La candidature de M. Hott à la BAD n’est pas à la Hauteur » – (ONG)
Le Directeur Exécutif de l’ONG Lumière Synergie pour le Développement (LSD) Aly Sagne estime que le Sénégalais Amadou Hott a très peu de chance de briguer la Présidence du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD). Malgré le soutien affiché du gouvernement du Sénégal, Aly Sagne pense que « La candidature de M. Hott intervient un peu tardivement. Aussi dans une lecture ‘’Pro Société Civile’’, Hott n’est pas le profil idéal pour remplacer M. Adésina dont le mandat arrive en terme le 29 mai 2025 ». M. Sagne a fait cette déclaration en marge de l’Assemblée Général annuelle de l’ONG tenue ce samedi 30 novembre 2024 à Saly.
L’élection à la tête du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui se tiendra à Abidjan (Côte d’Ivoire) le 29 mai prochain, intéresse au plus haut niveau le Directeur Exécutif de LSD, M. Aly Sagne. Interpellé en marge de l’Assemblée Générale Annuelle de l’ONG sur la candidature du sénégalais Amadou Hott à ce poste, Aly Sagne, n’a pas mis de gangs pour partager son point de vue sur la question: «Amadou Hott n’est pas le profil idéal pour remplacer M. Akinwumi Adésina à la tête du Groupe de la BAD ». Le Directeur Exécutif de L’ONG qui est reconnu actuellement comme tête de file des Organisations de la Société Civiles engagées avec l’Institutions Financières continentale depuis plus de 15 ans, pense «qu’il y a un erreur de casting». Pour illustrer son propos, il a passé au peigne fin ce qu’il considère comme des limites de cette candidature de M. Hott.
Le premier argument de M. Sagne repose sur des considérations géopolitiques. « Les postes des dirigeants des Institutions régionales/internationales sont le plus souvent promus de façon tournante et l’Afrique de l’Ouest occupe la Présidence de la BAD depuis 10 ans avec les deux mandats de M. Adesina. Donc aujourd’hui, les dirigeants des pays Membres Régionaux (PMRs) vont forcément souhaiter que le poste soit pourvu à une personnalité hors de la région Ouest Africaines ».
Deuxièmement, la « candidature du sénégalais intervient un peu tardivement ». M. Sagne informe : « les candidatures ont été déclarées depuis plus d’une année. Je reviens d’une mission d’Abidjan à la BAD et d’après mes informations, le candidat de l’Afrique de l’Est bénéficie déjà d’un soutien important de beaucoup de PMRs. Ce dernier a donc une grande longueur d’avance sur Hott ». Ainsi pour M. Sagne, « Peut-être que le Gouvernement du Sénégal a tardé à déclarer son soutien à la candidature de M. Hott. Mais les campagnes pour un poste de cette envergure nécessitent beaucoup plus de temps et de lobbying ! », informe M. Sagne.
Une autre considération soulevée par Aly Sagne, c’est le fait que, « M. Hott représente la continuité pour avoir été pendant tout ce temps un des plus proches du cercle des collaborateurs de Adésina et non moins Vice-Président de l’institution. Nous risquons d’avoir encore un Président qui néglige les Organisations de la Société Civile et qui ne fera pas avancer l’engagement des OSC et des communautés avec la BAD ».
Enfin, sans oublier aussi le fait que « M. Hott en tant que VIP à la BAD et homme politique de la banlieue n’a pas été sensible à la situation des Personnes Affectées par le projet TER, qui a affecté plus 2 000 familles surtout à Thiaroye et Pikine. A mon avis, la candidature de M. Hott n’est pas à la Hauteur » !
Un bilan peu reluisant pour Adésina
Le Directeur Éxécutif de LSD n’a pas manqué de jeter un regard critique sur le bilan du président sortant Adésina. « Après deux mandats de 5 ans, les attentes sont restées timides en termes de réponse du Président de la Bad ». M. Sagne qui reconnait certes des avancées sur la durabilité des politiques de la BAD (engagement avec la société civile, Système Intégré de Sauvegardes, Mécanisme Indépendant de Recours, Stratégie Décennale, etc.), a manifesté toutefois sa déception au niveau de la mise en œuvre. Pour lui, l’engagement que les OSC ont avec les Institutions Financières sœurs comme la Banque Mondiale/FMI etc. est meilleure, plus effective et plus pertinente que celui avec la BAD. « Pire, la Direction peine toujours encore à faire respecter aux clients et emprunteurs de la BAD leurs propres politiques de sauvegardes sociales et environnementales. Par exemple, plus de 2 000 familles du Projet Train Express régional (TER) courent jusqu’à présent derrière leurs indemnisations et réinstallation ! »
C’est pourquoi, souligne-t-il, « nous continuons à réclamer un Forum ouvert inclusif où les Organisations de la Société Civile pourront avoir leur propre agenda dans le programme officiel, où les OSC pourront s’asseoir autour d’une même table avec la Direction, le Président de la BAD, etc. pour discuter de politique, de projets et de durabilité sociale et environnementale ».
Sur le plan de la communication, « le mandat de Adésina était plutôt une opération de marketing. Il n’a pas pu jouer ce rôle d’influence sur les PMRs pour changer les paradigmes de développement (Top -Down), où les populations et communautés africaine seront replacées au cœur des choix de leur propre Développement ».
En outre, poursuit le directeur exécutif de Lsd, M. Adesina a réussi à privatiser le Développement de l’Afrique en faisant trop appel au Secteur Privé International (risques dans l’agriculture) pour opérer avec l’argent public dans le champ du Développement.
Enfin en 10 ans d’exercice, le Groupe de la Banque Africaine de Développement qui est la première Institution Africaine de Financement du Développement demeure encore méconnue des africains eux-mêmes », a déclaré Aly Sagne.
Les attentes pour le nouveau président
Pour ce qui est du futur président de la BAD, Aly Sagne déclare d’emblée : «Nous n’avons pas de candidat à priori, nous qui avons le privilège de travailler sur cette institution ».
Cependant, précise-t-il, « nous avons des attentes: nous voulons un Président qui a suffisamment de leadership pour la conduite d’une Institution de Développement compris au sens holistique. Un Président qui va réduire l’influence et les pressions des Pays Membres Régionaux sur l’Institution de sorte à promouvoir une approche plus humaine du Développement et qui respecte les droits des communautés ».
Ainsi, selon Aly Sagne, « tout candidat qui remplacera Adésina devra être plus à l’écoute des OSC organisées autour de la BAD et des communautés ». Et d’ajouter : « le futur Président doit améliorer la prise en compte effective, le respect obligatoire des sauvegardes environnementales et sociale et la consolidation du pouvoir et du rôle du Mécanisme Indépendant de Recours, dans la mise en œuvre des projets de développement financés par la BAD ».
Rappelons qu’au paravent, LSD a tenu son Assemblée Générale annuelle avec l’ensemble de ses membres. Au terme de cette année, le Directeur Éxécutif s’est dit satisfait du travail accompli par l’Organisation, surtout dans le cadre du soutien des communautés affectées par les projets d’infrastructures financés par la BAD. « Nous avons soutenu une Médiation réussie avec 12 requérants du village de Malicounda (Mbour) qui a abouti à un accord historique en faveur des impactés. L’accord[1] conclu avec l’entreprise SENELEC est en cours d’exécution. LSD est fière de cette réalisation qui clôture l’année 2024 en bien sur présage d’un grand espoir pour 2025 ».
Par Jacques Ngor SARR
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