MAJORITÉ ET OPPOSITION, SI PRÈS ET SI LOIN DU CONSENSUS !
La participation de l’opposition aux concertations politiques sur le processus électoral est encore loin d’être totalement acquise
Pour cause, après la décision de la majorité d’accepter la requête de l’opposition relative à la mise en place d’une commission cellulaire et la nomination d’une personnalité indépendante pour diriger les concertations politiques sur le processus électoral, la question de la place dans ce dialogue de la société civile et des non-alignés est sur le point d’alimenter une nouvelle divergence.
Les concertations politiques sur le processus électoral résisteront-elles à la nouvelle dynamique de gouvernance dite «Fast-track» si chère au président Macky Sall ? En effet, à une semaine de la date du 28 mai prévue par le chef de l’Etat pour la cérémonie officielle du dialogue national, l’opposition et la majorité peinent toujours à accorder leurs violons sur les contours de ces dites concertations sur le processus électoral convoquées en prélude à ce dialogue national. Pour cause, si une convergence de vue entre les deux camps est notée sur la question du pilotage de ces concertations à la suite de la décision de la majorité d’accéder à la demande de l’opposition relative à la mise en place d’une commission cellulaire et la nomination d’une personnalité indépendante pour diriger cette dite commission, tel ne semble pas être le cas sur bien d’autres questions. Il s’agit notamment de la participation à ces concertations de la société civile mais aussi des partis non alignés.
Pour le coordonateur du Front de résistance nationale (Frn), Moctar Sourang, il n’est pas en effet question de partager la table des négociations avec Déthié Faye, coordonnateur de ce pôle des Non-alignés. «Pour nous, il y a deux acteurs principaux : la majorité et l’opposition», a-t-il martelé. Et d’arguer : « Il n’y a pas un troisième pôle parce que nous considérons que les Non-alignés ne sont pas neutres», insiste encore Moctar Sourang. Avant d’ajouter dans la foulée : «Lors de l’élection présidentielle du 24 février dernier, ils s’étaient tous engagés soit aux côtés du candidat de la majorité soit du côté de l’un des candidats de l’opposition. Nous demandons donc que chacun retourne dans le camp où il était lors de la dernière élection présidentielle qui est notre référence en matière puisqu’étant la dernière élection organisée par notre pays. Que ceux qui avaient soutenu les candidats de l’opposition se rangent dans l’opposition et ceux qui étaient avec le candidat sortant rejoignent la majorité. Cela va nous permettre de clarifier le débat».
La Société civile invitée à rester «arbitre»
Loin de s’en tenir là, le leader de l’Union nationale patriotique (Unp) et coordonateur du Front de résistance nationale s’est également démarqué de la position de la Société civile qui a proposé la semaine dernière le Pr Babacar Gueye et le doyen Mazide Ndiaye pour diriger la prochaine commission cellulaire. Selon lui, dans le cadre de ces concertations, «il appartient à la majorité et à l’opposition qui sont les deux principaux acteurs en cas de compétition électorale de proposer». Sous ce rapport, il a invité la société civile à rester dans son «rôle d’arbitre». «La société civile nous a saisis par rapport à sa proposition mais nous rappelons seulement que le rôle de la société civile, ce n’est pas de faire des propositions. Il appartient à ces deux principaux pôles (majorité et opposition) qui sont également les deux principaux acteurs en cas de compétition électorale de proposer. La société civile qui est représentée par des personnalités respectables qui ont toujours joué un rôle important dans le processus électoral doit rester dans sa mission d’observateur et de facilitateur».
La majorité vote pour un dialogue inclusif, avec les 3 pôles
Interpellé hier, lundi 20 mai, par Sud Quotidien, Cheikh Sarr, un des plénipotentiaires de la majorité à ces concertations ne semble pas partager le même point de vue, surtout en ce qui concerne la présence du groupe des partis non-alignés à la table de concertation. Aussi dira-t-il : «cette question des acteurs importe peu et l’essentiel pour nous, c’est que ce dialogue se fasse avec tous les acteurs». «Cela ne nous gène pas de travailler avec les gens du groupe des non-alignés. Nous considérons que chacun a le droit de dire qu’il n’est pas membre de l’opposition et du pouvoir. En plus, cela fait maintenant quelques années que je suis dans la délégation de la majorité aux concertations sur le processus électoral ou revue du code électoral, on a toujours travaillé avec ces trois entités (opposition-pouvoir et non-alignés). Je crois qu’il faudrait à un moment donné qu’on arrête de s’ériger en donneur de leçons. L’essentiel pour nous, c’est que ce dialogue se fasse avec tous les acteurs afin que nous puissions aller vers les consensus fort et que personne ne soit laissé en marge», a fait savoir le responsable de l’Alliance pour la République, le parti au pouvoir, tout en précisant que l’opposition a simplement donné son opinion.
Le profil intellectuel et moral du «boss» de la Commission, seul point de convergence
Par ailleurs, soulignant que la majorité «avait décidé de ne pas faire des propositions pour ne pas gêner», il a assuré que c’est en ce jour qu’ils vont se retrouver pour arrêter leur liste de personnalités pour la future commission cellulaire. Toutefois, il a précisé à ce niveau qu’ils (la majorité) ne font pas de fixation sur les personnes. «On n’a pas de délai et on ne fait pas non plus de fixation sur les personnes ou sur le timing. L’enjeu pour nous, c’est que ceux qui seront désignés pour diriger ces concertations soient des Sénégalais bien outillés sur les questions électorales et qui ont la volonté de faire avancer les choses car la démocratie sénégalaise a déjà fait ses preuves et nous pensons que nous devons juste nous inscrire dans la voie de son amélioration car comme toute autre œuvre humaine, elle a besoin d’être améliorée».
Du côté de l’opposition, on semble également naviguer dans la même direction sur cette question de ou des personnalités devant piloter le dialogue. «Nous avons dégagé les profils du futur responsable de la Commission cellulaire et de ses collaborateurs. Nous avons dit qu’ils doivent être des gens avec une grande probité morale qui ne dépend pas du pouvoir sur quoi que ce soit. Ces personnalités, on peut les trouver dans l’armée, la magistrature et les Universités. Aucun nom n’a été mis sur la table, nous avons juste mis sur pied une commission très restreinte et qui est en train de travailler sur cette question. Le moment, venu, nous divulguerons par voie de communiqué de presse les noms des personnes choisies», a affirmé en fin de compte Moctar Sourang.
Seneplus
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