Député de la diaspora : Une valeur ajoutée ou un simple accroissementdes charges budgétaires ?

Dès la 13e législature, le nombre de députés à l’Assemblée Nationale sénégalaise est passé de 150 à 165. Le code électoral du pays, dont la modification a été adoptée le lundi 2 janvier 2017 permet aux citoyens sénégalais résidant à l’étranger d’être représentés à l’Assemblée nationale par ces 15 parlementaires venant de différentes circonscriptions, notamment en Europe, en Amérique, en Asie Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, en Afrique du centre et en Afrique australe. En effet, ce projet de loi faisait suite à la révision constitutionnelle validée par référendum le 20 mars 2016.

Avec cette 13e législature, le président de la République a fait de la diaspora une 15e région et l’a dotée de 15 députés. C’est une grande première qui a permis aux parlementaires de  bien représenter les sénégalais de l’extérieur. 

Député, Mor Kane Ndiaye de la diaspora Afrique du Nord, considère que ces cinq ans qu’ils ont passés, en tant que parlementaires de la diaspora,  leur ont permis de mener des activités, à travers la mise en place d’un collectif pour mieux peser sur la balance des débats qui se déroulent à l’Assemblée nationale. « Les projets que nous avons eu à matérialiser sont nombreux. Ce qui est le plus important à souligner, c’est le vécu des sénégalais de la diaspora. Comment faire pour que ces problèmes qu’ils rencontrent au niveau des pays étrangers puissent connaître des solutions. Chaque pays a ses spécificités. D’un pays à l’autre, ces difficultés varient. Mais globalement, ce qui fait la particularité du travail du député de la diaspora, est cette singularité liée au vécu de nos compatriotes qui mérite bien notre attention », précise le représentant de l’Afrique du nord.

Selon Mor Kane Ndiaye, les députés de la diaspora ont, sur le volet diplomatique, notamment du côté de la documentation, mis beaucoup d’énergie pour parvenir aux résultats escomptés. « Quand le passeport d’un sénégalais de l’extérieur a expiré, il n’est plus nécessaire de se déplacer dans son pays d’origine pour un renouvellement. Les documents sont désormais renouvelés dans le pays où l’on se trouve. » Aussi,  à l’Assemblée nationale, en tant que député de la diaspora, Mor Kane Ndiaye rappelle que la loi sur la parité et sur la gestion de la migration, ont été déterminants. Même dans le cadre du bien être des sénégalais de l’extérieur, les députés de la diaspora ont toujours insisté sur la nécessité d’une bonne prise en charge des questions liées aux bavures contre nos compatriotes. « Il est toutefois heureux de signaler que les autorités diplomatiques ont toujours été attentives à cela », a-t-il signifié au passage. 

Au niveau des débats, des discussions et en commission technique, la diaspora est bien présente. Il faut aussi saluer, selon lui, cette interconnexion entre la diaspora et l’exécutif avec le lien qui est bien établi.

Toutefois, il y’a un travail qui est entamé, mais des points stagnent toujours. En ce qui concerne la libre circulation des personnes et des biens en Afrique du nord, elle tarde à être mise en œuvre. Aussi, le statut de député de la diaspora est toujours pendant. « Nous ne pouvons pas avoir le même traitement avec les autres députés qui sont au niveau national. Nous gérons des départements qui ont plus de 10 départements parfois. Le renforcement des députés de la diaspora doit avoir lieu car, les déplacements ne peuvent être opérés uniquement avec deux billets qui reviennent aux parlementaires de la diaspora. Finir cette législature sans la mise en place du statut du député de la diaspora, peut bien être un regret », nous confirment nos deux interlocuteurs, Mor Kane député du Pds, vivant en Europe du Sud, en Espagne qui verse dans la même logique que Mor Kane Ndiaye, de l’Afrique du Nord.

Ces parlementaires invitent toutefois le gouvernement du Sénégal à continuer à assister cette diaspora qui apporte une manne financière de 1 300 milliards injectés chaque année dans l’économie sénégalaise. Une bonne gestion de la gouvernance de la migration avec une planification et un renoncement exhaustif sont importants.

