SORTIR DU POTENTIEL POUR LE RÉEL
Oui l’Afrique a un potentiel énorme – Comment transformer ce continent pour le développer dans une logique qui lui soit propre ? Comment repenser la notion même de développement ?
( Berlin) –Cette troisième et dernière journée du Forum de Saint-Louis prolonge la conversation sur le type de développement qui pourrait convenir à ce continent au potentiel incommensurable.
Oui, le potentiel est énorme. Le PIB de l’Afrique avec son milliard d’habitants qui tourne autour de $2 trillons, dans 30 ans sera multiplié par 15 pour atteindre $30 trillions. A elle seule, elle possède un tiers des ressources naturelles de la planète. Ces 10 dernières années, 6 des économies à la croissance la plus rapide étaient africaines.
Les facteurs qui supportent cet immense potentiel sont de 5 ordres.
La démographie d’abord. En 2050 un humain sur 5 sera Africain. L’âge moyen sur le continent est de 18.6. Que de jeunes pour booster l’économie mais aussi les idées et la pensée. En 2040, l’Afrique comptera la plus large population adulte active dans le monde.
La gouvernance ensuite. Les pas de tortue restent des pas quand même. Il y a 20 ans, seulement 7 pays organisaient régulièrement des élections démocratiques. Aujourd’hui, il y en a 2 sur 3.
Deux autres facteurs, l’urbanisation et la technologie. 40% d’Africains vivent dans les villes aujourd’hui. En 2050, ils seront 60%. Entre 2000 et 2011, l’utilisation d’Internet a augmenté sur le continent de 2527%. Aujourd’hui l’Afrique compte 120 millions d’internautes.
Cinquième élément qui porte la croissance en Afrique, le commerce. Un indicateur particulièrement marquant. Il y a 22 ans, les 4 BRICs, Brésil, Russie, Inde et Chine comptaient pour seulement 1% du commerce africain. Aujourd’hui, ils en sont à 22% et en 2030, ils en seront à 50%.
Oui, le potentiel est énorme. L’Afrique va t-elle pour autant se développer ? C’est la grande interrogation de cette dernière journée du Forum de Saint-Louis à Berlin. Les acteurs présents sont tous des optimistes et c’est cela qui explique leur infatigable engagement au quotidien. Mais tous comprennent que le processus de développement passe par une décolonisation des esprits, de la pensée. Il passe par une sortie de la posture de victime pour emprunter celle d’un acteur en charge et seul responsable de son propre destin. Il passe par une réappropriation de soi qui mène à une ouverture à l’autre pour un nouveau vivre ensemble avec moins d’inégalités, moins de préjugés, moins d’antagonisme.
La route est encore longue mais le Forum considère que « l’urgence décoloniale trace son chemin dans la pensée contemporaine africaine ». Comment achever sous toutes ses formes cette décolonialité ? La question est ouverte, elle reste ouverte, et chacun par son engagement apportera une parcelle de réponse.
SenePlus.
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