La complainte de Mbour Justice sur la loi interprétative de Pastef : « Nous devons vous accompagner, mais dans la vérité et la justice »
La controverse sur la proposition de loi du Pastef portant interprétation de la loi d’amnistie de 2024, se poursuit. Et le débat ne se limite plus à Dakar. Le mouvement citoyen Mbour Justice, qui suit avec beaucoup d’intérêt ce débat, se pose moult questions : « Qu’est-ce qui sera considéré comme acte de torture ? Acte inhumain ? Fait dégradant ? À quel niveau d’agressivité un acte peut-il être qualifié juridiquement par votre loi interprétative, d’acte de torture ? Qui est considéré comme nervis ? N’y’avait-il pas des nervis encagoulés parmi les manifestants ? Certains se sont-ils limités à simplement manifester ? Ceux qui ont brûlé un amphithéâtre, brûlé des voitures au sein même de l’université Cheikh Anta Diop, saccagé et brûlé des bureaux, seront-ils considérés comme de simples manifestants, des nervis ou des bandits ? Leur acte relève-t-il d’une simple action de manifester ? Seront-ils poursuivis ? Ceux qui ont attaqué, saccagé nos institutions comme la gendarmerie ou encore la police sont-ils de simples manifestants ? Seront-ils punis ? »
Bakary Diémé, coordonnateur du mouvement, et ses camarades se demandent « si un acte de brutalité exerçait par un nervi sur un manifestant est plus grave que l’action de brûler un amphithéâtre ou de saccager une université ? ».
« L’action de « torturer » un manifestant par un FDS est-elle considérée comme plus grave que celle d’incendier une gendarmerie ? Pourquoi vouloir sélectionner les actes à punir et d’autres beaucoup plus graves qu’on devrait pouvoir comprendre et tolérer ? En temps de guerre, on ne tire pas sur une ambulance ! Nous sommes pour que justice soit rendue aux morts ; aux victimes de tortures. Nous sommes pour une punition de tous les nervis et les commanditaires de leurs actes. Mais aussi, nous sommes pour que justice se fasse sur beaucoup d’autres faits dégradants qui ont touché la sensibilité de plus d’un. Entre manifester et poser un acte de banditisme, la différence est claire », a-t-il soutenu au cours d’un point de presse.
Il rappelle que la gendarmerie de Nguékokh avait été envahie et incendiée. Puis, il se demande si « les auteurs de cet acte seront amnistiés et le gendarme qui a torturé un manifestant poursuivi et puni ? ».
« Si ce n’est pas une loi injuste, sélective et discriminatoire, dites-nous ce que c’est alors. Ça pourrait peut-être être une façon de montrer à la jeunesse sénégalaise comment désacraliser les valeurs républicaines. La sélection est claire et évidente. Les FDS seront ainsi fragilisées, hélas ! Les opposants au régime Pastef seront poursuivis ! C’est la loi des vainqueurs, la loi de moins de 10 % des Sénégalais et non pas celle des 54 % qui ont voté pour eux encore moins des Sénégalais dans leur globalité. Tout porte à croire qu’il y’a une volonté manifeste de protéger une bonne partie des fautifs », indique M. Diémé.
Il se désole de constater que le Pastef, à travers son dernier communiqué, y dénonce des injures publiques proférées à l’endroit d’une institution. « Et d’un autre côté, ce même Pastef, à travers cette loi, rend légitime une action d’incendier une autre institution. N’est-ce pas une contradiction ? Et le plus alarmant aujourd’hui, tous les Sénégalais devraient s’étonner du silence incompréhensible du Premier ministre Ousmane Sonko à ce sujet. Lui qui nous avait habitués de ses sorties pour éclairer la lanterne des Sénégalais et de remettre les pendules à l’heure. Aujourd’hui, il reste silencieux. L’on se demande pourquoi. Pourtant, pour des caprices de quelques membres de son parti sur une nomination de Samba Ndiaye ou de Hawa Bocar Ly Tall, il a bien pris le temps d’apporter des explications et clarifier, selon lui, certains points », constate Mbour Justice.
Bacary Diémé et Cie sont d’avis qu' »aujourd’hui avec toutes ces vagues de contestations sur une chose beaucoup plus importante », la version du Pm Ousmane Sonko est plus « qu’attendue ».
« Il est important de souligner que ce Sénégal dans lequel nous vivons n’appartient pas aux politiques. Sur 360 jours, nous passons les 300 à faire de la politique et 60 jours pour travailler. Nous en avons marre. Travaillez et épargnez les Sénégalais de vos querelles politiques. Plus de 500 jeunes périssent en mer chaque année, pendant que d’autres prennent le désert à la recherche d’un avenir meilleur. Nos hôpitaux sont plus malades que les patients. La vie est encore plus difficile aujourd’hui. Les Sénégalais souffrent. Ayez, s’il vous plaît, pitié de votre jeunesse qui tente désespérément de trouver du travail. Ayez pitié de votre peuple. Les Sénégalais sont fatigués des guéguerres politiques. Devant chaque intérêt du pays, à chacun son intérêt politique caché et souvent priorisé. Quand est-ce qu’on parlera tous sénégalais ? Quand est-ce qu’on regardera tous dans la même direction afin de sortir notre cher pays de ce trou sombre dans lequel il se trouve ? » interpelle Bakary Diémé.
Il invite ainsi le pouvoir à faire taire ses intérêts partisans, ses ambitions de reconquérir le pouvoir ou celles de rester au pouvoir. « Mettons l’intérêt du Sénégal au-dessus de tout et aidons le citoyen sénégalais à mieux vivre. En tant que sentinelle de la démocratie, fervent défenseur des valeurs républicaines, combattant de toutes les formes d’injustices, nous demandons que cette loi interprétative soit réétudiée et rééquilibrée », invite-t-il.
seneweb
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