Pour le député de l’opposition, d’énormes difficultés sont vécues du fait de la faiblesse de leurs moyens. « Le président de la république, en premier responsable, doit intervenir pour que les députés de la diaspora retrouvent le statut qu’il leur faut. »  Selon lui, en faisant voter, à travers un référendum la mise en place de 15 députés au niveau de l’assemblée nationale, le président Macky Sall devrait bien être conscient que l’accompagnement de ces députés de la diaspora doit se faire. Au niveau des consulats, en tant que parlementaires, Mor Kane estime la pertinence d’avoir un bureau qui leur permettra de recueillir les avis des sénégalais de l’extérieur pour mieux apporter leurs doléances au niveau de l’assemblée. 

Par rapport aux difficultés, le parlementaire rappelle que dans certains pays comme la Turquie ou la Grèce, c’est la croix et la bannière pour trouver des papiers. D’où l’utilité selon lui, de continuer avec la législature à venir, de continuer le combat. Cependant, pour lui, des acquis concernent la retraite, les permis de conduire qui faisaient défaut et qui sont aujourd’hui une réalité.

Pour le troisième parlementaire avec qui Dakaractu s’est entretenu, dans sa circonscription, on retrouve la France, l’Angleterre, la Belgique. Pour  Demba Babayel Sow, depuis 2017, les députés de la diaspora peuvent apprécier ce bilan satisfaisant malgré la particularité de la diaspora et les différents manquements notés dans la cadre de l’exécution de leur travail parlementaire. Les actes que les députés de la diaspora ont posés sont divers. Dans plusieurs domaines, le parlementaire estime qu’ils ont marqué leur empreinte notamment dans le cadre administratif avec le passeport qui passe de 5 ans à 10 ans. Ce qui est déjà un acquis considérable. Aussi, la disposition des certificats de nationalité : un combat mené notamment auprès des ministres de la justice et de l’intérieur. Les députés de la diaspora ont mené un travail important pour permettre aux sénégalais de l’extérieur voulant investir au Sénégal, d’avoir la facilité de le faire en étant en contact avec les ministères de différents départements, de l’avis de Demba Babayel Sow, par ailleurs président du réseau pour la bonne gouvernance des ressources minérales. En outre, en matière de santé, les députés de la diaspora se disent bien impliqués dans la gestion des affaires sanitaires des compatriotes. 

Demba Bayel Sow manifeste toutefois sa volonté de voir certains projets de lois votés au cours de la législature suivante. Des efforts sont toujours à faire, selon le parlementaire du côté de Paris, pour matérialiser les autres points pendants pour répondre aux attentes des compatriotes.

Cheikh Oumar Sy, ancien parlementaire : « Il faut établir des fiches techniques pour informer des activités des parlementaires »

Pour avoir fait son temps à l’Assemblée nationale, Cheikh Oumar Sy sera bien à l’aise pour s’exprimer sur cette 13e législature et le travail des députés de la diaspora. « Il faut retenir que les députés de la diaspora n’avaient pas tous les outils nécessaires pour mener leur travail. On ne peut pas demander à un député de la diaspora d’être redevable aux compatriotes vivant à l’étranger, de mener le travail parlementaire sans les mettre dans les conditions appropriées », dira l’ancien député de Bes Du Niak rappelant au passage qu’il a particulièrement travaillé avec le député Demba Babayel Sow, président du réseau pour la bonne gouvernance des ressources minérales, avec Aboubacry Diallo etc… En effet, Cheikh Oumar Sy rappelle qu’ils ont effectué un travail acharné. Mais est ce que ce travail a été évalué ? Une question que se pose le député de la législature précédente. Cheikh Oumar Sy estime qu’à ce stade, il n’a pas d’outils qui montre que leur travail est évalué. Cependant, cette évaluation ne devrait même pas se limiter au travail des parlementaires de la diaspora, mais à tous les députés de manière générale.

Donnant son appréciation sur le travail parlementaire depuis 2017, l’ancien député se dit loin d’être satisfait car, concevant cette législature finissante, extrêmement politisée. Le travail parlementaire, selon Cheikh Oumar Sy, a été très mitigé. Ce que nous devons faire pour avoir des députés qui répondent aux aspirations du peuple, c’est de se débarrasser de ses considérations politiciennes et ces attitudes loin d’honorer l’espace parlementaire…

dakaractu

Les commentaires sont fermés.