Procès Barthelemy Dias : 52 députés en écharpe au Palais de justice, «un paradoxe dans une République»

Le maire de Dakar dont le délibéré du procès en appel sera rendu mercredi prochain, bénéficiera du soutien de ses collègues parlementaires et membres de YewwiAskan Wi. Une initiative mal vue par un juriste.

Le verdict du procès en appel de Barthélémy Dias, tenu en mars dernier, sera rendu mercredi prochain. Il a été initialement fixé le 18 mai puis reporté pour des raisons non précisées. Seneweb a appris qu’une cinquantaine de députés de YewwiAskan Wi, écharpe de parlementaire en bandoulière, prévoient d’apporter leur soutien à leur collègue et maire de Dakar. Ce qui irrite un juriste, qui y voit «une sorte de pression sur le juge qui doit rendre son verdict».

«C’est surréaliste de voir des députés tenter d’intimider des magistrats par leur présence physique et leurs écharpes afin de les empêcher d’appliquer la loi qu’ils ont eux-mêmes votée, dénonce notre interlocuteur qui a requis l’anonymat. La prochaine fois qu’on fera des lois, il serait bon d’y ajouter qu’elles ne concernent que le bas peuple mais pas les représentants du peuple et que quelques hommes politiques peuvent les violer.»

Notre source estime que l’édile de la capitale est sur le point de reproduire le même schéma que le président de Pastef, également maire (de Ziguinchor), lorsqu’il a été convoqué par la justice, en mars dernier, pour répondre des accusations de viol et de menaces de mort portées contre lui par AdjiSarr. «Sonko avait utilisé les jeunes comme boucliers pour ne pas répondre à la justice. Résultat : 14 morts en mars 2021, s’insurge le juriste. Mercredi, Barthelemy Dias, le premier magistrat de la ville de Dakar,  lui veut carrément utiliser 52 députés comme ‘rempart’. Ce qui est un paradoxe dans une République.»

Notre interlocuteur ajoute : «Dans la division du travail républicain, les députés votent les lois et les magistrats les appliquent. Les magistrats ne font pas la loi, ils ne font qu’appliquer les lois votées par les représentants du peuple.»

Barthélémy Dias a été jugé en première instance en 2017. Il a été reconnu coupable de «coups mortels», notamment, et condamné à deux ans de prison dont six mois ferme. Il avait purgé cette peine en détention préventive. Néanmoins, il avait interjeté appel, estimant être l’agressé et non l’agresseur. L’affaire a été jugée en appel cinq ans plus tard, en mars dernier. Au terme des débats, le procureur avait requis cinq ans de prison. La balle est dans le camp du juge.

seneweb

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