DJILOR DJIDIACK, TERRE DE TRADITIONS

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Il faut d’abord entrer en terre sérère, longer un bras sinueux du delta du Saloum, traverser la forêt de Samba Dia, avant de découvrir, à 200 km au sud-est de Dakar, Djilor.

Il faut d’abord entrer en terre sérère, longer un bras sinueux du delta du Saloum, traverser la forêt de Samba Dia, avant de découvrir, à 200 km au sud-est de Dakar, Djilor. Ce village Sérère, royaume d’enfance du premier président de la République du Sénégal, est situé à 1,5 km au sud de Fimela, chef- lieu de l’arrondissement du même nom devenu aujourd’hui commune. Les villages de Ndangane et de Yayème se situent à l’ouest de Djilor, à une distance de 7 km et 2,5 km. Le village comptait au recensement de 2011, 833 habitants dont 90 ménages.

Djidiack est le nom du fondateur du village de Djilor, Dou Djilor Djidiack. Il était prince dans le royaume du Sine. Il a ainsi fondé le village de Djilor avec l’aide de deux familles Palmarinoises, il y’a 470 ans. Djidiack était un prince guerrier qui fut appelé par le roi pour combattre ses ennemis. L’histoire raconte que quand il allait en guerre, il partait seul sur son cheval, étendait les bras et chaque arbre qu’il croisait se transformait en chevalier. Revenu vainqueur de la guerre, le roi oublia les récompenses promises en cas de victoire. Il quitta le royaume, ce qui entrainant une sécheresse, les conseillers du roi lui demandèrent de le rappeler. Dès son retour, la pluie revient et c’est la raison pour laquelle l’histoire racontée par les anciens stipule que Djidiack, outre ses dons de guerrier, savait guérir et retenir la pluie. Niché dans un luxurieux bras de mer, Djilor est aussi le royaume d’enfance de l’ancien poète et premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. C’est le véritable village natal du poète, même si il a été déclaré officiellement à Joal. Affecté par l’Administration, son père avait pris en mariage une fille du village du nom de Gnilane Bakhoum. C’est de ce ménage que naîtra Léopold Sédar Senghor. A l’âge de sept ans, Senghor rejoignit Joal où vivaient ses tantes et grands- parents, et sera inscrit à l’école française. Senghor faisait la navette entre ces deux localités. Djilor a été également « la source d’inspiration de Senghor, son royaume d’enfance. Toute la poésie du président-poète est imprégnée de cette culture sérère », écrivent les spécialistes.

Localité active mais laissée à elle-même

Le village de Djilor Djidjiack recèle d’énormes potentialités. Avec ses 865 habitants, la population s’adonne à l’agriculture, principalement le mil, le riz et l’arachide. La pêche et le maraîchage sont aussi des activités principales dans ce village sérère où « tout le monde est cousin » et où le commerce est peu développé. L’élevage est également très répandu dans cette localité. L’infrastructure dans ce village est assez sommaire même si récemment, on a relevé une certaine amélioration. La route nationale qui traverse le village est une initiative de feu Adrien Senghor en 1978 alors ministre de l’Equipement. Aujourd’hui, elle est bitumée. Dans cette zone, l’accès à l’eau potable est également très difficile. Les populations, laissées à elles-mêmes, sont le plus souvent confrontées à l’accès à l’eau potable et à un déficit d’assainissement. Elles se débrouillent néanmoins et parviennent à s’en sortir grâce aux puits et forages qu’elles désinfectent. Le forage de 3m cubes 600 couvre quatre villages. Les populations de Djilor Djidiack pratiquent une culture vivrière dont la majeure partie est consommée sur place. Ce qui fait qu’elles ne se sont pas confrontées aux problèmes de dettes impayées ou d’impôts impayés. La santé est aussi un objet de préoccupation avec un seul poste de santé et une matrone. Le centre de santé est à 7 km de Fimela et couvre 4 villages. Le niveau de développement est visible du fait de la participation des fils du terroir qui ne cessent de veiller au développement du village. Ainsi donc le poids de ses cadres se fait sentir par l’entremise de beaucoup de projets pour participer au développement de Djilor. Une route goudronnée, une école élémentaire ainsi que beaucoup de réceptifs ont été réalisés, participant dans le cadre de l’embellissement et du décor.

Un cimetière commun pour musulmans, animistes et catholiques

Même si l’Islam y est devenu la religion dominante, les Sérères continuent leurs pratiques animistes couplées avec la religion catholique et musulmane. Cette différence de religion n’altère en rien cependant les rapports entre populations chrétiennes et musulmanes. Cette particularité se retrouve jusque dans le cimetière où se trouvent ensevelis musulmans, catholiques et animistes.

Djilor un village mystique ancré dans sa tradition

Depuis la disparition de Djidiack Selbé, guérisseur et fondateur du village, les autochtones, notamment les patriarches, ont voulu préserver la tradition. C’est ainsi que leurs progénitures sont maintenus dans le village pour les préserver du déracinement. De génération en génération, les descendants ont entretenu cet héritage jusque dans la gestion et la conservation de l’arbre sacré. De son vivant, quand les hommes étaient inquiétés sur leur sort, il était là leur disait-il, parmi eux pour veiller sur leur devenir. « Nous considérons qu’il n’est pas mort, surtout que nous n’avons pas vu de corps depuis sa disparition. Du reste, peu de temps avant de disparaître, il nous avait recommandé de faire des prières à l’endroit où il laisserait l’empreinte de ses chaussures. C’est précisément devant l’arbre qu’ils ont trouvé l’empreinte de ses chaussures et depuis l’arbre est devenu mystique et sert de remède », raconte un vieil homme. Des petites calebasses » constituent un des attributs de son legs mystique. Mais Djilor ce n’est pas que le « royaume d’enfance » du Président-poète. C’est aussi une localité riche de sa culture préservée jalousement par le biais des cérémonies initiatiques, des festivités du mariage et des événements de lutte traditionnelle entre autres richesses. Ses habitants sont accueillants et attachés aux liens tissés par leurs ancêtres, plus forts que les différences de religion effacées par une cohésion sans faille à l’image du cimetière mixte du village.

Djilor, une destination touristique

Les atouts de ce cadre naturel enchanteur font du village une destination touristique appréciée. Le paysage est beau et les hommes y vivent en communion entourés de forces mystérieuses invisibles de la nature environnante. Dans ce décor féérique, on ne peut manquer d’être gagné par l’enchantement, loin du spleen. La culture est très riche et variée dans la zone. Un cadre de vie particulier ou tout le monde est cousin dans le village. Bienvenue à Djlor!

Le Témoin

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