LE NEW YORK TIMES DISSÈQUE L’ÈRE MBOW À L’UNESCO

Premier Africain noir à diriger l’organisation, Amadou Mahtar M’Bow a secoué l’ordre établi de 1974 à 1987. Le prestigieux quotidien américain dresse le portrait d’un homme qui a osé défier l’Occident au nom du Sud global

Le prestigieux quotidien américain New York Times (NYT) dresse un portrait nuancé d’Amadou Mahtar M’Bow, décédé mardi à Dakar à l’âge de 103 ans. Premier Africain noir à diriger une grande organisation internationale, M’Bow a marqué l’histoire de l’UNESCO par un mandat aussi novateur que tumultueux de 1974 à 1987.

Selon le New York Times, M’Bow s’est transformé en « fer de lance des chagrins du monde en développement et du bloc soviétique, principalement contre la domination culturelle occidentale ». Cette orientation a provoqué de vives tensions avec les puissances occidentales, culminant avec le retrait des États-Unis en 1984 et du Royaume-Uni en 1985.

Le journal américain met en lumière la controverse autour du « nouvel ordre mondial de l’information » promu par M’Bow. Cette initiative, perçue par beaucoup en Occident comme une menace à la liberté de la presse, visait à rééquilibrer les flux d’information entre le Nord et le Sud. Le quotidien new-yorkais rapporte les propositions de M’Bow lors d’une conférence de l’UNESCO en 1982 : « Si les médias ont la liberté de dire ce qu’ils veulent, alors les autres ont le droit de juger ce qu’ils veulent dire », une déclaration qui avait prononcé des « applaudissements tonitruants ».

Le NYT n’élude pas les accusations de mauvaise gestion et de népotisme qui ont entaché le mandat de M’Bow. Il cite notamment les critiques du représentant démocrate James H. Scheuer, qui dénonçait en 1984 une centralisation excessive du pouvoir au sein de l’organisation.

Cependant, le New York Times reconnaît également les réalisations importantes de d’Amadou Mahtar M’Bow, comme l’établissement de la Convention du patrimoine mondial en 1976 et le lancement du projet « L’Histoire générale de l’Afrique ». Ces initiatives témoignent de sa volonté de rééquilibrer les perspectives culturelles et historiques au niveau mondial, selon le journal.

Il souligne le statut de héros national dont M’Bow jouissait au Sénégal, illustrant ainsi le contraste entre sa perception dans son pays d’origine et les critiques formulées par les puissances occidentales.

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