Hommages pour les 50 ans de la mort d’Omar Blondin Diop
Au Sénégal, des cérémonies sont organisées depuis jeudi 11 mai et jusqu’à samedi, 50 ans après la mort d’Omar Blondin Diop. Cet intellectuel révolutionnaire, panafricaniste et figure du mouvement post soixante-huitard, est mort en détention le 11 mai 1973 sur l’île de Gorée, sous le régime de l’ancien président Léopold Sédar Senghor. Officiellement, c’était un suicide. Mais 50 ans après, la famille et les proches d’Omar Blondin Diop demandent une réouverture du dossier, et transmettent son héritage.
Récital de Coran sous un manguier dans la cour de la maison familiale en mémoire d’Omar Blondin Diop. Pour Dialo Diop, l’un de ses frères, ses idées, ses réflexions politiques restent plus que jamais d’actualité.
« Le problème du néocolonialisme, sur le fait que les sociétés impérialistes colonialistes esclavagistes étaient elles-mêmes des sociétés aliénées, des sociétés à transformer exactement comme l’Afrique… On a l’impression qu’il parle du monde d’aujourd’hui », explique-t-il.
« Omar avait un formidable appétit pour la vie »
C’est au cimetière de Soumbédioune, face à la mer, qu’Omar Blondin Diop a été enterré après son décès en cellule dans la prison de Gorée, à l’âge de 26 ans. Alioune Sall, son ami et compagnon de route, est surnommé Paloma, son « nom de guerre ». Il se souvient de l’annonce de la mort de son camarade le 11 mai 1973. « J’étais en prison, j’avais été transféré de Gorée au camp pénal », se rappelle-t-il.
Il n’a jamais cru à la thèse du suicide. « Je connais Omar, je sais qu’il avait un formidable appétit pour la vie, une combativité, une résistance », explique Alioune Sall. « Mais je crois que les idées qu’il incarnait faisaient peur, parce que c’étaient des idées de rupture, dans un contexte où le dirigeant sénégalais a pensé qu’au fond, c’est le passé des autres qui devait servir d’avenir au Sénégal. »
Le « Che Guevara africain »
Né à Niamey, brillant étudiant du lycée Louis Le Grand puis de Normale Supérieure en France, Omar Blondin Diop est passé entre autres par la Syrie, l’Algérie, avant de s’installer Mali. C’est là qu’il a été arrêté en 1971 puis extradé à Dakar.
Aguibou Diarra H. a fait le voyage depuis Bamako pour participer aux cérémonies. Il raconte : « C’était le temps de la révolution. La Garde rouge en Chine, Mai-68 en France, les Tupamaros, le Black Panther… Nous étions en contact avec tous ces mouvements. Oumar, c’est le “Che Guevara africain”. »
Un nouvel écho pour une figure restée méconnue
Cinquante ans plus tard, la figure d’Omar Blondin Diop reste méconnue au Sénégal comme dans la sous-région, mais trouve un nouvel écho, estime l’historien Florian Bobin qui travaille sur une biographie de l’intellectuel et militant.
« Depuis une dizaine d’années, c’est une mémoire qui ressurgit régulièrement dans le champ militant et artistique sénégalais. Mais au-delà de ça, il y a aussi un travail de diffusion à faire et puis [il faut] lever le tabou et rouvrir le dossier sur sa mort. »
La famille et les proches se basent sur un fait nouveau : le témoignage, dans un documentaire, de Moustapha Touré, doyen des juges d’instruction à l’époque – aujourd’hui décédé –, qui remet en cause la thèse du suicide. 50 ans après, pour Dialo Diop et ses proches, le combat continue : « C’est un mur qu’on finira par faire tomber. C’est une question de temps. »
rfi
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