«BENNOO BOKK YAAKAAR VA INEVITABLEMENT ECLATER EN PLUSIEURS MORCEAUX»
Après plus de sept ans d’existence, le Dr en Science politique, Maurice Soudieck Dione prédit un avenir sombre pour la coalition politique qui a battu le record de longévité au Sénégal. Interpellé hier, lundi 4 mars, sur l’avenir de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar en perspective de 2024, l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis écarte toute idée d’une candidature unique au sein de cette coalition formée par le président Sall entre les deux tours de la présidentielle de 2012. Non sans affirmer que Bennoo va cheminer à coté de soubresauts.
«Bennoo Bokk Yaakaar peut connaître des soubresauts en perspective de 2024, qui marque la fin du second mandat du Président Sall. En effet, cette coalition est très composite pour ne pas dire hétéroclite ; elle a été mise en place et maintenue de manière efficace et pragmatique pour être au service du Président Sall, dans ses ambitions de conquête, d’exercice et de conservation du pouvoir. Le seul dénominateur commun qui fédère Bennoo Bokk Yaakaar comme elle est actuellement constituée, c’est donc le Président Sall. Il convient aussi de préciser que la consolidation de Bennoo Bokk Yaakaar a discrédité une bonne partie des leaders qui la constituent, qui ont choisi de sacrifier leur crédibilité à l’autel des ambitions de réélection du Président Sall. Ils vont donc payer un lourd tribut pour se reconstruire une image de présidentiable, si toutefois ils y arrivent.
Plus généralement, pour tous les autres partis et mouvements politiques qui ont soutenu le Président Sall en 2019 et qui veulent présenter un leader issu de leurs rangs à la présidentielle de 2024, ils devront se préparer sérieusement ; et donc quitter à temps Bennoo Bokk Yaakaar, afin de se positionner dans l’opposition. Il se pose également la question de savoir comment le regroupement Bennoo Bokk Yaakaar gagné par un gigantisme démesuré, peut-il fidéliser tous ses membres, dès lors que son chef est en train d’exercer en principe son second et dernier mandat, au moment où les positions de pouvoir ont toutes été distribuées. En définitive, tout va dépendre des stratégies que le Président Sall va déployer par rapport aux élections locales de décembre 2019 et aux élections législatives prévues en 2022, sauf s’il y a entretemps une dissolution de l’Assemblée nationale justifiant des élections législatives anticipées.
Au sein de l’APR, la bataille risque d’être rude, car aucun responsable n’a été préparé pour succéder au Président Sall qui a combattu toute velléité d’affirmation d’une personnalité de son parti susceptible de le concurrencer. Même si un successeur au Président Sall est désigné au sein de l’APR, aura-t-il la légitimité et l’autorité nécessaires pour à la fois s’imposer aux alliés et au parti présidentiel, ce sera extrêmement difficile ».
Il ne saurait y avoir une candidature unique au sein de Bennoo pour 2024
«Étant donné que le Président Sall termine son second mandat, il ne saurait y avoir une candidature unique au sein de Bennoo Bokk Yaakaar pour 2024, si tant est que cette coalition survive jusqu’à cette échéance, et au-delà de celle-ci, pour la bonne et simple raison que Bennoo Bokk Yaakaar va inévitablement éclater en plusieurs morceaux, ou se reconstituer en plusieurs pôles. Car la plupart des forces politiques vont reprendre leur autonomie et chercher à dérouler leurs ambitions de pouvoir, que ce soit le PS comme l’AFP, notamment, mais de manière générale tous les partis et mouvements politiques que compte cette grande coalition. En somme, on risque de toute évidence d’avoir plusieurs segments constitutifs de l’actuelle coalition Bennoo Bokk Yaakaar qui vont entrer en compétition sous différentes bannières pour la présidentielle de 2024, ou même se coaliser avec d’autres partis ou mouvements politiques de l’opposition.»
seneplus
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