LA SAGA DU SYNDICALISME AU SÉNÉGAL

La grève du Dakar-Niger en 1968, l’affrontement avec Senghor, la naissance de la CNTS… Le mouvement syndical, véritable locomotive de l’émancipation nationale, s’est forgé dans des combats épiques portés par des personnalités d’exceptio

À l’occasion de la fête internationale du Travail, retour sur l’histoire riche et mouvementée du syndicalisme au Sénégal, un mouvement qui a joué un rôle déterminant dans l’émancipation nationale et la défense des droits des travailleurs.

Dès l’époque coloniale, en Afrique occidentale française (AOF), le mouvement syndical s’est imposé comme une véritable locomotive de la lutte pour l’émancipation. C’est particulièrement dans les secteurs des chemins de fer et de la métallurgie que cette mobilisation a pris racine. L’année 1957 marque un tournant avec la création de l’Union générale des travailleurs d’Afrique noire (UGTAN), suivie au niveau national par l’Union nationale des travailleurs du Sénégal (UNTS).

Parmi les pionniers figure Ibrahima Sarr, personnage emblématique qui a dirigé la célèbre grève des chemins de fer Dakar-Niger, un mouvement social qui a duré cinq mois et marqué les esprits. En 1968, alors que des vagues de grèves générales secouent le monde entier, le Sénégal emboîte le pas. Face à cette menace, le régime de Léopold Sédar Senghor, conscient que le pouvoir « était presque dans la rue », décide en 1969 de dissoudre l’UNTS.

La même année voit naître la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), avec Doudou Ngom à sa tête jusqu’en 1977. Dans ce combat pour la défense des droits des travailleurs, les femmes ont également joué un rôle crucial, à l’image de figures comme Rosebass, Faial Diop et Fatongan.

La CNTS connaît ensuite plusieurs transformations, notamment sous la direction de Babakar Diagrari (1977-1982), puis avec Pierre Mor Mada Diop qui accède au poste de secrétaire général en 1982 et initie ce qu’on appellera « la participation responsable » en 1987.

Les années 1980 sont marquées par une diversification du paysage syndical. Alioune Sow, l’un des animateurs du mouvement, quitte la centrale pour fonder l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (UDTS). C’est dans ce contexte que l’ancienne bourse du travail de la rue Escarfé est attaquée. Un vent d’autonomisation souffle sur le syndicalisme avec la naissance de l’UNSAS, dirigée par Mademba Sock, et de la CSA menée par Ibanjadi.

Dans le secteur de l’éducation, le syndicat NES dirigé par le professeur Madior Diouf s’affirme, tandis que dans la santé et les collectivités territoriales émergent des personnalités charismatiques comme Mamadou Diop Castro. Ces différentes figures ont toutes contribué à l’édification d’un mouvement syndical diversifié et engagé, dont l’héritage continue d’inspirer les nouvelles générations de syndicalistes sénégalais.

Alors que le pays célèbre le 1er mai, cette histoire syndicale riche rappelle l’importance des luttes collectives dans la construction de la nation sénégalaise et la défense permanente des droits sociaux.

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