«JE SUIS PRET A FAIRE DE LA POLITIQUE, SI C’EST POUR LE DEVELOPPEMENT DU SENEGAL»
Trouvé dans son refuge culturel à Mbounka Bambara (dans la commune de Diamniadio) où il a installé son studio et sa radio «Tempo Fm», Baba Beydi Maal s’est prêté volontiers aux questions de «L’As ».
Artiste musicien, Baba Maal a récemment fait une sortie fort remarquée pour condamner avec la dernière vigueur le massacre des Peuls au Mali. Ambassadeur de la Paix évoluant sur la scène musicale nationale et internationale, il porte le combat contre la crise qui s’étend dangereusement dans les pays limitrophes du Mali. Originaire de Podor dans le Fouta Tooro, le lead vocal du groupe de «Dandee Leenol» prépare une tournée africaine et internationale, en prélude à la célébration de ses 35 ans de carrière. Trouvé dans son refuge culturel à Mbounka Bambara (dans la commune de Diamniadio) où il a installé son studio et sa radio «Tempo Fm», Baba Beydi Maal s’est prêté volontiers aux questions de «L’As ».
«L’AS» : Récemment, vous avez dénoncé le massacre des Peuls au Mali. Au-delà de l’indignation, que comptez-vous faire concrètement pour contrecarrer cette barbarie?
Baba Maal : Je compte sensibiliser, alerter, avertir et informer les peuples pour qu’on trouve ensemble des solutions endogènes face à la crise humanitaire qui prévaut au Mali. Parfois, il y a beaucoup d’amalgames dans ce qui nous arrive. Quand quelque chose arrive à n’importe quel peuple, il faut prendre de la hauteur. Cela dit, je condamne fermement la cruauté qu’on fait subir à nos parents Peuls au Mali. Je condamne les actes barbares et les actes de violence perpétrés contre des vieillards, des femmes, des enfants, bref contre l’Etre Humain. Au-delà de cette condamnation, nous disons «STOP». Il est question de prendre de la hauteur et de voir comment faire pour que cette situation ne se reproduise plus. Il temps d’informer et d’éduquer la jeune génération africaine. Lui dire d’où nous venons et tout ce qui a pu exister de bien entre les peuples. Il faudra aussi lui raconter que les Peuls et les Dogons ont toujours cohabité. El Hadji Omar Foutiyou Tall, quand il a été assiégé, il avait envoyé son fils auprès des Dogons parce qu’ils étaient ses amis. Bien qu’ils ne soient pas de la même communauté, les Dogons l’avaient toujours bien accueilli. Ce qui signifie que ces deux peuples vivaient en parfaite harmonie. Si ce conflit surgit actuellement au Mali, on doit se poser la question à savoir : «quel est le déclic ?». Y a-t-il une main cachée qui divise les deux peuples ? En tant qu’Africains, nous devons être vigilants en cette période où le continent est devenu un nouveau marché. Les gens sont attirés par son expansion économique, ses potentialités minières et énergétiques et surtout par sa culture. Donc, cultivons la paix et soyons vigilant.
Que pensez-vous du concept «Neddo ko Bamdoum» reproché à tort et à raison au régime de Macky Sall?
«Neddo ko Bamdoum», on le trouve dans toutes les langues. En wolof, cela veut dire : «Nit, Nit Moy Mookom». Même en dehors du continent africain, chez les français, on dit souvent: «Le sang appelle le sang». C’est plutôt culturel. Dans le groupe «Daande Leenol» à travers une chanson, j’ai beaucoup parlé de «Bandiirado» en poular qui signifie «mon parent». Il y a un des paragraphes où je dis : «toi qui veux la paix, où que tu sois, considère-toi comme quelqu’un qui fait partie de moi, comme celui qui fait partie de ma communauté. Toi qui respecte l’être humain, qui que tu sois, considère que je te considère comme mon parent. Donc, tout ceux qui partagent les mêmes valeurs, que cela soit culturelle, les aspirations font partie de la même communauté». Donc, le «Neddo Ko Bamdoum», c’est même au-delà des Haal Poular, c’est tous ceux qui inspirent à une certaine vision.
Dans de nombreux cas, la culture a servi de levier pour promouvoir la paix et la stabilité. En tant qu’artiste Halpular, quelles actions prévoyez-vous de mener pour stopper l’éthnicisme qui gangrène la sous-région ?
