La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première Africaine à diriger l’OMC

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La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a été nommée ce lundi 15 février à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans l’espoir de mettre fin à des années de blocage de l’institution.

« Les membres de l’OMC viennent d’accepter de nommer la Dr Ngozi Okonjo-Iweala comme prochain directeur général de l’OMC. La décision a été prise par consensus lors d’une réunion spéciale du Conseil général de l’organisation aujourd’hui », a annoncé l’OMC, une quinzaine de minutes après l’ouverture de la réunion.

L’Afrique en ordre dispersé

Neuf mois, c’est le temps qu’il a fallu à l’OMC pour accoucher d’une nouvelle directrice générale. Un accouchement qui ne fut pas sans douleurs. La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a du en effet affronter de multiples défis avant de s’imposer par consensus.

L’Afrique qui n’avait jamais dirigé l’OMC est d’abord parti en ordre dispersé, présentant trois candidats, dont la kenyane Amina Mohamed qui a longtemps fait figure de favorite en raison de sa connaissance des rouages internes de l’organisation. Autre handicap, la candidate nigériane n’a été soutenu que du bout des lèvres par son pays. Le président Buhari mégotant ostensiblement ses gestes de soutien.

Veto américain

Alors qu’en octobre, le consensus finissait par se faire autour de l’ancienne vice-présidente de la Banque mondiale, coup de théâtre, Donald Trump oppose son veto. Il lui préfère la Sud-Coréeenne Yoo Myung-Hee.

L’OMC a sagement décidé d’attendre les résultats de la présidentielle américaine, avant de prendre une décision, une stratégie payante pour Ngozi Okonjo Iweala, puisque le nouveau président américain, Joe Biden n’a pas tardé à lever son veto et à lui apporter son soutien. Elle succède ainsi au Brésilien Roberto Azevêdo qui avait démissionné mi-mai 2020 en plein mandat pour des raisons familiales.

De « nombreux défis » à relever

Ngozi Okonjo-Iweala prend la tête de l’institution internationale alors que la pandémie de Covid-19 affecte toutes les économies dans le monde. Ces premiers mots de directrice ont d’ailleurs rappelé cette situation. Elle a immédiatement appelé à une remise en marche de l’OMC, jugeant « essentiel » que l’institution soit « forte » pour surmonter les « ravages causées » par le virus et relancer l’économie mondiale. « Notre organisation est confrontée à de nombreux défis mais en travaillant ensemble, nous pouvons collectivement rendre l’OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui », a-t-elle souligné.

Diplômée de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ex-numéro deux de la Banque mondiale, deux fois ministre des finances du Nigéria, l’économiste de 66 ans a prévenu avant même sa nomination que si elle prenait la tête de l’OMC, ce serait pour ses compétences et pas ses origines, rappelle notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. Cette libérale convaincue n’est pas là pour renverser la table mais elle espère bien sortir l’organisation de la torpeur dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années:

« La première priorité c’est de trouver des solutions à la pandémie, a-t-elle déclaré. Pas seulement sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan économique. Et comment la libéralisation et la reprise du commerce va aider l’économie à repartir. J’aimerais après cela qu’on travaille sur les négociations sur les subventions au secteur de la pêche. Cela fait 20 ans qu’elles durent. C’est bien top long. Alors qu’elles sont capitales, notamment pour la préservation du secteur ».

Autre priorité de la nouvelle patronne de l’OMC, institutionnelle celle-là : relancer le système de règlement des litiges de l’organisation, complètement paralysé depuis que Donald Trump a refusé de renouveler les juges de l’organe d’appel. L’arrivée de l’administration Biden va sans doute rendre la tâche du docteur Ngozi un peu plus simple. Même si elle ne règle pas tout dans une OMC où le bras de fer entre États est désormais la règle et le consensus l’exception.

L’OMC sort donc d’une période difficile, marquée par les blocages répétés de l’administration Trump sur fond de guerre économique entre Washington et Pékin. Pour Philippe Barbet, professeur d’économie à l’université Paris-Nord et invité de RFI ce lundi, il faut que l’organisation retrouve le multilatéralisme qui la caractérisait à ses débuts. « La logique initiale, celle du GATT, puis de l’OMC en 1995, était celle d’une ouverture internationale de type multilatéral, avec de grands accords multilatéraux, précise ce dernier. Et depuis plusieurs années, on était plutôt sur une logique de relations de type bilatéral. Les négociations se faisaient entre pays, voire entre blocs. » Or pour Philippe Barbet, la crise du Covid-19 a montré « qu’une logique de type multilatéral est probablement plus efficace ».

rfi

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