LA MÉTHODE MOUSSA SEYDI

Refuser l’ingérence étrangère, transformer un service délabré en centre de renommée, tenir tête aux Big Pharma… Celui qui était destiné à la médecine avant même la naissance partage sa philosophie de réussite et sa vision d’une santé pour tous

Dans une interview révélatrice, le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann à Dakar, dévoile sa vision de la santé en Afrique et partage son parcours remarquable.

« Le jour de ma naissance, mon père a remis une blouse à ma mère en lui disant de me la remettre le jour où je démarrerais mes études en médecine », raconte le Professeur Seydi. Cette prédiction s’est réalisée avec une détermination sans faille – lors de son baccalauréat, il avait inscrit « médecine » comme unique choix pour ses trois filières possibles.

Aujourd’hui, le professeur dirige le plus grand service de maladies infectieuses au monde, une structure moderne comprenant 72 chambres, développée en 6 ans après avoir trouvé des financements auprès de partenaires internationaux. « Quand je suis devenu chef de service, l’un de mes premiers objectifs était de construire un nouveau service. Je n’ai jamais eu le moindre doute que j’allais le réaliser », affirme-t-il.

Face aux collaborateurs étrangers qui tentaient d’imposer leurs conditions, le Professeur Seydi a toujours défendu l’indépendance de son service. « Personne ne viendra de l’étranger pour me donner des instructions chez moi », déclare-t-il avec fermeté. Cette posture lui a permis d’établir des partenariats respectueux avec des institutions prestigieuses comme Harvard, l’Université de Boston et Northwestern University de Chicago.

La Covid-19 : science contre désinformation

Le professeur Seydi, figure de proue de la lutte contre la Covid-19 au Sénégal, aborde les controverses entourant la pandémie. « Nous sommes dans un monde un peu fou et faux », observe-t-il, dénonçant les manipulations politiques ayant entouré la crise sanitaire.

Il défend l’efficacité des vaccins tout en précisant qu’aujourd’hui, la vaccination contre la Covid-19 devrait être ciblée sur les personnes à risque, notamment les plus de 60 ans. Il alerte également sur le « Covid long », qui affecte environ 6% des patients mondialement et jusqu’à 10% au Sénégal, avec des symptômes persistants pendant plusieurs mois.

Le Professeur Seydi dénonce la marchandisation de la santé. « Normalement, ça ne devrait pas être un business, mais c’est un business », déplore-t-il, citant l’exemple d’un médicament contre l’hépatite B initialement vendu 80 000 dollars aux États-Unis, alors qu’il peut être accessible pour 1 000 dollars dans certains pays.

« La santé, l’enseignement ou l’éducation ne doivent pas être des marchandises comme les autres », affirme-t-il avec conviction.

À la base de ses réussites, le Professeur Seydi partage sa philosophie : « Croire en soi, travailler sans relâche, servir la société sans calcul reste le plus beau et puissant viatique qui permet de cheminer et de réussir aisément dans la vie. »

Pour lui, la réussite ne se mesure pas à la richesse ou aux titres, mais à l’accomplissement de ses rêves tout en maintenant un équilibre de vie. « Si vous avez toute la réussite alors que vous avez une vie familiale chaotique, est-ce que vous avez réussi réellement ? », questionne-t-il.

Aujourd’hui reconnu mondialement et sollicité par les plus grandes universités américaines, le Professeur Seydi continue de défendre une vision humaniste de la médecine et de former la prochaine génération de médecins africains.

seneplus

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