Il faut d’‘abord amener les différentes communautés à se rapprocher les unes des autres, et à s’asseoir autour d’une table. La culture a toujours joué ce rôle de régulateur. C’est vrai que l’être humain est parfois têtu. Ou il a tendance, quand ça marche, à oublier là où il devait s’adosser. Je me rappelle à un certain moment, j’avais senti le même danger en Mauritanie. Et je me suis dit qu’il fallait lancer un message aux communautés vivant de part et d’autre du fleuve Sénégal. Avec ma sœur Dimi Mint Abba, nous nous sommes donnés la main. Ainsi, j’ai invité Dimi Mint Abba à deux de mes anniversaires à Sorano. En retour, elle m’a invité en Mauritanie pour montrer aux maures et aux négros africains que la culture nous unissait. Tout le monde était content. Les gens ne prêtent pas souvent attention aux messages que nous délivrons. Au lieu de creuser un tout petit peu pour trouver les symboles qui sont attachés à certaines de nos actions, ils préfèrent se concentrer sur les festivités. Tout récemment quand on célébrait l’anniversaire du «Dande Lenol», j’ai pris le soin d’inviter des artistes venant de toutes les communautés pour ne pas accentuer l’idée du repli identitaire surtout à un moment on parle beaucoup de «Neddo Ko Baddum». Ainsi, je n’ai invité qu’un seul artiste Halpular et c’était Abou Diouba Deh. Les autres invités de marque étaient mes sœurs Kiné Lam, Daro Mbaye, Soda Mama Fall et Thione Seck. Wally Sall est venu nous rejoindre sur scène. Pourtant, les Halpulars étaient venus voir Baba Maal avec son répertoire qu’ils connaissaient, mais j’ai voulu donner l’exemple en donnant la main à d’autres artistes d’autres communautés parce qu’il y avait quelque chose qui était en train de se passer. Je pense élargir cela dans la sous-région. Si demain, on organise quelque chose avec des Maliens, des Guinéens, des Burkinabè, et qu’on se dise qu’on a besoin de léguer aux nouvelles générations une Afrique unie. Ainsi, quelque chose de bien se produira pour nous tous.
Vous faites la fierté de la musique africaine et sénégalaise. Quel est votre secret ?
Je n’ai même pas de secret. (Rires). Si je pouvais dire un secret, je dirais que j’ai un peu de chance comme peut-être beaucoup de musiciens de ma génération. Je peux citer : Salif Keita, Youssou Ndour, Ismaël Lo, Thione Seck et tous les autres. Nous sommes venus sur la scène musicale à un certain moment très particulier où l’Afrique était encore là. On était proche des familles. Et on avait la chance de voyager et de retrouver cette culture qui est restée notre première force à chaque fois que nous montons sur scène. Mansour Seck et moi, à chaque fois que nous entrons dans un studio ou qu’on nous amène un projet, ou que nous montons sur la scène, nous avons toujours ce que je pourrai appeler un grenier rempli d’éléments qui pourraient être une découverte pour la jeune génération et pour le monde. Ce qui m’a surtout aidé, c’est que j’ai très tôt compris qu’il fallait être très professionnel, malgré le fait qu’on vienne de l’Afrique. C’est pourquoi une fois à Paris, je me suis inscrit au Conservatoire pour renforcer mes connaissances dans le domaine de la musique. De retour au Sénégal, j’ai monté l’orchestre «Dande Lenol». C’était un projet culturel. Mais il fallait tant bien que mal le structurer autour de moi et avoir une démarche très professionnelle par rapport au métier. C’est ainsi que nous avons compris comment fonctionne l’industrie de la musique. C’est très important pour pouvoir se frayer son chemin et savoir comment parler aux producteurs, aux agents, aux maisons de disques, et savoir exactement comment négocier dès qu’on commence un produit jusqu’à sa finition.
Quels conseils donneriez-vous à la nouvelle génération de musiciens ?
C’est un peu difficile pour cette jeune génération qui est très talentueuse, très créative et qui a une certaine volonté. C’est une génération qui n’a pas peur de se positionner sur la scène nationale. Mais comme je l’ai dit tantôt, le talent à lui seul ne suffit pas. Il faut que la chance y soit. Auparavant, il faut travailler selon les besoins du marché. On ne peut pas nier l’aspect «Showbiz», quand on parle de musique. On parle d’industrie de la musique. Quand on sort du carcan de la musique traditionnelle qu’on fait dans le pays et qu’on veut faire quelque chose de très sérieux, il faut avoir à l’esprit qu’il y a une très grande compétitivité sur la scène internationale. La preuve, la musique sénégalaise était au-devant de la scène pendant des années, mais force est de constater qu’aujourd’hui que les Maliens nous devancent. Des chanteurs comme Fatoumata Diawara sont en train de jouer sur toutes les grandes scènes et les grands festivals. La musique du Nigeria est en train de faire le tour du monde. Pourquoi la musique sénégalaise est à la traine? Qu’est-ce qu’il faut faire ? Comment restructurer cette musique, la simplifier, faire de sorte que n’importe qui ne puisse y avoir accès ? Cela demande vraiment un travail sérieux. On a l’essentiel, beaucoup de rythmes, beaucoup de mélodies, mais il faut simplifier la musique. Je dirai aux jeunes de ne pas avoir peur d’aller vers tout ce que la technologie nous offre. Il ne fait pas se dire qu’on est des Africains et que la technologie c’est pour autres.
