L’OPPOSITION, EN MAL DE «FAST-TRACK» !
Macky Sall déroule, ses pourfendeurs cherchent leurs marques – Le jeu politique post-investiture du président de la République et chef de file du parti au pouvoir semble assez caricatural.
Macky Sall déroule, l’opposition cherche ses marques. Le jeu politique post-investiture du président de la République et chef de file du parti au pouvoir semble assez caricatural. Pour cause, alors que Macky Sall pose sans discontinuer ses premiers actes de gouvernance dite «Fast-Track», le camp d’en face semble en mal de repères pour marquer de manière structurée son opposition aux initiatives présidentielles. Même pour la réforme envisagée de l’Exécutif qui est partie pour émietter la nature même du régime présidentiel, l’opposition est restée longtemps amorphe, pour ne réagir de manière concertée qu’à quelques encablures de la validation dudit projet de loi par la majorité parlementaire mécanique de Bennoo Bokk Yaakaar. Et paradoxalement, pour appeler au référendum et à une gestion concertée de cette affaire de suppression du poste de Pm, alors qu’elle a refusé de manière générale la main tendue de Macky Sall au…dialogue.
L’opposition sénégalaise aurait-elle perdu ses repères, au lendemain de la victoire du président Macky Sall au premier tour de la présidentielle ? Et pour cause ! Alors qu’elle s’était montrée très virulente pour contester l’élection du chef de l’Etat, dès le scrutin de février dernier, l’opposition dite significative avait pratiquement cessé de poser un regard critique sur les actes de gouvernance posés par Macky Sall, aux premiers jours de son quinquennat.
Même pour la suppression envisagée du poste de Premier ministre, une décision qui est partie pour remodeler la nature même du régime présidentiel au Sénégal, le camp opposé au pouvoir de Macky Sall a longtemps joué à l’abonné absent. Idrissa Seck de Rewmi, Ousmane Sonko de Pastef, Pr Issa Sall du Pur comme Me Madické Niang, les quatre candidats malheureux à la présidentielle, sont restés longtemps à faire le mort face aux premiers actes de gouvernance du quinquennat. Du côté des autres partis de l’opposition, le calme était encore plus plat.
Malick Gakou du Grand parti semblait avoir disparu de la circulation tout comme Pape Diop de Bokk Gis Gis et autre leader politique de l’opposition. Quant au Pds de Me Abdoulaye Wade, l’ancien président du Sénégal, il donne l’impression d’être tombé dans une sorte d’ankylose qui présagerait d’un avenir sans grande garantie. Les seuls responsables de l’opposition qui s’acharnaient à maintenir le cap de leur statut d’opposants irréductibles au «Macky» semblaient être, quelques semaines après l’investiture du chef de l’Etat, Barthélémy Dias et Abdoul Mbaye.
Le lieutenant de l’ancien maire déchu de Dakar, Khalifa Sall, actuel premier édile de Mermoz Sacré Cœur, est resté constant dans ses récriminations discontinues contre le régime de Macky Sall. Nombreuses ont été ainsi ses sorties au vitriol comme argumentées face à la gestion récusée du pouvoir. Abdoul Mbaye, l’ancien premier chef de gouvernement de Macky Sall, n’avait pas manqué lui aussi de poser son regard critique sur les premiers actes de gouvernance du quinquennat. De la suppression du poste de Premier ministre à la réduction envisagée du train de vie de l’Etat, le patron de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) s’est évertué à circonscrire les « limites » de la gestion du pouvoir en place.
De manière globale toutefois, l’opposition semblait s’être engluée dans une sorte d’état second, voire d’indolence, qui libérait le «Macky». Même pour le report dit des élections locales prévues en décembre, une idée qui était en train de faire son bonhomme de chemin au sein de la galaxie présidentielle, l’opposition paraissait prise de court. Quoique des voix éparses de seconds couteaux se soient élevées pour exiger le respect scrupuleux du calendrier républicain. La sortie à Diourbel du ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avant-hier, jeudi, sur la tenue effective des Locales à date échue peut être perçue alors comme une sorte d’épine enlevée du pied de l’opposition.
REPRISE DE L’INITIATIVE POLITIQUE … SANS BOUSSOLE
Une telle léthargie n’était pas sans susciter bien des interrogations. Qu’est-ce qui expliquait cette posture ? Etait-ce une nouvelle stratégie ou tout simplement que l’opposition, encore groggy, avait du mal à se relever de sa défaite de la présidentielle de février passé? Ou devait-on penser, comme certains, que le camp opposé à Macky Sall cherchait de nouveaux repères, à force de critiquer en vain les divers actes posés par la gouvernance «Macky», qu’ils soient institutionnels ou autres et que la majorité présidentielle, forte de sa légalité politique, avait toujours validés sans rechigner ? La reprise de l’initiative politique au niveau de l’opposition dite significative, avec la sortie commune sur la suppression envisagée du poste de Premier ministre, effectuée par les quatre candidats malheureux à la présidentielle, en l’occurrence Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Issa Sall et Madické Niang, semble augurer d’un brusque réveil aux allures de tâtonnement. Pour cause, après avoir refusé systématiquement la main tendue de Macky Sall au dialogue politique (excepté Issa Sall et ses conditionnalités, et dans une moindre mesure Me Madické Niang), l’opposition semble aujourd’hui appeler elle-même au… dialogue pour une gestion consensuelle de la suppression envisagée du poste de chef du gouvernement.
A une semaine du passage du projet de loi en question à l’Assemblée nationale et de sa validation à coup sûr par la majorité mécanique de Bennoo Bokk Yaakaar, le camp opposé à Macky Sall donne l’impression là aussi de se fourvoyer dans le timing arrêté pour revendiquer le recours au référendum, pour ce qui est de la réforme de la Constitution.
L’opposition n’a-t-elle pas eu assez de temps, depuis la reconduction du Pm Dionne en début avril et l’annonce consécutive de la réforme de l’Exécutif, pour définir une position structurante et appeler de manière concertée au référendum ? Aujourd’hui que le projet de loi suit son bonhomme de chemin dans les couloirs de l’hémicycle, ce ne serait certainement pas Macky Sall qui en bloquerait le processus, au nom de son appel au dialogue politique. A moins d’un tsunami politique de dernière minute !
Sudquotidien
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