Arabie Saoudite: Une application mobile pour suivre les femmes

L’Arabie saoudite a rejeté samedi les critiques visant une application mobile disponible dans le royaume qui permet, selon des organisations de défense des droits humains, aux hommes de surveiller les déplacements des femmes.

Le ministère de l’Intérieur «condamne vivement la campagne systématique visant à mettre en cause l’objectif des services (d’Absher, nom de l’application), mis à disposition sur les smartphones», a rapporté l’agence de presse officielle SPA dans un communiqué.

L’application permet à «tous les membres de la société (…) dont les femmes, les personnes âgées et les personnes aux besoins spécifiques», d’accéder «à plus de 160 services différents», a défendu le ministère.

Disponible sur les smartphones Android et iPhone, l’application permet aux utilisateurs de faire notamment une demande de renouvellement de passeport ou de visa.

Évoquant des «tentatives de politisation», le ministère a affirmé sa «détermination à protéger les intérêts des bénéficiaires de ses services».

L’application saoudienne a récemment suscité des critiques à l’étranger.

Des eurodéputés ont dénoncé récemment les «services gouvernementaux en ligne utilisés par les hommes pour surveiller les femmes», permettant aux «tuteurs» de recevoir une notification pendant leurs déplacements hors des frontières saoudiennes.

«Il est inadmissible que Google et Apple facilitent la localisation des femmes et (permettent) de contrôler quand et comment elles voyagent. Ces entreprises ne devraient pas permettre ces pratiques abusives contre les femmes en Arabie saoudite», a estimé pour sa part lundi le sénateur américain démocrate Ron Wyden sur Twitter.

Selon la radio publique américaine NPR, le sénateur a envoyé une lettre aux deux entreprises pour leur demander de retirer «Absher».

Le PDG d’Apple Tim Cook a affirmé lundi dans un entretien à NPR n’avoir jamais entendu parler de l’application, mais assuré qu’il y «jetterait un coup d’oeil».

L’Arabie saoudite, royaume ultraconservateur appliquant une version rigoriste de l’islam, accorde peu de droits aux femmes en dépit d’une série de réformes, dont celle qui permet aux Saoudiennes de conduire depuis juin 2018.

L’autorisation d’un tuteur est toujours nécessaire à une Saoudienne pour voyager à l’extérieur de son pays, accéder aux services de santé, choisir son lieu de résidence ou avec qui se marier.

AFP

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