Que pensez-vous de la rivalité entre les jeunes artistes ?
La rivalité doit être saine. A notre époque, nous avions fondé une association qui s’appelle «Benne Loxo» (une seule main). Il y avait Thione Seck, Youssou Ndour, Oumar Pene, Ismael Lo, notre sœur Kiné Lam et moi. Nos managers avaient aussi une association des managers pour accompagner cette association «Benne loxo». C’est à peu près ce que les Jamaïcains ont fait un certain moment. Il y avait Bunny Spear, Bunny Waliers, Bob Marley, Peter Tosch. Ils étaient tous ensemble pour promouvoir la musique jamaïcaine. Et au sortir de cela, chacun récolte ce que la chance lui offre. Certes, Bob Marley était le plus connu mais ils ont commencé à promouvoir la Jamaïque ensemble. Et nous c’était la même chose, quand on allait sur la scène, chacun rivalisait avec l’autre pour montrer tout son talent et sa potentialité. C’était une rivalité saine. Au lieu de se faire la guerre, tout le monde s’appréciait. Si la jeune génération comprend cela, elle peut avoir une rivalité très saine qui peut être bénéfique pour la musique. La rivalité malsaine ne fait qu’amoindrir les chances des uns et des autres. Quand la musique sénégalaise marche, elle marchera pour tout le monde. C’est bien que les jeunes prennent des initiatives du genre, chanter ensemble sur des questions d’intérêt général. Par exemple, il faut aller dans un studio pour faire le plaidoyer à travers la chanson sur des questions environnementales.
Vous avez chanté dernièrement dans «Black Panther». Comment avez-vous été choisi?
Cela s’est fait de fil en aiguille. C’est le producteur de mon dernier album «Traveller» qui m’a mis en contact avec l’équipe qui travaillait sur le film. Celle-ci était en partance pour l’Afrique pour écrire la musique du film «Black Panther». Et mon producteur leur a fait savoir que vous ne pouvez pas manquer d’aller voir Baba Maal pour deux raisons : D’abord, vous voulez aller vers une culture beaucoup plus profonde que Baba Maal a su sauvegarder, ensuite la deuxième chose, Baba Maal a fait beaucoup de musique de films. Le dernier en date avant «Black Panther» c’était «La Chute du Faucon Noir» et «Exodus». Tous ces deux films ont été réalisés par Ludwig Scott qui s’est inspiré de ce que j’avais fait avec Peter Gabriel dans «Passion» pour dire que je veux à peu près la même chose, la même voix qui accompagne par exemple l’histoire entre les Américains et les Somaliens. C’est en raison de toutes ces considérations qu’on leur a recommandé Baba Maal. Ils sont arrivés là, je pensais que je devais les aider tout simplement pour la création de la musique, mais ils étaient beaucoup plus intéressés par ma voix. Je pense qu’il y a comme cela en Afrique des voix qui vraiment se prêtent au cinéma, je dirai par exemple la voix de Salif Keita qui rappelle l’espace, l’Afrique de l’intérieur.
Y a-t-il une spécificité entre cette musique de film et les autres genres musicaux?
C’est toujours très excitant de faire de la musique de film qui est totalement différente avec ce que je fais avec mon orchestre : Répéter puis entrer au studio pour sortir un Cd. La musique de film, c’est surtout les sentiments. Vous regardez les images, on vous dicte le script. On vous dit qu’il y a des êtres humains qui jouent des rôles. A l’image d’acteur, on vous demande d’interpréter un rôle. Et là avec le micro, on peut même vous demander de ne pas sortir des mots. Uniquement avec la voix, on peut vous demander de ressortir de l’amour, de la peur, de la colère, un cri de combat de bataille. Je l’ai fait dans les jeux vidéo «Far Cry» où il y avait beaucoup de violences et pendant deux jours, on m’a demandé de ne point sortir de mot. Il fallait que je regarde les scènes et par ma voix décrire le sentiment que cela génère. Si c’est une scène d’amitié, il faudrait que celui qui regarde le film et qui n’entend que ta voix puisse sentir de l’amitié rien que par la voix. C’est une autre expérience un challenge. J’aime les challenges faire ce que je n’ai pas encore fait et j’ai pris goût à faire de la musique de film.
