme. Mais dans les tendances à venir, c’est comme si c’est le socialisme qui revient. Parce que, quand vous voyez les grands mouvements sociaux, les gilets jaunes et autres, c’est la révolte du prolétariat qui revient sur le socialisme. Et ça s’étend au niveau des Etats-Unis, de l’Europe et du Proche Orient. Donc, cette tendance de revoir ces problèmes sociaux mis en avant. Ces problèmes sociaux vont avoir beaucoup d’impact sur 2020. En 2020, il y aura beaucoup de révoltes sociales, entre les riches et les pauvres. »

Qu’est-ce qu’on peut retenir de l’année 2019 ?

Des tensions sociales nourries par des problèmes économiques, déjà en 2019. En effet, sur le plan économique, son co-débatteur, Baye Ibrahima Diagne, spécialiste en management, et membre du CNP, retient 2 indicateurs. D’abord, « en termes de projection, on est à 6,7% de croissance pour l’année 2019, ce qui est quand même appréciable. Ensuite, ce qu’on peut retenir d’autres, en tout cas au niveau du secteur privé, ce qu’on a le plus senti, c’est, en termes de liquidité, beaucoup d’entreprises surtout au niveau des PME, PMI, et mêmes des grandes, ont beaucoup souffert sur les délais de paiement surtout les marchés avec l’Etat. »

Amath Soumaré va plus loin, pointant le manque de liquidité : « C’est vrai quand il y a une dette intérieure dans un pays, ça pose problème. Parce que la monnaie soit on la fait circuler soit on la thésaurise. Etant donné que ce sont des agents économiques qui doivent travailler pour faire circuler l’argent, si l’argent ne rentre pas, on ne peut pas faire circuler la monnaie, c’est tout à fait normal avec toutes les implications que ça a au niveau économique, des investissements, social et autres. » Pire, poursuit-il : « Quand l’argent n’est pas là, l’investissement (non plus), il n’y a donc pas d’emplois. C’est donc tout à fait normal qu’on se retrouve dans une situation où des entreprises qui devaient avoir l’argent pour investir ne l’ont pas. On fait de l’économie avec du cash, de l’argent des investissements. »

« Sentir (enfin) le taux de croissance »

S’agissant du taux de croissance surtout avec les Sénégalais qui disent ne pas la sentir, Diagne explique qu’« au Sénégal, nous avons une croissance qui n’est pas inclusive, lorsqu’une économie crée des richesses, on doit se poser des questions sur les secteurs qui créent cette croissance-là. Aujourd’hui, quand on regarde le Sénégal, il y a le BTP, l’Agriculture, etc. En plus, nous avons une économie extravertie, la richesse créée compte tenu qu’on n’a pas d’industries, une économie qui transforme, tout cet argent va à l’étranger. Les revenus des ménages servent à payer la consommation. Les gens ne voient pas l’argent parce qu’il ne circule pas. »

Dans les perspectives, conclut-il, « ce qui est constant, dans notre économie, c’est qu’il faut carrément changer de paradigmes, de sorte que cette croissance serve à la création de PME et PMI pour déjà être dans une logique d’industrialisation ». Il relève, par ailleurs, la nécessité de « mutualiser les moyens pour s’occuper de l’emploi ». Parce que, dit-il pour s’en désoler, « on n’a pas une vision claire de la définition de la politique de l’emploi ».

« Trop d’indiscipline »

D’un tout autre avis, Amath Soumaré indique, lui, que « le problème, c’est qu’on est de plus en plus nombreux, et on est dans une société où on a de plus en plus de besoins. » Avant de marteler : « Aujourd’hui, on devait être à 10 ou 11%. Parce qu’on a tellement d’indiscipline dans ce pays et ça nous bouffe au minimum 3 à 4 points de PIB par année. Ce sont des choses qu’on perd dans la circulation, (par exemple). Tous les pays qui ont des taux de croissance (supérieurs), c’est des gens qui travaillent. L’exemple du Rwanda dont on parle, les gens sont disciplinés et travaillent. Quand on travaille et qu’on est discipliné, on fait des résultats. »

Concernant ce point précis, c’est à l’Etat de donner l’exemple, réplique son vis-à-vis. « Le Sénégalais de 2035 se construit maintenant », motive-t-il.

Toutefois, Baye Ibrahima Diagne déclare que « les perspectives peuvent être bonnes parce que l’économie, ce n’est pas que la trésorerie », faisant référence à la livraison prochaine des travaux du Train express régional (TER), entre autres chantiers dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE) notamment avec la création d’emplois attendue. Pourvu aussi que « l’Etat règle le problème de la dette intérieure ».

Abordant la politique, les deux invités sont loin d’être convaincus par le dialogue politique. « Ils font leurs affaires sur notre dos », tranchent-ils.

e media

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