JO 2024 : Zinédine Zidane, Lady Gaga, Céline Dion, un spectacle total sur la Seine et le déluge…
Les Jeux olympiques de Paris ont été officiellement ouverts vendredi au terme d’une cérémonie flamboyante, malgré une pluie diluvienne. Le metteur en scène Thomas Jolly a réussi son pari d’offrir aux spectateurs un spectacle en immersion dans une capitale transformée en gigantesque scène.
Une parade grandiose sur la Seine, Zinédine Zidane en sauveur, Teddy Riner et Marie-José Pérec en allumeurs de chaudron, et L’Hymne à l’amour par une Céline Dion émue aux larmes sur la Tour Eiffel en bouquet final, le tout sous le déluge pour rendre le moment encore plus unique : la France a lancé ses Jeux olympiques par un spectacle total à Paris, vendredi 26 juillet.
« Je proclame ouverts les Jeux de Paris célébrant la XXXIIIᵉ olympiade des temps modernes », a sobrement déclaré Emmanuel Macron sur l’esplanade du Trocadéro, aux côtés du patron du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, du président du Comité d’organisation des Jeux, Tony Estanguet, et de 85 chefs d’État et de gouvernement, qui ont supporté stoïquement les trombes d’eau qui se déversaient sur Paris.
En sortant pour la première fois le défilé des athlètes et la cérémonie d’ouverture d’un stade, les organisateurs voulaient réinventer un exercice qui pouvait paraître poussiéreux. Même les figures imposées ont été conçues avec panache : la vasque allumée à l’issue de la cérémonie
au cœur du jardin des Tuileries, par deux légendes du sport français, la plus importante figure de son athlétisme, Marie-Josée Pérec, et la star du judo Teddy Riner, s’est muée en montgolfière s’élevant dans le ciel parisien.
Le metteur en scène Thomas Jolly a bâti un spectacle en immersion dans la capitale dont il a fait une scène globale. Au cours d’une cérémonie fleuve, douze tableaux vivants ont animé le fil de la soirée, entrecoupés par le traditionnel défilé des 206 délégations olympiques réparties sur près d’une centaine d’embarcations. Cette odyssée s’est faite sans la trentaine de Russes et de Bélarusses autorisés à participer à titre individuel, sous bannière neutre, mais privés de parade en raison de l’invasion de l’Ukraine.
« Mon Truc en plumes » par Lady Gaga
Point de départ du show démarré à 19 h 30, qui a entremêlé sport, art et protocole olympique, l’humoriste français Jamel Debbouze, torche en main dans le Stade de France vide… Erreur, l’enceinte n’accueille pas la cérémonie ! Pour tenter de sauver la situation, il transmet la flamme à la légende du football Zinédine Zidane. L’ancien n° 10 des Bleus s’embarque dans une odyssée parisienne, métro compris. Bloqué, il doit transmettre la torche à des enfants, puis à un mystérieux inconnu, fil rouge du spectacle, inspiré notamment par le jeu vidéo Assassin’s Creed.
La cérémonie a été marquée par plusieurs temps forts. La chanteuse américaine Lady Gaga a inauguré la cérémonie en reprenant « Mon truc en plumes » de Zizi Jeanmaire dans un numéro rendant hommage au cabaret et au music-hall. L’artiste franco-malienne Aya Nakamura a interprété un medley de ses chansons et de celles de Charles Aznavour, accompagnée de la Garde républicaine. Juliette Armanet, au côté du pianiste Sofiane Pamart, a repris avec émotion Imagine, de John Lennon, tandis que le groupe de metal Gojira enflammait la Conciergerie avec un Ça Ira lancé par une Marie-Antoinette tenant à son bras sa tête coupée.
