Fronde au sein de la grande loge maçonnique du Sénégal
Mis en quarantaine voire suspendus, des frondeurs demandent l’arbitrage du Grand-Orient de France
Considérée comme l’organisation d’influence et de solidarité la plus discrète et la plus effacée dans notre pays — la plus puissante et efficace aussi ! —, la Grande loge nationale du Sénégal (Glns) traverse une crise sans précédent. Pour avoir bravé l’autorité maçonnique du Grand maitre, des frondeurs au nombre de 26 ont été mis en quarantaine et, parmi eux, deux membres gradés suspendus. Informé, le Grand maître du Grand Orient de France, Charles Chaltère, s’apprête à venir toutes affaires cessantes à Dakar pour jouer les bons offices. Et éteindre le feu. « Le Témoin » quotidien révèle…
Rien ne va plus au sein de la Grande loge nationale du Sénégal (Glns), une filiale du Grand Orient de France (Godf), lui-même considéré comme la plus ancienne obédience maçonnique française et la plus importante d’Europe continentale. Discrète et influente, mais présentée par ses membres comme un instrument de paix et de développement économique très efficace de notre pays, la Grande loge maçonnique du Sénégal traverse depuis quelque trois mois une profonde crise d’autorité. Aux origines, des francs-maçons et membres de la Grande loge sénégalaise accusent leur grand maitre C. Nzalé d’avoir pris des décisions unilatérales et autres mesures de gestion clanique qui ne font pas l’unanimité. A défaut de faire reculer le Grand maître dans ses méthodes autoritaires de management, des voix se sont fait entendre au cours de plusieurs réunions. Ainsi, nous souffle-t-on, le Grand-Maître nomme et responsabilise des membres selon son bon plaisir. De même, il vire ou suspend les « frères » selon ses humeurs et son bon plaisir. Sous son pouvoir, le seul critère de promotion, du moins d’après les frondeurs, c’est d’être entièrement dévoué au Grand-Maître du Sénégal. Plus grave, la plupart des nouveaux gradés n’ont souvent que quelques années seulement de maçonnerie.
Cette crise maçonnique impacte-t-elle notre économie ?
Face à la méthode de management du Grand maître C. Nzalé, vingt-six membres gradés se sont rebellés. En guise de sanction, les frondeurs les plus récalcitrants, à savoir les nommés C. Dièye et A. Sadio, ont été mis en quarantaine avant que leurs avantages matériels et spirituels soient suspendus. Attention, précisent nos interlocuteurs, il ne s’agit ni d’une bataille déclarée ni d’une guerre ouverte entre francs-maçons sénégalais, mais, plutôt, d’une contestation de l’autorité maçonnique du toutpuissant C. Nzalé.
Informé de la situation, nous renseigne-t-on, le Grand maître du Grand Orient de France, Charles Chaltère, aurait décidé de venir toutes affaires cessantes à Dakar pour éteindre la crise au sein de la puissante filiale sénégalaise de l’Ordre. Le Grand maître compte jouer les bons offices et régler cette crise dont on dit qu’elle impacterait négativement — mais de manière indirecte — notre économie. Qu’on le veuille ou non, au Sénégal comme dans tous les pays du monde, les francs-maçons sont de véritables moteurs de développement économique et social. S’ils ne sont pas de très grands décideurs politiques. Au Sénégal, ils font partie des élites de notre pays et occupent des postes stratégiques dans tous les domaines. Coté business, les hommes d’affaires maçonniques usent de leur carnet d’adresses pour faire venir de grands investisseurs étrangers issus de différentes loges et obédiences maçonniques du monde. Donc forcément, une crise maçonnique au Sénégal peut se faire ressentir au sein de l’économie. Et surtout au niveau des couches les plus démunies compte tenu des nombreux dons et aides (nature et espèces) que les loges font circuler dans leurs canaux de solidarité.
De nature très discrets, les « maçons » entretiennent des espaces de sociabilité sélectifs, faits de rencontres et de convivialité, d’échanges et d’entraide. Donc contrairement aux idées répandues aux débats tabous, la franc-maçonnerie n’est rien d’autre qu’une nébuleuse et mystérieuse et très puissante « religion » d’influence et de solidarité sans commune mesure. Une religion d’affaires ! En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que la Grande loge maçonnique du Sénégal, bien que méconnue de la plupart de nos compatriotes, situe la paix et la stabilité politique au centre de ses aspirations.
Forte de ses variations considérables, la Grande loge maçonnique du Sénégal joue souterrainement un rôle de médiateur dans certaines crises politiques et diplomatiques en s’appuyant sur des grands obédiences qui font et refont le monde. Touchons du bois ! Car le Sénégal a été jusque-là épargné d’un chaos politique nécessitant l’intervention de la puissance maçonnique. Dans tous les cas, pour ce coup-ci, c’est-à-dire cette crise interne qui perturbe le bon fonctionnement de la Grande loge nationale du Sénégal, les frondeurs sollicitent l’intervention voire l’arbitrage du Grand Orient afin de sauver localement le « triangle » de la paix, de l’influence et de la solidarité.
Le Temoin
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