«CE DEBUT DE SAISON DES PLUIES EST SOURCE D’INQUIETUDES ET DE QUESTIONNEMENTS»

Le monde rural en détresse : Sidy Ba, Secrétaire général du Cadre de Concertation de Producteurs d’Arachide (CCPA) et chargé de Communication et Porte Parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux du Sénégal (CNCR) sonne l’alerte

Le monde rural en détresse : Sidy Ba, Secrétaire général du Cadre de Concertation de Producteurs d’Arachide (CCPA) et chargé de Communication et Porte Parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux du Sénégal (CNCR) sonne l’alerte après ces 24 jours de pause pluviométrique. Un drame se joue en sourdine et va se prolonger par «une longue période de soudure». D’où son appel à des mesures urgentes, mais aussi aux prières pour que le Ciel ouvre ses vannes «au moins jusqu’en octobre».

Alerte sur la situation dans le monde rural ! la rareté ou la non fréquence des pluies durant cette période hivernale ne reste pas sans conséquences fâcheuses pour le Sénégal. «Ce début de saison des pluies qui peine à prendre ses marques est source d’inquiétudes et de questionnements pour les producteurs agricoles que nous sommes», alerte Sidy Ba, Secrétaire général du Cadre de Concertation de Producteurs d’Arachide (CCPA) et chargé de Communication et Porte parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux du Sénégal (CNCR).

«On va connaître cette année une longue période de soudure»

Dans quasiment tout le pays, les ruraux sont dans le qui-vive. les paysans sénégalais attendaient la pluie, elle se fait désirer. A leur grand dam ! «on devrait normalement recevoir des pluies abondantes pour pouvoir récolter. mais de plus en plus, de fréquents déficits de la pluviométrie sont observés», constate Sidy Ba. or, souligne-t-il : «les variations de la pluviométrie entraînent une modification de la productivité des différentes cultures». Pis, dit-il : «l’observation des tendances de la pluviométrie et des rendements des cultures pluviales atteste que les années de mauvaise pluviométrie se traduisent généralement par une baisse de productivité. Ainsi les rendements des cultures non irriguées comme l’arachide, le mil/sorgho, le maïs et le coton pâtissent beaucoup des fluctuations de la pluviométrie». Comme c’est d’ailleurs le cas cette année.

«Ce manque de pluies rime toujours avec détresse pour ceux qui tirent leurs revenus des cultures sous pluie»

«Il y a une pluie qui est tombée le 1er juillet et depuis la pluie n’est pas retombée. Cela a occasionné des reculs sur la culture des céréales surtout pour le mil et le maïs et si les pluies demeurent absentes, ces plantes ne vont pas arriver à maturité au moment opportun. Je prends l’exemple du mil et du maïs qui n’arriveront pas à maturité mi-août début septembre et la mi-août, c’est une période assez délicate, assez compliqué pour le monde rural», se désole-t-il, redoutant le pire dans un futur très proche : «on va connaître cette année une longue période de soudure qui arrive précocement. Avec ce retard de la pluviométrie les récoltes en vert du maïs, du niébé et de l’arachide ne se feront pas aux dates habituelles c’est à dire la troisième décade du mois d’août. Elles permettaient aux exploitations familiales de disposer de ressources monétaires assez importants pour passer sans grandes difficultés la période de soudure». Pis, ajoute-t-il «une bonne partie des greniers est vide. Cela va être difficile d’assurer cette période qui s’avère un peu longue. Donc, ce manque de pluies rime toujours avec détresse pour ceux qui tirent leurs revenus des cultures sous pluie».

«Le tapis herbacé est quasi inexistant, le bétail n’a plus rien à manger»

le constat est donc là sans appel : «les semis sont tardifs dans presque la moitié du pays. Pis, il y a beaucoup de re semis pour le mil et même pour l’arachide dans certaines zones du pays avec cette pause de 24 jours sans pluie. C’est des pertes d’argent pour les efforts consentis par les exploitations familiales pour l’achat des semences d’arachides et du mil issu des récoltes de l’année précédente. Une perte de temps et d’efforts physiques fournis pour les opérations de sarclo binage appelées dans notre jargon de producteur agricole ‘Radou’ et ‘Tekhe’». Et il n’y a pas que les cultivateurs qui en pâtissent. les pasteurs aussi sont dans le desarroi. «le tapis herbacé pour bétail est quasi inexistant à cause de ce retard des pluies. le bétail n’a plus rien à manger parce c’est les foins qui servent d’aliments de bétail et qui sont rares présentement. Donc on prend les racines et les feuilles des arbres pour en faire de l’aliment de bétail. le cheptel est très éprouvé surtout les gros ruminants, vaches et chevaux et dans une moindre mesure, les ovins et les caprins. les animaux de trait (chevaux et ânes), également, sont très éprouvés par cette longue saison sèche», note-t-il. Sidy Ba relève aussi que cela a comme conséquences, des «transhumants (qui) vont beaucoup plus loin pour chercher des pâturages». Il souligne qu’«ils dépassent Koumpentoum et Koussanar dans la région de Tamba pour aller vers Vélingara voire Kolda avec un risque élevé de conflits entre éleveurs et agriculteurs».

«Il faut s’orienter vers les spéculations à cycle court et prier pour que le ciel ouvre ses vannes jusqu’en octobre au moins»

Il estime que «si les pluies tombent avec régularité, le tapis herbacé peut rapidement reverdir et les petits ruminants pourront vite tirer leur épingle du jeu, le gros bétail deux à trois semaines après». y a-t-il un moyen de rattraper le coup face à cette situation qui s’annonce désastreuse ? Sidy Ba pense qu’«il faut s’orienter vers les spéculations à cycle court arachide, niébé, sorgho et sésame et en bons croyants prier pour que le ciel ouvre ses vannes jusqu’en octobre au moins». Pour Sidy Ba, il demeure impératif de voir les aléas qui se posent et voir comment les parer pour ne plus dépendre de la saison hivernale. Parce qu’on peut faire recours à l’eau des pluies mais aussi à l’eau des surfaces, l’eau souterraine et des pluies artificielles. Si on veut un Sénégal qui émerge avec une agriculture en bonne santé, il faut une bonne politique de maitrise de l’eau.

Seneplus

 

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