Pensez-vous faire une carrière dans le cinéma comme acteur?
Ah oui pourquoi pas. J’aurai bien aimé (rires). Je pense qu’il y aura un essai avec l’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane d’abord. On m’a saisi pour le casting pour interpréter le personnage de Thierno, entre autres rôles qui me sont proposés. Tous ces rôles me plaisent, je veux le faire. S’il y a d’autres films en dehors du Sénégal ou de l’Afrique, je suis prêt à le faire parce que j’ai fait du théâtre avec Mansour Seck et Mbassou Niang. C’est le théâtre qui nous a amenés vers la musique. A Podor qui est une ville très théâtrale, on avait commencé à monter sur la scène en interprétant des comédies. Cela allait bien avec la musique. C’est de là qu’on a reconnu ma voix pour me dire que je pouvais continuer à faire de la musique. Comme je l’ai fait, c’est toujours en moi et je voudrai bien le refaire.
Qui est-ce que vous avez éprouvé après la distinction que vous avez reçue ?
Je ne remercierai jamais assez le compositeur Ludwig Goranson. Quand on parle de musique de film, le compositeur est la personne la plus importante. C’est quelqu’un qui respecte les artistes qui me respecte beaucoup et qui apprécie ce que je fais. Je remercie Dieu surtout de l’avoir mis sur mon chemin parce que je pouvais faire beaucoup de musique de films et ne pas tomber sur ce film qui a enflammé le monde à sa sortie.
Quel sera votre prochain défi dans la musique?
Je suis en train de préparer une tournée internationale qui va nous prendre peut- être un an pour célébrer les 35 ans du Dande Lenol. Cela se célèbre. On veut aller à la rencontre des Sénégalais de la diaspora et des mélomanes africains sur le continent que ce soit au Gabon au Congo, en Côte d’Ivoire, au Mali et dans d’autres pays. Aller retrouver cette même diaspora en Europe et aux Etats Unis et enfin venir clôturer ici au Sénégal. C’est un tableau important ce qui veut dire qu’en marge de ces tournées que nous devons faire, je vais sortir deux à trois albums. Un des albums sera mon album international avec ma maison de disque. Depuis «Télévision», je n’ai pas encore sorti d’album. Je suis en train d’écrire des titres et j’enregistre petit à petit. Je veux sortir un album en collaboration, avec beaucoup de jeunes artistes à qui je fais confiance. Je peux citer Carlou-D, Takeifa, Kane Diallo le fils à Mbassou Niang, entre autres. Je peux même citer Maréma si elle veut. Je veux faire quelque chose avec cette génération pour leur permettre d’avoir une certaine opportunité. A un certain moment, j’ai fait quelques choses de similaires avec le Positive Black Soul dans Far In Fouta. Je veux réitérer cela avec un plus grand nombre d’artistes pour leur donner une opportunité d’être vu à côté de moi. Peut-être que cela leur ouvrira des portes. L’autre album que les fans réclament, c’est de la musique typiquement traditionnelle, classique que les Sénégalais aiment beaucoup comme Baayo ou comme Diamdeli. J’ai trois albums à réaliser Insha- Allah d’ici la fin de la célébration de cet anniversaire, aussi en même temps préparer la prochaine édition des Blues du fleuve au Fouta. C’est un festival qu’on ne peut plus laisser tomber, qui a pris une certaine envergure.
Est-ce que Baba Maal pense à la relève?
Pour l’artiste, tant que le talent est là, tant que l’art est là, il fera toujours de l’art. Je l’ai dit, je ne danserai plus comme avant, je vais apporter dans l’orchestre une nouvelle génération pour amener plus de sensation dans le groupe. Mais, après la célébration de mes 35 ans de musique, je serai moins présent. Je me consacrerai beaucoup plus à la musique de films ou dans le studio, pour donner beaucoup plus d’espace à la jeune génération. Parce que tant que je serai sur la scène, ils ne pourront pas peut être s’affirmer. Il faut quand même leur faire de la place. Je serai toujours là en éclaireur et pour préserver ce que l’on a déjà construit.
Baba Maal pense-t-il faire de la politique?