Autre scène forte, un cheval mécanique argenté lancé au galop a parcouru la Seine sur six kilomètres d’est en ouest, jusqu’à la Tour Eiffel, pour propager « l’esprit olympique ». Au terme de cette chevauchée, une cavalière, vêtue d’une cape frappée des anneaux olympiques, a rejoint le Trocadéro, en face de la Tour Eiffel, suivie des drapeaux des Comités nationaux olympiques participants, pour apporter le drapeau olympique.
La communauté LGBT + célébrée
Pendant près de quatre heures, dans un mélange d’images enregistrées et de spectacle vivant le long de la Seine, Thomas Jolly a convoqué l’histoire de France, ses écrivains comme Victor Hugo, ses artistes, Serge Gainsbourg, Jacques Tati, Eugène Delacroix ou Georges Bizet. Et bien sûr, ses plus grands sportifs – outre Zinédine Zidane, Teddy Riner et Marie-José Perec, Amélie Mauresmo, David Douillet, Marie-Amélie Le Fur, Tony Parker, Jean-François Lamour, Laure Manaudou, Clarisse Agbegnenou, entre autres, ont porté la flamme. Des stars mondiales du sport de plusieurs générations leur ont prêté main-forte : Rafael Nadal, Nadia Comaneci, Serena Williams et Carl Lewis.
Mais le metteur en scène entendait aussi célébrer la modernité, la diversité, le respect de la différence et l’inclusivité. La communauté LGBT + a été mise en lumière, avec le baiser de deux hommes ou une Cène jouée par des drag-queens.
Parmi la riche bande-son de cette cérémonie, le tempo de Supernature, morceau légendaire de l’un des parrains de la scène électro française, Marc Cerrone, sur lequel s’est produit le danseur américain Shaheem Sanchez, qui souffre de surdité, pendant que la tour Eiffel s’embrasait.
Philippe Katerine, extraterrestre de la chanson française, coutumier des excentricités et des provocations, est apparu en Dionysos, le corps peint en bleu pailleté de doré, pour chanter son morceau Nu.
Les femmes à l’honneur
La cérémonie a également mis à l’honneur des femmes dont l’apport historique a souvent été occulté, avec des statues appelées à rester dans les rues de Paris : les héroïnes du droit à l’avortement Simone Veil et Gisèle Halimi, la révolutionnaire guillotinée Olympe de Gouges, la Communarde exilée Louise Michel, ou encore la pionnière du sport féminin Alice Milliat, tant méprisée par le père de l’olympisme moderne, Pierre de Coubertin.
« Les prestations sont époustouflantes, j’aurais juste aimé qu’il ne pleuve pas », a confié Said Pauline Brett, 69 ans, venue de Chicago, avec son mari et sa fille. « Le spectacle est fantastique. Juste un peu humidifiée par la météo… », s’amuse Mike Smith, 57 ans, un consultant. Certains n’ont pas eu ce flegme. Les secteurs du haut des berges, réservés aux 220 000 invités (pour 100 000 payants), sont souvent apparus clairsemés. Et sitôt passé le bateau français, la dernière des 85 embarcations transportant les 206 délégations, les spectateurs ont souvent jeté l’éponge, comme Brahim, 19 ans : « Je vais essayer d’arriver à temps pour regarder la fin à la télé.
« Quand on aime les Jeux, d’abord, on ne se laisse pas impressionner par quelques gouttes de pluie », a lancé, les yeux brillants, Tony Estanguet sous les applaudissements de la foule trempée, avant que les Jeux ne soient déclarés ouverts par Emmanuel Macron. Le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, a reconnu tard vendredi soir que le show avait subi « des modifications » en raison des pluies diluviennes, mais qu’au final, le résultat était « assez proche » de ce qu’il avait « conçu ». « On sort d’une journée épique, et d’une traversée de Paris flamboyante », a-t-il résumé lors d’une conférence de presse près d’une demi-heure après la fin de l’événement. « On a revu beaucoup de choses dans la journée (…) la pluie voulait vraiment être là, elle s’est d’ailleurs arrêtée juste après la cérémonie », s’est-il amusé.
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