Le saxophoniste américain et géant du jazz Wayne Shorter est mort à 89 ans

L’emblématique saxophoniste de jazz Wayne Shorter est mort à 89 ans à Los Angeles, ce jeudi 2 mars, a annoncé le quotidien américain New York Times, citant son attachée de presse. Le géant de la musique américaine a été l’un des compositeurs les plus influents du genre.

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Avec une carrière de plus d’un demi-siècle, Wayne Shorter a façonné le jazz et ses changements majeurs, notamment dans les années 1960 et 1970, à la fois en tant que leader de groupe et aux côtés d’autres géants, tels que Miles Davis, Art Blakey, Joni Mitchell et Carlos Santana. Sa mort a été confirmée par son attachée de presse, Alisse Kingsley, auprès du New York Times et du Washington Post, sans citer la cause du décès de ce musicien né en 1933 à Newark, près de New York.

S’il est devenu une star avec son album Speak No Evil de 1964, celui qui fut aussi un compositeur très admiré avait déjà marqué les esprits en tant que directeur musical des Jazz Messengers d’Art Blakey et membre du Miles Davis Quintet, de 1964 à 1970. Au sein de celui-ci, son mélange d’harmonies à la fois complexes et mélodiques a aidé le groupe du trompettiste à briser la frontière encore très hermétique entre le jazz acoustique, le jazz électrique et le rock, avec ses compositions comme « Nefertiti » ou « Sanctuary », sortie dans le légendaire disque Bitches Brew, en 1970.

Wayne Shorter a ensuite à nouveau marqué le genre avec le jazz fusion, notamment en fondant le groupe mythique Weather Report, qui a eu dans sa formation le légendaire bassiste Jaco Pastorius.

Un saxophone au « discours un peu plus rêveur »

« Même si ça n’est pas un chef de file, comme John Coltrane ou Charlie Parker, qui tout d’un coup ont montré la voie, il a apporté beaucoup à l’histoire du jazz, estime Franck Bergerot, journaliste et auteur de plusieurs livres sur Miles Davis. C’est un personnage, un poète, quelqu’un de complètement à part, qui a contribué à de grandes histoires puisqu’il a été le directeur musical d’Art Blakey et un compositeur important », poursuit l’historien.

En 1960, il a 26 ans lorsqu’il est embauché par Art Blakey dans ses Jazz Messengers : depuis lors, et jusqu’à ce que sa santé ne se détériore subitement début 2019, ce saxophoniste ténor et soprano était quasiment toujours resté au sommet. En toute discrétion. « Elle s’est distinguée par rapport aux voix plus viriles du hard bop, note Franck Bergerot en citant le subgenre du jazz auquel ces grands noms ont été associés. Il a incarné une sorte de voix médiane, un discours un peu plus rêveur. »

Ce style, ce phrasé un peu de travers, ces chorus jamais conventionnels, fait de suspensions, de déroutants changements de direction et de tempo, vont s’épanouir pleinement chez Miles Davis. La musique de climats que prône le célèbre trompettiste, contrastant avec le hard bop d’Art Blakey plus rentre dedans, lui libère des espaces.

Le saxophoniste américain Wayne Shorter aux côtés de Joe Zawinul, son collègue du groupe Weather Report , à Juan-Les-Pins le 18 juillet 1984.
Le saxophoniste américain Wayne Shorter aux côtés de Joe Zawinul, son collègue du groupe Weather Report , à Juan-Les-Pins le 18 juillet 1984. AFP – ERIC GAILLARD
rfi

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