Charnier de Gossi: réactions au Mali
Comment réagit-on au Mali et sur les réseaux sociaux après les révélations faites vendredi 22 avril par l’armée française sur la mise en scène d’un charnier à Gossi, dans le nord du Mali ? L’armée française affirme, images aériennes à l’appui, que des mercenaires russes du Groupe Wagner ont accompagné les soldats maliens dans la base de Gossi, tout juste rétrocédée par la force Barkhane qui est en train de quitter le Mali, aux Forces armées maliennes.
Les images que l’armée française a communiquées montrent des Blancs, en treillis, présentés comme des mercenaires de Wagner, en train d’enterrer des corps à proximité de la base de Gossi, dans le but de faire croire que les soldats français avaient laissé ces cadavres derrière eux.
Quelques heures plus tard, un faux compte Twitter, attribué à un soldat malien, dénonçait le « crime contre le peuple malien fait par les Français ».L’armée française a donc rendu publiques les images en sa possession – fait exceptionnel – pour contrer cette tentative de désinformation.
De nombreux comptes Twitter attribués à des Maliens s’interrogent sur les performances technologiques de Barkhane, plus efficaces pour s’attaquer aux alliés russes de l’armée malienne qu’aux jihadistes qui terrorisent le pays. Cet argument, censé illustrer l’invraisemblance des révélations de l’armée française, est repris en boucle avec, le plus souvent, beaucoup de virulence, voire d’insultes, comme c’est le cas depuis plusieurs mois vis-à-vis de l’armée française, régulièrement accusée d’être au Mali pour piller ses ressources, diviser le pays ou encore maintenir ses habitants dans la dépendance de la France.
Aucune réaction publique parmi les politiques maliens ou la société civile, à ce stade, de quelque bord que ce soit. Il faut dire que toute prise de parole sur l’armée nationale, à moins d’être dithyrambique, est devenue très risquée. Comme en témoigne la nouvelle procédure qui vise l’opposant Oumar Mariko qui se cache pour échapper à la justice depuis qu’il a osé dénoncer les allégations d’exactions portées contre l’armée.
« Les éléments publiés ne suffiront pas à convaincre les Maliens de la version française », analyse un chercheur malien à Bamako, en référence à la propagande intensive des autorités, mais aussi à la qualité des images et des informations distillées par l’armée française, susceptibles d’être contredites.
« Tout le monde sait que les Français n’ont jamais brûlé ces corps », estime, quant à lui, un journaliste malien de la capitale. « C’est une méthode importée au Mali par les Russes », une réflexion que ce journaliste n’oserait jamais publier avec sa signature.
L’armée malienne a réagi vendredi soir dans un communiqué, où elle délivre sa version des faits.
rfi
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