Rires… Les gens m’ont posé cette question à plusieurs reprises. J’ai toujours mes convictions. Mais pourquoi pas, si un jour, je devais faire de la politique pour défendre ma vision du Sénégal de demain ? Parce qu’on a toujours une vision. Par exemple, je peux prendre le cas du développement, j’ai une association qui s’appelle Namka qui œuvre dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Si cette vision du développement que j’ai pour la pêche l’élevage, la technologie et l’agriculture passe par le besoin que je fasse de la politique, pourquoi pas. Si cela s’impose pour le développement du Sénégal alors je le ferai. Mais, a priori ce n’est pas parce que je ne peux plus faire de la musique. S’il y a nécessité de faire de la politique, je la ferai. Parce qu’après tout, je suis prêt à tout pour le développement du Sénégal.
Que pensez-vous du bilan du premier mandat du Président Macky Sall?
Je pense que c’est un bilan très positif. C’est la raison pour laquelle, les Sénégalais l’ont réélu. S’il avait fait un autre bilan, les Sénégalais sont très matures. Ils ont atteint un niveau de maturité où personne ne peut les tromper. On a beau parler, mais il y a une certaine tranche de Sénégalais qui ne sont pas dans les partis politiques, mais qui ne se laisse plus faire, et je pense que c’est cette tranche de Sénégalais qui a le plus voté. Un premier mandat est toujours un premier pas, il reste un autre pas, et il faut lui accorder une chance de finir ce qu’il a déjà commencé à savoir amener le Sénégal vers une autre dimension. Et le prochain président qui viendra après lui va peut-être continuer ce qui restera et le Sénégal se construira ainsi.
Pour ce deuxième mandat, quelles sont vos doléances en tant qu acteur culturel ?
Je demanderai au Président de la République de penser beaucoup plus aux artistes dans leur globalité. Je pense pour tous ces projets qu’il est en train de mettre sur pied. La culture a un grand rôle à jouer, d’abord pour informer les gens. C’est bien de faire une campagne de propagande a travers les medias pour tous ces projets, mais si on utilise la culture qui fait la promotion de tel ou tel projet pendant six mois environs, les populations seront beaucoup plus avertis et seront prêtes à épouser le projet bien avant sa réalisation et vont se sentir dans tout ce qui se fera. On parle de cohésion sociale et je pense qu’on devrait laisser les acteurs culturels jouer ce rôle. Et pour cela, il faut que les acteurs culturels soient bien équipés. On a besoin d’avantage de structures où les artistes peuvent évoluer, pas seulement les musiciens, mais les peintres, les sculpteurs et les comédiens. Il faut penser créer des écoles de formation en cinéma pour que les jeunes désireux de se lancer dans le cinéma y entrent pour étudier les rudiments de ce métier. Comme les gens de l’AMS (Association des Métiers de la Musique du Sénégal), sont en train de se pencher dans beaucoup de choses, il faut penser à comment sécuriser le métier de l’artiste, comment faire de telle sorte que l’artiste ait une assurance dans sa vie. On a vu des artistes qui sont arrivés à un certain âge de leur vie, tomber malades. Leurs derniers moments sur terre sont des moments très pénibles, mais l’artiste qui accompagne des générations et des générations ne doit pas sombrer comme cela à la fin de sa vie. Il doit être reconnu, respecté et accompagné. C’est une façon de lui dire merci. Il n’y a pas quelqu’un qui n’a pas été bercé par Ndiaga Mbaye et tant d’autres disparus, mais DIEU seul sait comment vivent leurs familles maintenant. Nous attendons le Président pour son appui dans ce domaine.
Pourquoi n’avez-vous pas mis en place un groupe de presse pour porter vos projets ?
On a une radio qui est là (la radio se trouve chez lui) qui s’appelle Tempo Fm d’abord. C’est intéressant. Cela nous intéresse de disposer d’un organe de presse et c’est même imminent pour accompagner pas simplement Baba Maal. Parce que maintenant, il va falloir promouvoir tout ce qu’on est en train de faire de bien, mais aussi pour donner notre opinion par rapport à la marche du monde. Quand on dit organe de presse ce n’est pas simplement pour le Sénégal, mais c’est pour montrer à la face du monde, notre vision de la vie et de tout ce qu’on aimerait défendre. On s’y attèle on ne sait pas quand exactement, on dira c’est un groupe de presse de Baba Maal, mais peut-être ce sera une collaboration avec d’autres groupes de presses pourquoi pas «L’As» ou d’autres structures…
Vous avez arrêté le folklore ces derniers temps, pourquoi ?
Je sais que les fans le réclament. C’est pour cela que je me suis dit que je vais tout faire pour sortir un album typiquement folklore lors de la célébration des 35 ans de l’orchestre. D’ailleurs, j’ai commencé à enregistrer des titres avant hier. J’avoue que j’aime bien ce style musical et c’est la musique qui occupe beaucoup plus de place dans mon cœur quand je suis sur scène.
Seneplus
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