Présidence de l’Assemblée : Dias, un autre son de cloche
Dans l’idée d’éviter une candidature de Barthélemy Dias à la présidence de l’Assemblée nationale, Ousmane Sonko serait en train de travailler à faire passer Lamine Thiam à la place. Dans le souci de ne pas donner à un rival potentiel pour 2024, beaucoup de moyens pour se positionner.
Par Mohamed GUEYE – Le lundi 12 septembre, l’Assemblée nationale a des chances de se transformer en arène pour plusieurs combattants. Si le combat entre Benno bokk yaakaar (Bby) et l’Inter-coalition Yewwi askan wi (Yaw) et Wallu est subodoré et attendu, peu sont ceux qui imaginent qu’il puisse y avoir d’autres combats au sein de différentes coalitions dont, en particulier, celle de l’opposition. Et la première friction que les leaders essaient d’éviter, va être causée par le siège de président de l’Assemblée nationale.
Si l’on sait qu’au sein de Benno, Macky Sall a pu obtenir de ses députés, qu’ils lui confient la décision de leur désigner le meilleur profil pour les différents postes électifs de l’Hémicycle, au sein de l’inter-coalition cette question n’est pas encore résolue.
Il est néanmoins avéré que le maire de Dakar, Barthélemy Dias, a fait part de sa volonté de postuler pour le perchoir, et il attend des députés de l’inter-coalition un soutien ferme et unanime, en espérant une défection «dans le camp d’en face». Mais il n’est pas garanti que sa candidature passe les fourches caudines des intérêts crypto-personnels.
En effet, Ahmed Aïdara, le maire de Guédiawaye, n’a pas non plus fait mystère de sa volonté de se présenter au vote pour le Perchoir. Si cela fait désordre, Barthélemy Dias et ses partisans ne craignent pas outre-mesure une candidature de Aïdara. Même dans les rangs des partisans de ce dernier, on reconnaît que «c’est une candidature de perturbation». Ces proches estiment que le maire de Guédiawaye veut, se faisant, chercher à obtenir un poste de vice-président de l’Assemblée. «Alors, il crie pour le Perchoir, mais il sera heureux de devenir vice-président», assurent-ils. Et il est certain qu’un candidat de son camp pourrait le lui promettre si nécessaire. Et ce n’est donc pas cela le vrai danger.
Des proches du leader de Pastef, Ousmane Sonko, affirment que leur président travaillerait à faire passer l’idée d’une candidature de Lamine Thiam, de Wallu, pour le Perchoir. Et pour les membres de Pastef, c’est une candidature qui a plus de chances de passer, parce qu’elle pourrait même plaire à la coalition du pouvoir.
Ces gens font valoir que «Lamine Thiam est un candidat de compromis, et plein d’expérience. Ancien questeur, il connaît bien les rouages du Parlement, et n’est pas susceptible de chercher à créer des conflits au sein de l’Assemblée. C’est un homme de consensus». Sous-entendu, pas comme un Barthélemy Dias par exemple, connu pour son tempérament sanguin.
Toutefois, le non-dit dans l’affaire, selon des observateurs, est que Ousmane Sonko chercherait autant que possible, à éviter d’avoir un Barthélemy Dias à la présidence de l’Assemblée nationale. En plus de sa position de maire de Dakar, assis sur un budget de plus de 60 milliards de francs Cfa, si Barth’ devait présider l’Assemblée, il deviendrait incontournable dans l’opposition. Il serait alors difficile de déclarer, en parlant de lui : «Tu n’es pas un leader, tu dois obéir !», comme Sonko l’avait rapporté une fois.
De plus, Dias-fils a toujours dit qu’il était inacceptable pour lui et pour ses camarades, qu’il y ait une élection présidentielle dans ce pays sans un candidat du Parti socialiste. Et il a toujours réitéré sa volonté de faire valider la candidature de Khalifa Sall. Or, si ce dernier restait toujours inéligible, on ne pourrait écarter l’hypothèse que de guerre lasse, Barthélemy Dias présente la sienne de candidature. Et dans ces conditions, Ousmane Sonko pourrait être gêné aux entournures.
Donc, sous le prétexte de consolider l’alliance avec l’inter-coalition, Ousmane Sonko voudrait écarter son allié Barth’ pour faire la place au nouvel allié de circonstance, de qui il n’aurait pas grand-chose à craindre. Pour le moment.
lequotidien
Les commentaires sont fermés.