LE SUMP, LE TRÉSOR DU DÉSERT QUI SOUTIENT LES FEMMES DU FERLO
Dans la zone de Linguère, le Balanites aegyptiaca constitue une source de revenus essentielle pour de nombreuses femmes. Transformé en huile, en savon ou en engrais, ce fruit du dattier du désert alimente un marché local dynamique.
Le « sump », Balanites aegyptiaca de son nom scientifique, est une ressource précieuse transformée et commercialisée dans la zone de Linguère, au cœur du Ferlo. Ce fruit du dattier du désert constitue une véritable opportunité économique pour de nombreuses femmes qui s’activent dans la filière et en tirent des revenus significatifs.
Chaque vendredi, lors du marché hebdomadaire de Linguère, des femmes apportent des graines de « sump » (Balanites aegyptiaca) et vendent notamment de l’huile extraite de son amande. Loin d’être une activité marginale, cette filière représente une source de revenus essentielle pour beaucoup de ménages. Salimata Sow, sexagénaire au sourire franc et au visage marqué par des tatouages traditionnels, incarne cette dynamique. Originaire du village de Ndadane, dans la commune de Ouarkhokh, elle s’active dans la transformation du « sump » depuis plus de 20 ans : « Je transforme les graines de « sump » et les commercialise dans les marchés locaux. Ce commerce me permet de subvenir aux besoins de ma famille. La scolarité de mes enfants est entièrement payée par les revenus de cette activité. Je rends grâce au Ciel », confie-t-elle.
Selon Salimata, l’huile issue du « sump », bien que peu connue en dehors des zones sylvo-pastorales, gagne en popularité. Elle sert à la cuisine et à la fabrication de savons artisanaux. De même, elle possède des vertus médicinales reconnues. Rouguiyatou Bâ, une autre vendeuse basée à Linguère, dans le quartier Jallou Rail, partage un témoignage éloquent : « Je suis vendeuse de « sump » depuis plusieurs années. Nos clients viennent de Dakar, Thiès, Mbour… Le litre d’huile se vend entre 4.000 et 6.000 FCfa selon l’abondance du produit. Grâce à ces ventes, j’ai pu meubler ma maison et assurer l’éducation de mes enfants dans des écoles privées ». Elle ajoute que le savon naturel fabriqué à partir de l’écorce du « sump », très apprécié, est vendu à 250 FCfa l’unité. Les résidus de transformation sont aussi valorisés comme engrais ou pour d’autres usages agricoles.
Des contraintes à surmonter Oumy Ndiaye, revendeuse venue de Dakar, achète régulièrement l’huile à Linguère ou Dahra : « Ici, je paie le litre entre 2.500 et 3.000 FCfa. Une fois à Dakar, je le revends jusqu’à 10.000 FCfa. C’est un produit recherché pour ses nombreuses vertus thérapeutiques. Tous les dérivés du « sump » sont utiles. » Malgré ce dynamisme, la filière fait face à plusieurs défis. Les taxes imposées par les Eaux, forêts et chasses sur les produits non ligneux, comme le « sump », grèvent les marges des vendeuses.
Les montants varient de 2.000 à 25.000 FCfa selon le volume transporté. Fatimata, une vendeuse, déplore cette situation : « Ces frais augmentent nos coûts. Et si nous ne répercutons pas cela sur les prix, nous vendons à perte ». Autre difficulté majeure : la pénibilité du travail de transformation, souvent effectué manuellement avec des outils rudimentaires. Les femmes appellent à l’implantation d’unités modernes, comme dans la filière laitière : « Si on pouvait mécaniser certaines étapes, comme le concassage, ce serait un grand soulagement », insiste Mme Sow. En somme, le « sump » représente une ressource multifonctionnelle au potentiel immense. Exploitée de manière durable et avec un appui technique et institutionnel adéquat, cette filière pourrait jouer un rôle central dans le développement économique du Ferlo.
le soleil
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